Organiste et compositeur, (C) (★ Strasbourg 23.10.1858 † Andlau 9.7.1944).
Fils de Marie Joseph Erb (★ Eckbolsheim 1815 † 6.8.1886), instituteur et organiste, et d’Anne Marie Herrmann. ∞ I septembre 1887 Cécile Adam († 11.6.1923) musicienne ; 2 enfants : Jean (★ 1888 † 1903) et Jeanne dite Jane, (★ 1891 † 1979) ; ∞ II 15.9.1925, Juliette Fey (★ 23.6.1899 † 25.10.1981), son élève. Ayant remarqué ses dispositions pour la musique, ses parents commencèrent son éducation musicale, puis l’envoyèrent à Paris en 1874 pour y parfaire sa formation à l’École de musique classique et religieuse Niedermeyer. Il y eut pour maîtres Eugène Gigout, Camille Saint-Saens, et Gustave Lefèvre, pour condisciples Léon Boëllmann, André Messager et Alexandre Georges. Erb travailla également avec Ch.-M. Widor. Ayant achevé ses études en 1880, il refusa le poste d’enseignant qui lui était offert à l’Ecole et retourna en Alsace. De 1880 à 1883, Erb donna de nombreux récitals de piano et d’orgue en Alsace et en Suisse. Il y fit connaître les œuvres de Saint-Saens, César Franck, Fauré, Gigout, Widor. Plus tard il fut le premier à révéler à ses compatriotes alsaciens l’art des clavecinistes français des XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi que les premières œuvres de Debussy et de Ravel. Au début de 1882 ses premières compositions parurent à Paris. 1883 fut assombrie par la mort de son plus jeune frère et la constatation que sa myopie l’empêche de diriger un orchestre. Ses problèmes occulaires ne feront qu’empirer. A l’automne il fut nommé organiste de l’église St Georges à Sélestat. Cette même année il devait rencontrer la pianiste Marie Jaëll ©. Une profonde amitié unit ces deux artistes. Marie Jaëll fut d’ailleurs l’instigatrice de sa rencontre avec Franz Liszt à Eisenach. Celui-ci l’invita à Weimar pour y perfectionner sa technique. De retour à Strasbourg, Erb fut nommé organiste à Saint-Jean de Strasbourg. Les années 1884-1890 constituèrent une période créatrice très féconde. En 1885 Erb fonda avec l’abbé Charles Hamm l’association Sainte-Cécile et la revue Caecilia, dans le but de réformer la musique religieuse et l’interprétation du chant liturgique en Alsace. En 1903, il perdit son fils, en 1904 son frère Georges. Malgré le succès remporté par son œuvre Vogesentanne, succès qu’il ne sut exploiter, sa sensibilité durement éprouvée imprima à son art une orientation nouvelle : il composa les premières œuvres à thèmes liturgiques. En décembre 1909, la 2e Symphonie pour orgue et orchestre Speravi fut donnée en première audition avec la participation d’Albert Schweitzer © à l’orgue. En 1910 Erb fut enfin nommé professeur au Conservatoire de Strasbourg ; étant essentiellement de formation française, il s’était vu longtemps refuser ce poste. Il y enseigna le piano, l’orgue et la composition jusqu’en 1937, année de sa retraite. Il se révéla un excellent pédagogue. En juillet 1921, le Congrès général de musique sacrée fut l’occasion d’une consécration triomphale des œuvres de musique religieuse de E. A partir de 1923 son œuvre évolua vers une spiritualité croissante. En 1934 eut lieu un Festival Marie Joseph Erb. L’orchestre de Radio Strasbourg diffusa ses œuvres. En janvier 1939 il reçut la croix de la Légion d’honneur. En septembre 1939 il se réfugia en Dordogne, mais la nostalgie de sa terre natale le fit revenir à Strasbourg dès octobre 1940. Dès lors et jusqu’à sa mort il passa ses journées à composer. Son œuvre la plus diffusée est sans doute la messe Dona nobis pacem, au répertoire de toutes les chorales paroissiales d’Alsace. Ses œuvres s’expriment par une thématique vigoureuse, simple et expressive alliée à une liberté rythmique parfois surprenante. Il improvisait sur des thèmes grégoriens avec une aisance et une élégance qui disait le son juste, le souci de trouver une synthèse entre le monde symphonique et le monde classique. C’est à l’église Saint-Jean que furent créées ses œuvres de musique sacrée. Une plaque-souvenir sculptée par R. Hetzel © fut inaugurée le 12 octobre 1969.
Pour la liste de ses compositions, consulter le « Catalogue des œuvres de Erb », Marie Joseph Erb, sa vie et son œuvre, Strasbourg, 1948, p. 111 et s.
L’Écho artistique d’Alsace du 9.1.1887, p. 18 ; Haegy, t. III, portrait p. 304, nombreuses références t. lV, p. 605 ; Festschrift zum golden. Jubil. der Union Sainte Cécile… 1882-1932, Strasbourg, 1932 ; Das Reichsland Elsass-Lothringen 1870-1918, Institut der Elsass-Lothringer im Reich an der Universität Frankfurt, Francfort, t. III, 1934, p. 458-459 (portrait) ; Un grand musicien français, Marie Joseph Erb, sa vie et son œuvre, Strasbourg-Paris, 1948 ; Article de Jacques Feschotte, in Die Musik in Geschichte und Gegenwart III, 1954, 1464-1465 ; A. Bender, « M-.J. Erb. Centenaire de sa naissance », Caecilia, 66, 1958, p. 174-182 ; R. Muller, « L’éminent compositeur alsacien M.J. Erb, naissait il y a 100 ans », Les Ménétriers de Notre-Dame, 1958, n° 11, p. 3-4 ; H. Riemann, Musiklexikon, t. 1, Mayence, 1959, p. 470 ; Neue Deutsche Biographie, IV, 1959, 561 ; E. Bohn, « Une messe de M.-J. Erb », Caecilia, 68, 1960, p. 80-82 ; J.-L. Huck, « De quelques rapports entre les lettres et la musique en Alsace », Les lettres en Alsace, Strasbourg, 1962, p. 445-454 ; Le Nouvel Alsacien du 10.10.1969 ; R. Muller, « Il y a 25 ans mourait M.-J. Erb », Almanach Sainte-Odile, 44, 1969, p. 92-93 ; Dernières Nouvelles d’Alsace du 14.10.1969 ; F. Raugel, « Marie-Joseph Erb », Saisons d’Alsace, 1969, n° 31, p. 389-92 ; A. Schweitzer, « Tel était M.-J. Erb », idem, p. 393-98 ; N. Dufourcq, « Dans le souvenir de M.-.J. Erb », idem, p.411-412 ; Dictionnaire de biographie française, XII, 1970, 1370 ; R. Muller, Anthologie des compositeurs de musique d’Alsace, Strasbourg, 1970, p. 44-47 ; J.-B. Bardaud, « M. Joseph Erb », Expression de l’Est, 2, 1974, p. 37 ; M. Honegger, Dictionnaire de la musique, t. 1, 1979, p. 319-320 ; P. Hering, « Elsässische Komponisten : Adolphe Adam et Marie Joseph Erb », Almanach de l’Est agricole et viticole, 1980, p. 70-74 ; Larousse de la musique, t. 1, Paris, 1982, p. 532 (portrait) ; Grand Dictionnaire encyclopédique Larousse, t. 6, 1983, p. 3853 ; Encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, 2830.
Isabelle Blondé et Georgette Krieg (1986)