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FRIED (ou FRIDT) Jean Jacques

Médecin-accoucheur, premier maître des sages-femmes, (Pl) (★ Strasbourg 20.4.1689 † Strasbourg 3.9.1769).

Fils de Jean Ulric Fried, premier secrétaire de la chambre des XV, et de Marguerite Dietrich. ∞ 24.8.1718 à Strasbourg Euphrosine Sophie Steinheil, (Pl) († 16.5.1770), fille de Georges Albert Steinheil, jurisconsulte et syndic du directoire de la noblesse de Basse-Alsace, et de Dorothée Ursule Otto. 14 enfants. Études médicales à Strasbourg, terminées par une dissertation de licence : De cordis palpitatione (Strasbourg, 4 décembre 1710). Au printemps de l’année 1711, Fried entreprit un périple de formation post-universitaire en Allemagne, en Hollande, notamment à Leyde, et dans les Pays-Bas espagnols. Il séjourna pendant deux ans à Paris, où il reçut par dérogation exceptionnelle, l’autorisation royale grâce à la recommandation du préteur J.-B. de Klinglin ©, de s’initier à l’obstétrique à l’office des accouchées de l’Hôtel-Dieu durant trois mois. Destiné exclusivement à la formation des sages-femmes et placé sous la direction d’une matrone en chef, ce service était strictement fermé aux médecins et aux étudiants pendant l’Ancien Régime ; dans les cas particuliers seuls, il était fait appel aux chirurgiens. À son retour à Strasbourg, Fried fut reçu docteur le 26 juillet 1714. Installé comme praticien, il ne tarda pas à acquérir une notoriété comme accoucheur et fut intégré au jury chargé de l’examen des sages-femmes par les préposés (Oberammenherren). C’est en cette qualité et à la requête de ces derniers qu’il établit un projet de réforme en vue de l’amélioration de l’art des accouchements à Strasbourg et d’une formation plus approfondie des sages-femmes dans l’intérêt du bien public (26 août 1727). Après approbation du rapport par les autorités, Fried fut nommé accoucheur de la ville, puis maître des sages-femmes (Hebammenmeister). Une École des sages-femmes fut alors créée à l’hôpital civil et une ordonnance fut promulguée le 13 mars 1728, règlementant les fonctions du maître des sages-femmes et l’exercice professionnel (Ordnung des Heb-Ammen-Meisters und sämtlicher Heb-Ammen der Stadt Strassburg). Pour bien saisir l’importance du rôle de Fried, il faut insister sur une priorité essentielle en Europe, requise dès 1727, avec l’autorisation de former des remplaçants ou des successeurs, en ouvrant l’accès de l’École des sages-femmes aux étudiants en médecine et aux élèves en chirurgie avec un enseignement clinique, pratique, au lit des parturientes. L’ordonnance de 1720 apporta le complément anatomo-clinique avec la recherche des causes en cas de décès. Avec la mainmise sur un service de l’hôpital civil — municipal — et un enseignement dispensé par un personnage qui n’appartenait pas à l’Université, on n’en assistait pas moins à l’engagement d’un Magistrat éclairé. Grâce au talent de Fried et à sa compétence, l’École de Strasbourg connut rapidement un rayonnement européen. Si Fried lui-même n’a pas publié d’ouvrage, il reste, durant les quarante années de pratique, l’un des principaux artisans de la gloire de l’ancienne faculté de Médecine de Strasbourg, à laquelle il n’appartenait pas en titre…

Archives municipales de Strasbourg, registres paroissiaux du Temple-Neuf, N 223, f° 57a n° 281 ; M 113, f° 308a, n° 29 ; D 181, f° 426 n° 756 et f° 454 n° 784  F. Wieger, Geschichte der Medicin und ihrer Lehranstalten in Strassburg vom Jahre 1497 bis zum Jahre 1872, Strassburg, 1885, p. 100-103 ; J. Klein, Johann Jacob Fried und Georg Albrecht Fried, der Arzney-Gelahrtheit Doctoren und Geburtshetfern der Stadt Strassburg, Strassburg, 1889 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. I, 1909, p. 529-530 ; H. W. Freund et J. Klein, Die Geschichte der Strassburger Hebammenschute, Strassburg, 1912 ; Dictionnaire de biographie française, XIV, 1979, 1289-1290 ; Neue Deutsche Biographie, V, 1961, p. 442 ; J.-P. Lefftz, L’art des accouchements à Strasbourg et son rayonnement européen de la Renaissance au siècle des lumières, Strasbourg, 1985 (portrait).

Théodore Vetter (1988)