Skip to main content

FLACH

Famille subsistante de l’ancienne bourgeoisie de Strasbourg (Pl et C). Originaire du Val de Villé où elle apparaît au début du XVIe siècle, elle se fixa d’abord à Sélestat puis à Strasbourg où elle produisit des juristes, médecins, artisans et marchands liés au commerce du vin et de la bière, également des membres du Magistrat et un adjoint au maire. Elle posséda quelque temps au XVIIe siècle l’Oberschlössel de Schiltigheim et au XVIIIe siècle le domaine hérité des Leitersperger ©, baptisé Flachenbourg où Goethe fut reçu et démoli en 1936. Un de ses rejetons, le juriste Jean Frédéric Flach, devint conseiller de la couronne de Suède au XVIIIe siècle, prétendit rattacher sa famille aux Flach de Schwarzenberg © et fit souche à Stockholm.
Archives départementales du Bas-Rhin, 55, J, 2, fonds Muller, dossier Flach.

1. David Auguste

Négociant, (Pl) (★ Strasbourg 10.3.1840 † Marseille 20.7.1906). Fils de Jean Jacques Flach (★ Ittenheim), brasseur à Strasbourg et de Marie Anne Zeyssolff, de Gertwiller. ∞ 24.3.1868 à Strasbourg Odile Pick, de Strasbourg. Deux filles. Entré vers 1859 au service de la maison marseillaise et lyonnaise Arles, Dufour et Cie, il se voua aux affaires et négocia en particulier l’achat de soies du Japon, des blés de Syrie et de Russie. En 1885, il fut co-fondateur et directeur de la maison Chabrières, Morel et Cie à Marseille. Il fut aussi membre de la Chambre de Commerce de Marseille, président de la Société pour la défense du commerce de Marseille, etc…
Archives municipales de Strasbourg, Généalogies Raeuber; état-civil de Marseille; Bibliothèque municipale de Strasbourg, Epicedia Reuss 74.

2. Geoffroy Jacques

Historien du droit, (Pl) (★ Strasbourg 16.2.1846 † Paris 4.12.1919). Frère d’Auguste Flach ©. ∞ 4.10.1876 à Paris Marie Juliette Carlhian; 4 enfants. Flach se disait descendant de Sigismund Flach ©, mais cette parenté est peu probable. Après des études au lycée et à la faculté de Droit de Strasbourg, Flach venait de s’inscrire au barreau et de publier sa thèse sur Les subrogations réelles, lorsqu’éclata la guerre de 1870. Il avait aussi exercé quelques activités politiques, dans l’opposition libérale, en soutenant le candidat Édouard Laboulaye contre le candidat officiel (1866). Il se trouvait à Strasbourg pendant le siège et fit partie de la commission municipale chargée d’enquêter sur les ravages du siège, dont il rédigea et publia en 1872 le rapport circonstancié. Il s’occupa aussi de la répartition des secours et de la reconstitution de la Bibliothèque. En septembre 1872 pourtant, il opta pour la France et vint s’établir à Paris comme avocat. Assez vite il devait délaisser le barreau pour l’enseignement. Il avait repris ses études et suivi des cours à l’École des Chartes. À partir de 1877, il donna à l’École des Sciences politiques un cours de législation comparée. Dès 1879 il professa également l’histoire des législations au Collège de France où il succéda en 1884 à Laboulaye comme professeur titulaire. Il fut également, de 1872 à 1884, secrétaire de la Revue d’histoire du droit français et étranger, et fut élu en 1912 membre de l’Académie des sciences morales et politiques. L’œuvre scientifique de Flach est très vaste, abordant des sujets aussi variés que la France médiévale, le code d’Hammourabi, la littérature russe (Pouchkine) et la législation comparée de nombreux pays. Cependant, selon Flach lui-même «le pivot de mon activité scientifique… est la conception que je me suis faite de l’histoire du droit comme de la maîtresse branche de l’histoire sociale». Son livre majeur Les origines de l’ancienne France est paru en quatre tomes de 1886 à 1913. Flach y brosse successivement le tableau de l’anarchie féodale des Xe-XIe siècles et de la désagrégation des anciennes institutions tant romaines que germaniques, puis la mise en place d’institutions féodales nouvelles, l’émancipation communale et la remontée de la monarchie assurant l’unité française. Très vivant et nourri d’une documentation très étendue, le livre de Flach a gardé une grande partie de sa valeur, même si les recherches postérieures conduisent à nuancer ses conclusions et à prêter plus d’attention aux variations régionales. On doit savoir gré au juriste Flach d’avoir pris ses distances à l’égard des textes normatifs pour s’attacher aux documents de la pratique. On retiendra aussi sa critique sur les entraves apportées à la recherche par un système universitaire trop rigide. Flach s’est risqué hors du domaine universitaire en publiant un recueil de ballades: Le chevalier de Rosemont, qui fut illustré par Ch. Spindler. Il fut également un estimable peintre paysagiste amateur.
Flach nourrissait à l’égard de l’Allemagne une profonde animosité, tout en admirant l’efficacité germanique en particulier dans le domaine de la recherche. Il s’est souvent attaché à faire connaître à ses compatriotes le monde germanophone. Il a notamment collaboré à la traduction française du code du commerce allemand. Le spécialiste du droit comparé trouvait là son compte autant que l’Alsacien auquel on doit plusieurs études spécialement dédiées à sa province d’origine. La guerre de 1914 l’amena à mettre sa plume au service de la revanche sous forme d’articles parus surtout dans la Revue des Deux Mondes, et repris en forme de brochures; dans Les affinités françaises de l’Alsace avant Louis XIV. L’iniquité de sa séparation de la France, Flach soulignait la persistance d’une influence française en Lotharingie et les indices d’une pénétration de l’esprit français en Alsace depuis le Moyen Âge. Dans La Formation de l’esprit allemand, il stigmatisait les incendiaires de 1870. Ces ouvrages se ressentent de l’esprit du temps ; à partir de faits réels, l’auteur y pratique des raccourcis et des simplifications qu’un lecteur de bonne foi ne pourrait plus guère reprendre à son compte. En 1911, Flach avait perdu son fils Marcel, mort accidentellement au service militaire. Lui-même mourut avant d’avoir pu rejoindre l’Alsace libérée. En souvenir de son fils, il avait constitué une fondation, destinée à décerner un prix à l’auteur d’un «travail original, imprimé ou manuscrit, consacré à l’histoire de l’Alsace avant 1648». La fondation fut financée par la vente de la bibliothèque de Flach et par les libéralités de sa veuve. Le prix, quadriennal, est toujours décerné par l’Académie des sciences morales et politiques. Une plaque fut apposée en souvenir de Flach, le 10 juin 1926, au premier étage du Palais universitaire de Strasbourg. Elle semble avoir disparu en 1940.
Flach a dressé lui-même la liste de ses travaux parus avant 1911, Librairie de la Société du Recueil Sirey, 1911 (Bibliothèque municipale de Strasbourg, Epicedia Reuss 83); Rapport à M. le Maire sur les travaux du Comité de secours strasbourgeois pour les victimes du siège du 2 octobre au 5 novembre 1870, Strasbourg, 1870; Strasbourg après le bombardement, 2 août 1870 – 30 septembre 1872. Rapport sur les travaux du comité de secours strasbourgeois pour les victimes du bombardement, Strasbourg, 1873 (existe également en version allemande); L’option des Alsaciens-Lorrains au point de vue du droit international, 1876 (inédit?); Code de commerce allemand et loi allemande sur le change, traduits et annotés par P. Gide, Ch. Lyon-Caen, J. Flach et Ch. Dietz, Paris, 1881; Le divorce en Alsace-Lorraine, 1882 (inédit?); Le vrai dans l’histoire et dans l’art – Une société littéraire à Strasbourg, Amiens, 1889; Le chevalier de Rosemont, ballades de mai, Strasbourg, 1904; Le droit de la Force et la force du Droit, Paris, 1915; Les affinités françaises de l’Alsace avant Louis XIV. L’Iniquité de sa séparation de la France, Paris, 1915; Essai sur la formation de l’esprit allemand, Paris 1916; «La question de l’Alsace-Lorraine et les sentiments des Alsaciens-Lorrains», Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, décembre 1917.
Archives municipales de Strasbourg, Généalogies Raeuber; Bibliothèque municipale de Strasbourg Epicedia Reuss; Ch. Bemont, «Jacques Flach», Revue historique, 1920, p.185; P. André, «Jacques Flach», Académie des Sciences morales et politiques, séance du 10 décembre 1921 avec portrait); Dictionnaire de biographie française, XIII, 1975, 1428.

Jean-Yves Mariotte (1988)