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ETTENDORF von

Famille noble (non ministérielle) de Basse-Alsace, apparue avant 1155 avec Eberhard, éteinte en 1408. Les alleux des Ettendorf correspondaient en partie à d’anciennes possessions de l’abbaye de Wissembourg (Lembach, Pfaffenhoffen). Ils étaient vassaux de celle-ci et de l’Empire, du duc de Lorraine et de l’évêque de Strasbourg, accessoirement de Murbach et du landgrave de Werd. Leurs biens, dispersés dans le Kochersberg, le pays de Hanau et les Vosges du Nord, semblent n’avoir jamais été très étendus. On ne leur connaît qu’un château sûr (Hohenfels, dès avant 1291 ; peut-être aussi Ettendorf au XIIe s., Dahn/Offwiller avant 1250, Wineck/Dambach ?) ; ils ne contrôlaient ni route, ni couvent importants, ni ville ; la commanderie teutonique de Dahn/Offwiller, qu’ils ont fondée en 1245/50, ne semble pas leur avoir été économiquement profitable. Au total, bien que mis au rang de la haute noblesse du fait de leurs origines edelfrei, ils s’apparentent à la petite noblesse par le volume et la composition de leur patrimoine. Celui-ci est amenuisé dès le XIIIe s., et de plus en plus vite au XIVe s., évolution classique liée au fait que les Ettendorf n’ont pas eu les moyens de se constituer une seigneurie territoriale. Voisins des Lichtenberg et des Fleckenstein, ils n’ont cessé de perdre du terrain face à ces familles mieux dotées, vendant des biens à la première (Rothbach) et en concédant en fief à la seconde (Lembach, Kutzenhausen). Ils ont également, dès le XIIIe s., procédé à d’autres aliénations (souvent déguisées en inféodations) au profit de patriciens et de bourgeois de Strasbourg. L’érosion de la fortune des Ettendorf entraîna une baisse de leur prestige, qui se reconnaît à leurs alliances : si les hommes se mariaient à leur niveau social (Reinhard ? Gertrude de Fénétrange ; Eberhard ? avant 1280 Joatte von Lützelstein, d’une famille comtale appauvrie), les filles du lignage, dès la deuxième moitié du XIIIe s., ne trouvaient en général à épouser que des hommes issus de la ministérialité (Fleckenstein, Wasigenstein, Hüneburg, Vogt von Wasselnheim, Beger, Bergheim). La généalogie des Ettendorf n’est assurée que depuis le milieu du XIIIe s. Eberhard, fondateur de Dahn, cité de 1245 à 1259, a eu deux fils laïcs, Eberhard (1246-84) et Friedrich (1246-93), qui ont administré ensemble la seigneurie. Le second a eu pour fils Mathias, chanoine cathédral de Spire (1305), Heinrich (1296-1323) et Reinhard (1297-1350) ; les deux derniers sont à leur tour restés dans l’indivis. Aucun d’eux n’ayant laissé de fils, la seigneurie passa à Mena d’Ettendorf, mariée à Reimbold, chevalier (non comte) de Saarbrücken ; leur fils Reimbold reprit le nom et les armes d’Ettendorf, et amputa le patrimoine familial par des mises en gage (jusqu’à 3/4 du château de Hohenfels) et des concessions de fiefs, en particulier aux Fleckenstein, qui équivalaient à des aliénations (1350-69). Son fils Bohemund ne parvint pas à redresser la situation et finit par vendre sa seigneurie à l’évêque de Strasbourg, en s’en réservant la jouissance viagère (1398). Il mourut en 1408, ne laissant qu’un fils naturel, Cuntzmann, légitimé en 1410, dont la descendance survit obscurément jusqu’au milieu du XVIe s. Victimes de la crise de la noblesse au XIVe s., les Ettendorf ont vu fondre le plus clair de leurs biens, au profit surtout des Lichtenberg et des Fleckenstein. À leur extinction, l’église de Strasbourg n’acquit qu’une seigneurie squelettique, dont une bonne part consistait en fiefs actifs dispersés jusqu’en Alsace Bossue, dans le Westrich et en Hesse rhénane.

G. Lehmann, 13 Burgen im Unter-Elsass, Strasbourg, 1878, p. 129-142 ; F. Eyer, « Die Herren von Ettendorf », Les Vosges, 48, 1968/IV, p. 9-12 (contestable) ; J.-L. Vonau (avec la collaboration de B. Metz), « Régestes des sires d’E. », L’Outre-Forêt n° 48, 1984/IV, p. 39-61 (s’arrête en 1350, sera poursuivi ibid.).

Bernhard Metz (1987)