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FERRETTE-FLORIMONT Marie Suzanne Xavière de

(★ Florimont 19.4.1735 † Fribourg-en-Brisgau 30.1.1826). Fille de Jean-Jacques de Ferrette, et de Marie Charlotte de Ferrette-Carspach, sœur de Philippe-Xavier (★ 1739 † 1800). Placée à l’abbaye royale de Migette, en Franche-Comté, en 1748, en même temps que sa sœur Charlotte, Xavière de Ferrette fut admise à Masevaux deux ans plus tard et y suivit son noviciat. En 1757, elle obtint une prébende de chanoinesse et fut élue abbesse trois ans plus tard (8 janvier 1760), après avoir reçu une dispense d’âge. Son abbatiat donna lieu à d’importantes réformes portant à la fois sur la vie commune (1779), sur l’organisation intérieure du chapitre (suppression de la mense capitulaire: 1781-1783). Il se traduisit par une francisation profonde: Xavière avait été choisie parce qu’elle était sujette du roi de France, contrairement à la majorité des moniales. À partir de son élection, les procès-verbaux de l’abbaye furent transcrits en français. Une administration temporelle conduite avec plus de rigueur lui permit de lancer une politique de constructions très ambitieuse. Le chœur de l’église abbatiale fut rénové par l’architecte Ritter © en 1771, tandisque le sculpteur Sporer © réalisait une fontaine des anges, dont les vestiges sont conservés à Mulhouse. Les travaux les plus importants furent le fait de l’architecte François-Martin Burger, qui construisit le nouveau pavillon abbatial, entre 1781 et 1785 et de son demi-frère et successeur, Jean-Baptiste Kléber © «inspecteur des bâtiments publics à la charge des villes et des communautés». Ce dernier acheva les maisons canoniales et dessina leurs décors intérieurs. Il aménagea également le parc du château de Florimont, pour le compte du frère de l’abbesse et prépara les plans d’un château de campagne qu’elle envisageait de construire à Lauw (v. 1789). Le chantier de l’abbaye avait mobilisé des sommes considérables – plus de deux cent mille livres – et justifié de lourds emprunts. Le 25 juillet 1789, les paysans de la vallée de Masevaux se rassemblèrent à proximité de la ville, dans l’intention de prendre le chapitre. Ils furent dispersés par la milice bourgeoise mais Xavière de Ferrette se retira à Belfort. La communauté fut dissoute et ses biens furent inventoriés le 20 octobre 1790. L’abbesse quitta définitivement Masevaux, s’installa à Rheinfelden, puis à Sasbach (1798) et enfin à Fribourg en Brisgau (1802). C’est là qu’elle rédigea son testament en 1821.
E. Lintzer, Xavière de Ferrette, dernière abbesse de Masevaux, Rixheim, 1892; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.1, 1909, p.492-493; P. Tresch, Masmünster, seine Abtei, sein Gotteshaüser, Mulhouse, 1938; Fr. Kortike, «Masmünster in den Tagen der grossen Revolution», Jahrbuch der Elsass-Lothringischen Wissenschaftlichen Gesellschaft, 1938; Dictionnaire de biographie française, XIII, 1975, 1114; «Le grand salon de Marie Suzanne Xavière de Ferrette», Maisons d’Alsace, 22, 1980, p.22; E. Martin-Tresch, L’abbaye de Masevaux. Art et architecture dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Strasbourg, 1985; E. Tresch, J.-B. Kléber, architecte (1784-1792), Exposition du Musée d’Unterlinden, Colmar, 1986.

Georges Bischoff (1988)