Animateur social, journaliste et romancier, (P puis C) (★ Berne 5.8.1869 † Compiègne 9.12.1942). Pseudonyme d’Oscar Auguste Fraënzel qui reprit le patronyme de ses ancêtres. Fils d’Oscar Fraënzelet de Rose Berthe Frey. ∞ Marie Louise Caroline Nacfer. Famille d’origine hongroise, établie en Suisse. Elle s’installa en 1877 à Paris, où elle acquit la nationalité française. Ferenzy se convertit au catholicisme en 1894. Il fonda, en 1895, le patronage Saint-Gervais dans le Marais, afin de prendre en charge l’instruction et les loisirs des jeunes gens et des jeunes travailleurs. À partir de 1897, un des premiers cercles d’études de France s’y développa sous l’impulsion de Georges Galmant, qui fut proche du Sillon de Marc Sangnier et l’un des précurseurs de la démocratie chrétienne. Ferenzy retraça l’expérience du patronage Saint-Gervais dans Un patronage entre ciel et terre, 1898, couronné du prix de vertu Montyon de l’Académie française en novembre 1899, et dans Les Œuvres ouvrières du Marais, leurs dix premières années 1895-1905 (1906). Ferenzy collabora au Gaulois (1902) et fut rédacteur en chef du Courrier du Marais (1908). En 1910, il fut candidat malheureux aux élections législatives dans la circonscription de Sceaux, sous l’étiquette de républicain catholique social. Engagé volontaire comme simple soldat en août 1914, il fut démobilisé en avril 1919 comme officier interprète. Durant l’hiver 1916-1917, il fut quelques mois interprète d’état-major à Dannemarie. Quelques semaines après sa démobilisation, Ferenzy s’installa en Alsace. Il y tint une place importante dans la presse catholique de langue française. D’avril 1920 à octobre 1936, il fut le rédacteur en chef de la Voix d’Alsace (Voix d’Alsace et de Lorraine à partir de 1934), un hebdomadaire catholique publié par la Société d’édition de la Basse-Alsace (groupe de l’Elsässer)qu’il parvint à maintenir malgré de graves difficultés financières. De janvier 1924 à octobre 1925, il assura également la rédaction en chef de deux quotidiens catholiques de langue française, le Nouvelliste d’Alsace et le Courrier de Strasbourg, publiés par la Société d’édition de Haute-Alsace (groupe de l’Elsässer Kurier). Il continua ensuite à y publier des articles. Ferenzy défendit un régionalisme modéré qui donnait la priorité aux intérêts religieux. En politique étrangère, il se prononça dès 1920, dans une série d’articles de l’Elsässer de mars à mai, pour une réconciliation avec l’Allemagne. Membre de l’Union populaire républicaine (UPR), il s’efforça de maintenir une voie moyenne entre l’aile nationale et l’aile autonomisante du parti. En octobre 1925, il démissionna de la rédaction du Nouvelliste d’Alsace et du Courrier de Strasbourg pour protester contre l’attitude, jugée trop bienveillante, du groupe de presse de Haute-Alsace dirigé par l’abbé Haegy ©, à l’égard du mouvement de la Zukunft.Face à l’idée d’un front unique des partis alsaciens pour la défense des Heimatrechte, lancée par Georges Wolf en mars 1926 dans la République, Ferenzy affirma la priorité de la défense religieuse dans une étroite solidarité avec les catholiques français de l’intérieur. Il critiqua vivement le manifeste du Heimatbund de juin 1926, en soulignant qu’il risquait de rompre le front des catholiques d’Alsace et de France, et, qu’il n’offrait aucune garantie dans le domaine religieux. Ferenzy se rapprocha alors des catholiques nationaux de l’UPR, mais en restant très modéré dans ses propos et dans ses écrits. Après la scission de l’UPR, en octobre 1928, il fit campagne pour un apaisement, afin de préparer la voie à l’union des catholiques. Il quitta l’UPR sans toutefois adhérer à l’Action populaire nationale d’Alsace (APNA), le parti dissident, et, réaffirma sans cesse la priorité des intérêts religieux. Ferenzy publia plusieurs ouvrages et de nombreux articles pour expliquer à l’opinion française les origines du malaise alsacien dont il notait toute la complexité. En 1927, il publia Les erreurs et lacunes d’une enquête en Alsace en réponse à une série d’articles d’Édouard Helsey © dans le Journal. Surtout, en décembre 1930, il publia La vérité sur l’Alsace, un des ouvrages les plus lucides sur la question alsacienne, afin de combattre les thèses développées par Pierre Fervacque dans le journal Le Temps et dans deux ouvrages, L’Alsace minée et L’Alsace et le Vatican. Fervacque y affirmait que «le cléricalisme germanisant et antinational» était responsable du mouvement autonomiste en Alsace. L’ouvrage de Ferenzy connut un rapide succès et fut réédité. Très préoccupé par la montée de l’antisémitisme en Allemagne, Ferenzy publia en 1935 Les Juifs, et nous chrétiens, où il appelait les catholiques à s’élever contre les persécutions antisémites. Ferenzy quitta l’Alsace fin 1936, à la suite des difficultés financières de la Voix d’Alsace et de Lorraine. Il s’installa à Paris et y créa La juste parole (1938-1940), revue où il lutta contre l’antisémitisme et le matérialisme athée. Il y développa également, avant la lettre, des idées d’œcuménisme. Pendant l’occupation allemande, Ferenzy participa à une filière d’évasion pour les Juifs. Il fut arrêté par les Allemands et mourut au camp de Compiègne. Titulaire de la décoration Pro ecclesia et pontifice (novembre 1938).
À côté des nombreux articles et ouvrages cités, Ferenzy publia: Âmes Fortes, roman, 1906, réédité en 1924; Sur l’Union des Catholiques de France, 1907; Le Pape et la France, 1907; La faute du petit clerc, roman,1917, plusieurs rééditions avec un tirage total de 150.000 exemplaires; L’héritier des Saint-Blaise, roman, 1927; Le secrétaire, roman, 1937.
État-civil de Berne et de Compiègne; Voix d’Alsace, 1920-1936; Elsässer du 28.11.1924; Elsässer Bote du 6.8.1929; Elsässer du 20.11.1931; Papiers Haenggi; Catholicisme, hier, aujourd’hui, demain, IV, col. 1495, «Fraenzel» par J. Morienva; Dictionnaire de biographie française, XIV, 1979, 913; C. Baechler, Le parti catholique alsacien (1890-1939). Du Reichsland à la République jacobine, Strasbourg-Paris, 1982; Encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, 2956-2957.
Christian Baechler (1987)