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ERLIN von Rorburg Johann

Chanoine de Saint-Thomas, écolâtre (scolastieus,) maître d’œuvre (magister operis). († 28 ou 29.8.1343 ; son épitaphe, aujourd’hui disparue, et le nécrologe de Saint-Thomas indiquent le 29, mais l’anniversaire était célébré le 28). Sépulture, aujourd’hui disparue, à l’église Saint- Thomas. D’une famille de ministériaux de l’évêché de Strasbourg (Hausgenossen) attestée en 1265 et qui a tenu son nom d’une motte située près de Müllen, Kreis Offenburg, R.F.A ; son père Walter est mort en 1307, lui même est attesté à partir de 1324 comme chanoine de Saint-Thomas de Strasbourg. Erlin avait dû faire des études, car il est désigné dans les textes comme « magister » et avait reçu une prébende d’écolâtre. Il devait enseigner à l’école fondée auprès du chapitre, peut-être la diriger. Il joua aussi un rôle administratif ; on le trouve à plusieurs reprises comme exécuteur de legs faits à Saint-Thomas. Son principal titre est d’avoir dirigé les travaux, qui, vers 1330, aboutirent à l’agrandissement de la nef de Saint-Thomas et à l’élévation des voûtes sur un jeu de piliers à nervures saillantes qui caractérise aujourd’hui cet édifice. La chronique de Königshofen le qualifie de « fidelis magister operis » et les historiens modernes, à la suite de Schneegans, d’« architecte ». Il est toutefois difficile de préciser sa participation personnelle dans l’élaboration des projets et leur exécution, qui demandaient des connaissances techniques assez poussés. Peut-être Erlin a-t-il simplement supervisé le chantier et assuré le financement, ce qui n’était déjà pas une mince besogne. Le prestige du chanoine Erlin était assez grand pour que l’évêque Berthold le choisît comme son premier vicaire, dans un contexte assez difficile. Les répercussions du conflit entre l’empereur Louis de Bavière et la papauté avaient atteint Strasbourg où l’évêque, par ailleurs, était en lutte avec une partie de son chapitre. Le culte était alors mis en veilleuse par suite d’une sentence d’interdit portée par le pape et confirmée sur place par l’évêque en 1335. Cependant, l’évêque Berthold ayant été capturé par le trésorier Conrad de Kirkel, partisan du prévôt Jean de Lichtenberg en septembre 1337. Erlin s’efforça de maintenir l’exécution de l’interdit, mais il ne fut pas suivi par le clergé. L’évêque de Bâle, neveu du prisonnier, chargé par le pape de l’administration du diocèse de Strasbourg, vint alors à Dachstein constituer Erlin comme son vicaire général ; Erlin à son tour excommunia Conrad de Kirkel et annula les actes d’administration que celui-ci avait accompli pour le trésorier. Après seize semaines de captivité, donc à la fin de 1337, l’évêque Berthold fut libéré au prix de concessions exorbitantes à ses adversaires. L’évêque de Bâle et le vicaire général tentèrent vainement de s’opposer aux empiète- ments de Kirkel et de Lichtenberg ; nous ignorons quel rôle Erlin joua par la suite. Avant de mourir, Erlin voulut fonder une prébende sacerdotale à Saint-Thomas. C’est seulement neuf ans après sa mort (4 avril 1452) que son frère Hesse et ses sœurs Agnès et Adelheid confirmèrent cette fondation, financée sur les biens que le défunt possédait, dont une maison dans la Schiltesgasse (rue du Bouclier).

Urkundenbuch der Stadt Strassburg ; L. Schneegans, L’église Saint-Thomas de Strasbourg, Strasbourg, 1842, p. 57-63 et p. 120-130 ; E. Leupold, Berthold von Buchegg, Bischof von Strassburg, Strasbourg, 1882 ; J. Kindler von Knobloch, Das Goldene Buch von Strassburg, Wien, 1886, p. 78 ; Sitzmann I, 455 ; Chronica Mathiae de Nuwenburg, Monumenta Germaniae Historica. Scriptores rerum germ. nova series, t. IV, 1924- 1940, p. 526-530.

Jean-Yves Mariotte (1986)