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ERNST von ERNSTHAUSEN Karl Adolf August

Haut fonctionnaire prussien, préfet, puis président de district de Basse-Alsace (1871-1875), puis de Haute-Alsace (1875-1879), (P) (★ Gummersbach, cercle de Cologne, 14.3.1828 † Bonn 24.8.1898).

Fils de Karl-August Ernst (★ Berlin 1782 † Bonn 1847), et d’AIwine Striebel (★ Gimborn 16.9.1806 † Gummersbach 28.8.1832). ∞ 26.6.1856 à Steinhoefel Caroline Julie von Waldow (★ Steinhoefel 16.8.1829 † Bad Lauterberg, Harz, 29.7.1912). 4 enfants, dont Karl August (★ 1857), établi plus tard à Bad Lauterberg dont il fut maire, et Marie Amélie (★ 1858 † 1897) qui ∞ en 1876 à Colmar Louis Graubner, négociant à Francfort sur le Main. Études au Gymnase de Cologne. Droit et économie politique (Cameralia) aux universités de Heidelberg et de Bonn. Ernst entra dans la fonction publique prussienne comme auditeur de justice à Ehrenbreitstein (1848-1850). En 1850 et 1851, il fut réfendaire à la présidence de Cologne, alors administrée par Moeller ©, puis à Potsdam. À partir de 1852, il fit fonction de Landrat (sous-préfet) dans divers postes de la Rhénanie, à Altenkirchen (1852), Simmern (1852-1854) poste qu’avait occupé avant lui Moeller et après lui Back ©, Geldern (1854-1857). C’est à Geldern qu’il fut nommé Landrat : il occupa ce poste jusqu’en 1865. De 1865 à 1870, il fut vice-président de la Régence de Prusse Orientale à Koenigsberg, enfin nommé à la présidence de Trêves en mai 1870. Ayant accompli l’essentiel de sa carrière en Rhénanie, il a été pressenti dès janvier 1871 pour un poste en vue en Alsace-Lorraine. En août 1871, il fut nommé préfet du Bas-Rhin à Strasbourg. Il prit la succession du comte de Luxburg ©, et fut confirmé dans ces fonctions en janvier 1872, alors que les départements furent rebaptisés districts (Bezirke) et les préfets, présidents (Bezirkspresidenten). Il administra 4 ans durant le département du Bas-Rhin. Les rapports qu’il entretint avec Moeller devinrent de plus en plus difficiles : au conflit de personnes se mêla un conflit politique. Beaucoup plus conservateur que le président supérieur, Ernst ne semblait guère convaincu par la confiance que Moeller mettait dans sa politique « libérale » de création et de soutien du parti autonomiste et de ses journaux. Il fut en particulier tout à fait hostile à l’égard d’Auguste Schneegans © et du Journal d’Alsace et exprima la même hostilité à l’égard de l’Industriel Alsacien, trop influencé pensait-il, par Charles Grad © et les industriels haut-rhinois, tous protestataires, ou conjoncturellement proallemands parce que protectionnistes.

Sur le plan administratif, il se dit plus ouvert à une politique de « réformes en profondeur », dans le sens de l’autonomie administrative au sens prussien du terme, que partisan du système de la reprise pure et simple du droit français devenu droit local. Était-il lié de près à une coterie militaire qui avait tenté en 1875 d’obtenir de l’empereur Guillaume Ier de « tomber » Moeller et de lui substituer un régime plus dur, comme on l’en a accusé ? Il l’a nié. Mais il est vrai qu’il exprima ouvertement ses regrets que l’administration allemande ne se fût pas appuyée plus ouvertement sur la paysannerie alsacienne qu’elle aurait pu organiser contre les « notables » autonomistes, cléricaux, protestataires. Opinion qui a le mérite d’être très représentative de celle de nombreux fonctionnaires allemands immigrés de la première période de l’administration allemande et d’illustrer la difficulté devant laquelle se trouvaient leurs chefs politiques qui avaient en Alsace-Lorraine la responsabilité de tenter d’enraciner autrement que dans les fantasmes autoritaires des nouveaux venus, un régime politique. Est-ce à cette absence de véritable sens politique que l’on doit la brouille de Moeller et d’Ernst ? Ou aux intrigues que ce dernier aurait menées contre le président supérieur ? Leurs rapports devinrent si mauvais que Moeller demanda l’éloignement d’Ernst ; Bismarck ne concéda au président supérieur qu’un déplacement : Ernst passa de la préfecture de Strasbourg à celle de Colmar (avril 1875). Il y resta jusqu’en 1879, mais écarté de toutes les grandes affaires et en particulier des opérations menées par Moeller et les autonomistes qui conduisirent au vote du statut constitutionnel de 1879. En mars 1879, il fut appelé à la présidence supérieure de la Régence de Prusse Occidentale, à Danzig.

A. Ernst von Ernsthausen, Erinnerungen eines Preussischen Beamten, Leipzig, 1894.
Archives départementales du Bas-Rhin. AL 87-2816 et 3058, dossiers Ernst von Ernsthausen ; Jahrbuch für Elsass-Lothringen, 1872-73, Strasbourg, p. 21.

François Igersheim (1987)