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FICKER Johannes

Professeur de théologie, historien du protestantisme, archéologue et liturgiste, (Pl) (★ Leipzig 12.11.1861 † Halle/Saale 19.6.1944). Fils de Julius Gustav Ficker, pasteur, et de Fanny Auguste Jacoby. ∞ 4.8.1891 à Wiesbaden Emilia von Born (★ Essen 3.11.1866), fille du Gewerke (co-exploitant de mines) Wilhelm v. Born, originaire de la région de Halle. Le fait d’être borgne n’empêcha pas Ficker de faire, après ses classes au Nicolai-Gymnasium de Leipzig, des études de théologie et d’histoire de l’art (chez Anton Springer) au Prediger-Seminar Sankt Pauli (1884-1886) et à l’Université de cette ville. Boursier du Deutsches archäologisches Institut à Rome (1886-1889), il compléta sa formation archéologique par des voyages en Italie, en Espagne et en Afrique du Nord. D’abord Privatdocent à l’Université de Halle (1890-1892), il devint en 1892 professeur extraordinaire (puis en 1900 ordinaire) d’histoire de l’Église à la faculté de Théologie protestante de Strasbourg, ville qu’il dut quitter le 22 novembre 1918, en y laissant la grande villa qu’il s’était fait construire en 1908/09 au n°2 de l’actuelle rue Erckmann-Chatrian. Il rejoignit l’Université de Halle, où il avait été appelé dès mai 1917 et où il prit sa retraite en 1929. Excellant dans l’étude scrupuleuse des détails, combinée avec l’art de les placer dans leur cadre d’ensemble, et joignant le souci de l’objectivité historique à la préoccupation de la mission actuelle de l’Église, il savait enthousiasmer ses étudiants pour l’histoire ecclésiastique, tout comme pour l’esthétique liturgique présente, entre autres par ses promenades archéologiques annuelles à travers l’Alsace-Lorraine et le pays de Bade. Il a ainsi marqué toute une génération de pasteurs et joué un rôle important comme conseiller dans la restauration des anciens lieux de culte, ainsi que dans la planification et la décoration des nouveaux temples protestants de la région.
À côté de ses travaux sur l’archéologie chrétienne antique, puis sur le passé protestant de l’Allemagne, sur la diète d’Augsbourg de 1530 et sur l’iconographie des réformateurs, il faut surtout mentionner ses recherches et ses éditions de textes fondamentales pour la connaissance des débuts de la théologie de Luther et de l’exégèse protestante (1908, 1929, 1936/39). Non moins importantes sont ses contributions à l’histoire de l’Alsace. Pour l’archéologie et l’art signalons ses Denkmäler der elsässischen Altertumssammlung, 1907, ses études sur la cathédrale (Das Strassburger Münster, 1925, 1941), en particulier au XVIe/XVIIe siècle (Das Bekenntnis zur Reformation im Strassburger Münster, 1941), son intérêt pour l’illustration des feuillets de confirmation et surtout pour la présentation typographique et décorative des livres de cantiques: Das grösste Prachtwerk des Strassburger Buchdruks, 1941; Druck und Schmuck des neuen evangelischen Gesangbuches; Neuer Druck und Schmuck, 1910; enfin la part qu’il a prise à la publication par Edm. Ungerer © des Elsässische Altertümer, 1911/17; et à l’ameublement du nouveau Haut-Kœnigsbourg. Pour l’histoire du protestantisme alsacien il faut relever ses travaux sur les sources (répertoire du Thesaurus Baumianus, 1905; manuscrits détruits en 1870 de l’ancienne Bibliothèque de Strasbourg, Handschriftliches der alten Strassburger Universitätsbibliothek, 1927), sur la prosopographie des acteurs de la Réforme à Strasbourg, Handschriftenproben des sechzehnten Jahrhunderts nach Strassburger Originalen, publ. avec Otto Winckelmann ©, 1902-1905, sur leurs portraits, Bildnisse der Strassburger Reformatoren, 1914; sur certains d’entre eux, Martin Bucer,1917; Kreuzbüchlein von Graf Sigmund von Hohenlohe, 1912; sur la confession de foi dite Tétrapolitaine, Die verschiedenen Fassungen, 1940; Jakob Sturms Entwurf, 1941; enfin sur les débuts de l’enseignement supérieur à Strasbourg au temps de la Réforme, Erste Lehr- und Lernbücher, 1912; Die Anfänge der akademischen Studien, 1912; et sur l’Université strasbourgeoise pendant la période du Reichsland, Eine elsässische Denkschrift, 1940; Die Kaiser Wilhelms-Universität, 1922.
La majeure partie de sa bibliothèque et de ses papiers se trouve à la Staatliche Lutherhalle à Wittemberg, où ces derniers ont été classés provisoirement en 1976 par le soussigné. La bibliographie de ses écrits jusqu’en 1936 inclus, a été établie par Oscar Thulin, Johannes Ficker. Bibliographie, Berlin, 1936, avec Nachtrag, Berlin, 1937; pour le supplément jusqu’à sa mort, voir E(rnst) Wolf «In memoriam Johannes Ficker», Theologische Literaturzeitung, 69 (1944), col. 189-191.
Sur lui, voir les articles d’Ernst Wolf, dans Die Religion in Geschichte und Gegenwart, 3e éd., t.2, 1958, col.935, de Bopp, Die evang. Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n°1369, et de Konrad von Rabenau, Neue Deutsche Biographie, V, 1961, p.134.
Portraits: buste sculpté par Grete Budde à Halle, et médaille par Joseph Bernhart à Munich, dans Thulin, op. cit. en tête et p.92.

Jean Rott (1988)