Artiste-peintre, (C) (★ Habsheim 1.6.1819 † Paris 27.2.1901).
Fils de François Joseph Xavier Faller, préposé de l’enregistrement, et de Marie Françoise Joséphine Mertian. ∞ 15.5.1852 à Saint-Louis, Missouri (U.S.A.), Marie Amélie Pauline Longuemare, de Paris (î Paris 28.12.1889). Après des études au collège de La Chapelle-sous-Rougemont puis chez les Jésuites à Fribourg en Suisse qui le renvoyèrent, Faller trouva provisoirement un poste dans l’administration des Ponts et Chaussées. Mais attiré par la peinture il se rendit à Paris vers 1838 où il fréquenta à partir de 1841 l’atelier de Paul Delaroche chez lequel il connut peut-être J.-F. Millet, puis celui d’Eugène Delacroix (1843). Souvent à bout de ressources, Faller bénéficia à Paris de la protection de Mme de l’Espée. Peu après la Révolution de 1848, Faller se rendit aux États-Unis, d’abord à Saint-Louis où il se maria,
puis à New-York où il ouvrit avec succès une école de dessin et de peinture. Après la mort de son père († vers 1858), Faller revint en Alsace et s’établit temporairement à Mulhouse, puis à Ribeauvillé. Ayant hérité d’une maison près d’Orsay dans la vallée de Chevreuse, Faller s’y installa vers 1861 avec son épouse et ses deux enfants. À Orsay, Faller multiplia les études en vue de tableaux proches de l’impressionnisme, pressentant déjà le rôle prépondérant de la lumière. Mais ses tableaux ou furent dédaignés ou furent incompris et Faller ne subsista que grâce à ses protecteurs Dollfus et Koechlin. Il vécut de plus en plus à l’écart de la société quoique sa maison d’Orsay fût quelque temps le rendez-vous d’artistes et d’hommes de lettres (p. ex. Bartholdi ©, Cordier, Jundt, Delaplanche, Taine, etc.). Après 1870, Faller s’établit à Paris où, après la mort de son épouse († Paris 1889), il flotta peu à peu à la dérive, se sentant trahi par des amitiés qui lui étaient chères.
Dégoûté de tout, il mit fin à ses jours dans le logement qu’il occupait 17 rue Jouffroy. Il fut inhumé à Orsay. De caractère difficile, semble-t-il, et de nature hautaine, Faller se sentit toute sa vie incompris par la société de son temps. Aussi participa-t-il relativement à peu d’expositions : Salon des Artistes français (1865-1869), Amis des Arts à Strasbourg (1866 et 1876), Société industrielle de Mulhouse (1876). Une exposition rétrospective d’études et de tableaux fut présentée en décembre 1905 à la galerie Vollard à Paris et la Société industrielle de Mulhouse exposa en 1907 les œuvres de Faller appartenant à son musée. En 1902, une centaine de paysages, marines, dessins et pastels de Faller, adroitement mélangés à des œuvres de Corot, Dupré et Rousseau entre autres, furent vendus aux enchères à l’hôtel Drouot. Peintre savant et complexe, excellent représentant de l’école de Fontainebleau, Faller marqua de sa personnalité l’art français du XIXe s. Il fut un impressionniste avant l’impressionnisme.
Parmi ses nombreuses œuvres citons : Lecture et prière chez les Trappistes d’Oelenberg ; La forêt de Fontainebleau ; Le retour à la chaumière ; La Vallée de Chevreuse (au musée de Mulhouse) ; Promenade dans les bois (musée d’Altkirch) ; Le lac de Hanau (musée de Colmar) ; Maison de paysan (musée de Strasbourg) ; Environs de Thann ; Fin d’été à Orsay ; La Laveuse ; Le Faucheur ; Le Guichet près d’Orsay ; Les Alpes de Savoie ; Le Soir ; Le Sentier dans la forêt ; Coin de Levallois ; Portraits de Mme Faller, de Xavier Mossmann, archiviste de Colmar, et de son épouse.
Revue d’Alsace, 1869, p. 276-277 ; Revue alsacienne illustrée, 8, 1906, p. 121-140 (avec portrait) ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 470-471 ; A. Jehn, Faller (1819-1901), notes sur un peintre de transition, Paris, 1914 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, XI, 1915, p. 235-236 ; R. Metz, Les peintres alsaciens de 1870 à 1914, Thèse, Strasbourg, 1971 ; Dictionnaire de biographie française, XIII, 1975, 532 ; Bénézit, Dictionnaire critique… des peintres, sculpteurs, dessinateurs… Paris, IV, 1976, p. 259 ; Encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, p. 2908 ; François Lotz (en collabor. avec J. Fuchs, L. Kieffer, R. Metz), Artistes-peintres alsaciens de jadis et de naguère 1880-1982, Pfaffenhoffen. 1985, p. 180-183 (éd. dactyl.) ; Bauer-Carpentier, Répertoire des artistes d’Alsace des dix-neuvième et vingtième siècle, Peintres-sculpteurs-graveurs-dessinateurs, Strasbourg, Edit. Oberlin, II, 1985, p. 92.
Monique Fuchs (1987)