Maire de Colmar, (C) (★ Colmar 26.3.1837 † Colmar 16.1.1903). Neveu de Joseph Fleurent © et fils de Jean-Baptiste Fleurent, fabricant de cierges, et de Victoire Heinrich. ∞ Iphigénie Rudolf (★ Battenheim 21.9.1854 † Colmar 21.7.1934), fille de Jean-Baptiste Rudolf, propriétaire et exploitant agricole à Battenheim et d’Anne-Marie Stackler. Études au collège de Colmar puis à la faculté de Droit de Strasbourg. Ayant obtenu sa licence le 20 août 1858, Fleurent fut reçu avocat stagiaire le 22.12.1858 à la Cour d’appel de Colmar, où il plaida durant une vingtaine d’années. Le 30 octobre 1869, il entra au conseil municipal de Colmar et y resta après l’Annexion, bien que profondément francophile. En revanche, il réagit vivement à la destitution du maire Hercule de Peyerimhoff ©, contraint de céder son siège à un commissaire allemand, et envoya sa lettre de démission du conseil municipal le 24 janvier 1877. Lors de la réorganisation en 1879 de la Cour d’appel, où il lui fut désormais interdit de plaider en français, Fleurent abandonna définitivement le barreau pour vivre en rentier. Il devint alors l’une des figures de proue du parti catholique local, et revint au conseil municipal à la faveur des élections de juillet 1886. Par ailleurs, deux ans plus tard, il fut élu à la Délégation de Strasbourg (Landesausschuss) en qualité de représentant colmarien du Centre alsacien-lorrain. En 1890, Fleurent devint également président du conseil de fabrique de la paroisse Saint-Martin, qui était alors toujours l’unique —et de ce fait la très vaste- paroisse catholique de Colmar. Son grand souci de la conservation et de la mise en valeur du patrimoine historique de la ville le désigna aussi parmi les meneurs de la société Schongauer, qu’il présida de 1896 jusqu’à sa mort. Bibliophile de renom, il laissa une importante collection d’alsatiques. Le 24 juin 1896, il succéda à Camille Schlumberger ©, démissionnaire pour raisons de santé, comme maire de Colmar. Son mandat, de courte durée, lui permit surtout de hâter la réalisation de deux projets auxquels il se consacrait depuis plusieurs années: d’une part la restauration de l’ancienne église des Dominicains qui, après avoir connu diverses affectations profanes au cours du XIXe siècle, fut rendue au culte en 1894 et consacrée officiellement en 1898; d’autre part, la création d’une deuxième paroisse catholique colmarienne avec la construction de l’église Saint-Joseph, dont la première pierre fut posée en 1896 et qui fut consacrée en 1900. Sa fonction de maire permit encore à Fleurent de présider, outre la Société Schongauer, le conseil d’administration de la Caisse d’épargne de Colmar. Mais au début du mois de décembre 1898, il invoqua des raisons de santé pour présenter sa démission, à la fois de maire et de membre de la Délégation d’Alsace-Lorraine. À cette occasion, la presse locale se fit l’écho de la rumeur qui voyait aussi dans ce geste la réaction désabusée d’un homme qui, «animé des meilleures intentions, consciencieux, esclave de son devoir, peut-être même trop scrupuleux dans la préparation des projets…, souffrait de se voir exposé à des critiques souvent malveillantes». Fleurent retourna alors à sa vie de rentier et donna libre cours à ses préoccupations culturelles. Ses sympathies politiques transparaissent dans son étude Berryer à Colmar, parue à Rixheim en 1901, évoquant la figure du célèbre avocat et député légitimiste. Par ailleurs, deux articles parus dans le Bulletin de la Société Schongauer de 1893-1903, «Der Isenheimer Altar» et «Peintres et dessinateurs à Colmar pendant le XIXe siècle», témoignent de son souci de rendre au patrimoine artistique local la place de choix qui lui revient. Monument funéraire au cimetière du Ladhof à Colmar.
Archives municipales de Colmar EC, et 0010, 1 et 4; J.-B. Fleurent (1837-1903), s.d. (discours aux obsèques); «Chronique et bibliographie d’Alsace-Lorraine», FIAI, 1903, p.28; E. Heitz, Deux registres de délibérations du Barreau de Colmar, 1712-1870, Colmar, 1932, p.282-283; J.-M. Schmitt, «Portraits colmariens: Jean-Baptiste Fleurent (1837-1903)», Mémoire colmarienne, n°8, mars 1982, p.7-9. Portrait: héliographie par Dujardin, Bibliothèque municipale de Colmar.
Jean-Marie Schmitt (1988)