Prêtre de la congrégation du Saint-Esprit, théologien et diplomate (★ Ingersheim 6.1.1839 † Langonnet, Morbihan, 24.10.1923).
Fils de Jean Eschbach, menuisier, et de Gertrude Barxell, son épouse, vigneronne. Études secondaires au collège libre de Colmar ; études supérieures de théologie à Paris et Rome. Docteur en théologie du Collège romain. Ordonné prêtre en 1861 par le préfet apostolique de Pékin. Professeur de théologie au grand scolasticat à Paris. En 1875, il reçut la double nomination de recteur du séminaire français, Santa Chiara, de Rome et de procureur général de la congrégation du Saint-Esprit près le Saint-Siège, deux postes qu’il occupa pendant de longues années. Recteur de Santa Chiara, il remplaça le groupe assez hétéroclite des vieux bâtiments, où logeaient les étudiants ecclésiastiques, par l’harmonieuse architecture du séminaire actuel. En 1902, il obtint l’érection de la maison en séminaire pontifical dépendant immédiatement du pape. Sa fonction de procureur général révéla ses talents de diplomate, particulièrement lors des tractations avec les gouvernements de certains pays. C’est ainsi qu’il réussit à aplanir les graves difficultés surgies entre le gouvernement portugais et les missions catholiques de l’Angola et du Congo portugais. Sur le plan théologique, il faisait autorité dans les milieux romains. Son ouvrage, Disputationes physioiogico-dogmaticae, paru en 1884 et plusieurs fois réédité, amena toute une révolution dans les méthodes médico-théologiques et détermina plusieurs décisions des congrégations romaines. Cette réputation de théologien lui gagna la confiance du pape Léon XIII qui le choisit comme secrétaire et conseiller. Il assura la traduction officielle française de la célèbre Encyclique Rerum Novarum sur la question ouvrière (1891). Il faisait partie de plusieurs organismes de la Curie romaine. Il était censeur de l’Académie de théologie, professeur à l’Académie des nobles pour la diplomatie, membre de la Commission pour la codification du droit canon et du conseil d’administration des établissements français de Rome. En 1895, Léon XIII l’envoya en Orient (Palestine, Syrie, Grèce) pour étudier le problème du retour des Églises séparées de Rome. À la suite de cette mission, il fut nommé consulteur pour les affaires de rite oriental. Il n’est pas exagéré d’affirmer qu’il comptait alors parmi les personnalités les plus marquantes de la Curie romaine. Léon XIII songea à le nommer cardinal.
La vérité sur le fait de Lorette. Exposé historique et critique, 1909 ; Le Saint Suaire de Notre Seigneur vénéré dans ta cathédrale de Turin. Étude historique, critique et scientifique, 1913 ; Un décret du Saint Siège et l’étude historique de M. U., Chevalier sur la Santa Casa de Lorette, 1917 ; Un document nouveau en faveur de la Santa Casa de Lorette, 1918.
Bulletin général de la Congrégation du Saint-Esprit, 1923-1924, p. 412-420 ; J.-B. Frey, Le R. P. Eschbach. Notice biographique, Montpellier, 1924 ; Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, XV, 1963, 852 ; Dictionnaire de biographie française, XII, 1970, 1427 ; encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, 2859.
Adolphe Altenbach (1987)