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FECHER Friedrich

Médailleur strasbourgeois (★ Strasbourg, Saint-Pierre le Jeune, 17.5.1584 † Strasbourg vers 1655/60). Fils de Hermann Fecher († 1596), négociant de Mayence, et de Margaretha, fille de Ruprecht Falck, orfèvre. Hermann Fecher obtint par mariage la bourgeoisie de Strasbourg le 21.12.1579. Sa veuve se remaria en 1597 avec Elias von Hausen, orfèvre, originaire de Wertheim qui acquit la bourgeoisie de Strasbourg le 31 mai 1597. ∞ 29.9.1611 à Strasbourg Sabine Schorer, fille de Ludwig Schorer, négociant à Augsbourg. 8 enfants sont issus de ce mariage dont Jean Baptiste (★ 1.1.1613 † 1678), orfèvre et membre du Sénat. L’affirmation que Fecher se serait inscrit en 1612 à la corporation de l’Échasse n’a pas pu être vérifiée. La première œuvre connue de Fecher est une médaille de 1627 représentant une vue de Strasbourg. Parmi les plus belles réalisations de Fecher signalons: la médaille représentant les armoiries des vingt corporations de Strasbourg (1628), les médailles commémoratives de l’Édit de Restitution (1628/29) et du premier centenaire de la Confession d’Augsbourg (1630), celles gravées en souvenir de la mort de Gustave Adolphe (1632) dont l’une présentant le roi de Suède comme un deuxième Samson brisant les colonnes du temple de Dagon et se laissant ensevelir sous les ruines, celle de la prise de Brisach par Bernard de Saxe-Weimar (1638). Beaucoup de médailles de Fecher sont consacrées à des scènes bibliques: le Christ en Bon Pasteur avec, à l’arrière-plan, l’église de Saint-Thomas et, au revers, les symboles des quatre Évangélistes; Jésus parmi les Enfants avec, au revers, le Baptême du Christ; d’autres, représentant des scènes allégoriques, ont un caractère moralisant: homme capturant un lion avec, au revers, deux bateaux affrontant la tempête et la légende: in adversis constantia; un garçon jouant avec un chien avec, au revers, un escargot portant sa coquille et la légende omnia mecum porto (1630). Fecher travailla à Strasbourg jusqu’en 1638. Peu après il s’établit à Bâle où la première médaille connue est datée de 1641. Les orfèvres bâlois virent en Fecher un sérieux concurrent. Fecher ne s’étant pas affilié à leur corporation, ils obtinrent du Magistrat qu’il lui fût interdit d’exécuter des travaux d’orfèvrerie, interdiction qui ne toucha cependant pas les travaux de médailliste. Pendant son séjour bâlois, Fecher exécuta les fameux Gluckhennentaler, inspirés d’une gravure sur cuivre de Daniel Meisner, des Schulpfennige et des Friedenspfennige, ces derniers consacrés à la signature des traités de Westphalie. Plusieurs médailles représentent des vues de la ville de Bâle et de Zurich, d’autres des scènes bibliques (Suzanne au bain épiée par les deux vieillards; Daniel dans la fosse aux lions); d’autres présentent des portraits de personnalités célèbres (margrave Frédéric V de Bade-Hochberg, Joh. Val. Andreae, Anton Schiess de Herisau à l’âge de 23 ans (1653), d’autres des allégories (Crâne avec branche de rose et la légende Heüt rodt, morn dodt). Fecher travailla à Bâle en collaboration avec Caspar Holzhalb de Zürich qui frappa les médailles que Fecher grava. Avant de retourner à Strasbourg, Fecher exécuta encore pour le compte de la ville de Berne une médaille (5,8 cm de diamètre) commémorant la répression de la révolte des paysans. Elle fut distribuée aux officiers ayant maté la rébellion. Revenu à Strasbourg en 1653, ou peu après, Fecher grava encore entre autres les portraits de ses deux filles: Sabine, habillée en costume français, et Madeleine portant le costume strasbourgeois, et celui de l’orfèvre strasbourgeois Jacob Sandrart (1659). Fecher signa ses œuvres de deux FF entrelacés. Toutes révèlent un grand talent dans le domaine ornemental. Le Musée historique de Bâle en possède aujourd’hui la plus complète collection.
A. Engel, E. Lehr, Numismatique de l’Alsace, Paris, 1887; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, II, 1915, p.326; K. Brun, Schweizerisches Künstlerlexikon, IV. Suppl., 1917, p.145; G.Habich, Die deutschen Schaumünzen des XVI. Jh., 1932, II, n°3142; E. Major, Friedrich Fecher., ein Medailleur des 17. Jh., Historisches Museum Basel, 1942, 13 p.; J. Hatt, Liste des membres du Grand Sénat de Strasbourg, 1963, p.431; Corporations et artisans d’Alsace du moyen âge à la Révolution. Exposition du CIAL 22.11-23.12.1973, p.9, n°3 et page de couverture (reproduction de la médaille aux écussons des vingt corporations); E. Nau, «Johann Valentin Andreaes Münzbecher», Jahrbuch der staatlichen Kunstsammlungen in Baden Württemberg, 16, 1979, p.71 note 24; Encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, p.2923; Die Renaissance im deutschen Südwesten zwischen Reformation und Dreissigjährigen Krieg, 1986, II, p.596 et 932.

François-Joseph Fuchs (1988)