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ENGELMANN

Famille mentionnée pour la première fois à Mulhouse en 1593. Elle est originaire de Strasbourg. Caspar Engelmann, drapier (∞ 1525 Margaretha, fille de l’ammeistre Niklaus Kniebs), assesseur du tribunal corporatif entre 1535 et 1541 ; préposé (Zunftmeister) de la corporation du Miroir (1542) ; renonça à la bourgeoisie le 21.7.1548). Heinrich E. (∞ I 1.4.1554 Barbara, fille de Sebastian NN. ; ∞ II 1561 Catharina Schachinger, veuve de Caspar Imbser) ; échevin de la corporation du Miroir (1563-1573), membre du tribunal corporatif (1559-1564 et 1569/70), membre du petit Sénat (1566) ; Heinrich Engelmann avait fondé avec ses frères Tobias (∞ 8.2.1558 Anna, fille de Hans Beinheim) et Christoph, échevin de la corporation du Miroir entre 1531 et 1541 († avant 21.5.1568), une société de commerce de draps dont le rôle et le rayonnement sont encore mal connus. La société avait entre autres à son ser- vice Hans Herbst de Francfort (1562) et Günther Geilfurter (1572). Parmi leurs clients et débiteurs figurent des habitants de Strasbourg, Rosenwiller (1563), Balbronn (1557), Kaysersberg (1566 et 1567), Sainte-Marie-aux-Mines (1565-1566), Hangenbieten (1574), ainsi que Heinrich Wyd (1565), Frédéric de Barr (1572) et Judith, fille de feu Christoph Weiditz, peintre et orfèvre à Augsbourg et sœur de Christoph Weyditz, peintre à Strasbourg. Judith Weiditz avait acheté, en 1561, chez Christoph Engelmann divers draps pour plus de 13 florins. En 1568 la société Engelmann était créancière de Polydorus Knobloch et de son épouse Ursula Greyf pour 3 005 florins. À cette époque Tobias Engelmann habitait avec son épouse à l’actuelle place Kléber. A partir de 1573 l’entreprise fut en difficultés financières. Les deux frères Heinrich et Tobias reconnurent au début de cette année avoir emprunté « in unserer grossen Notturft » 2 173 florins auprès de J.B. Gebwiller, Schultheiss de Kaysersberg. Cette même année des créanciers originaires des plus célèbres centres commerciaux de l’époque (Cologne, Francfort, Augsbourg, Nuremberg et Ulm) se firent connaître sans faire état du montant de leurs créances. Devenu insolvable Henri Engelmann fut banni de Strasbourg en 1573. Signalons encore qu’un Tobias Engelmann (? 1564, paroisse Saint-Thomas) étudia à l’université de Heidelberg en 1586.

Principales sources : Archives municipales de Strasbourg : Corporation du Miroir t. 5 ; Série V 15/24 (1571), 18/93 (1574), 18/144 (1574), 19/85 (1574) ; Série VI 145/9 (1565) ; Série VII 51/2 (1572) ; Chambre des Contrats t. 19 f° 115 r. (1525), t. 92 f° 239 v. t. 98 f° 71v-74r (25.2.1561), t. 132 f° 5v. (1566), t. 137 f° 451r (1567), t. 141 f° 422.

J.-P. Kintz, La société strasbourgeoise du milieu du XVIe siècle à la fin de la guerre de trente ans 1560-1650, Strasbourg, Association des Publications près les Universités de Strasbourg, 1984, p. 375 et 392.

François-Joseph Fuchs (1986)

La chronique de la famille Engelmann de Mulhouse (1450-1898), Vieux-Mulhouse, t. V, 1914, 401 p., donne des renseignements intéressants, mais de valeur historique fort inégale.

1. Philippe,
apothicaire, bourgmestre, (Pl) (★ Strasbourg 14.9.1572 † Mulhouse 6.9.1655). Fils cadet de Heinrich Engelmann (★ 1521 † 1597), drapier à Strasbourg, et de Barbe Jung. ∞ I 16.6.1595 à Mulhouse Rosine Roppolt (★ 1571 † 1623) ; ∞ II 11.7.1625 à Mulhouse Elisabeth Ehrsam (★ 1584 † 1656), veuve de Claude Rossel. Admis à la tribu des tailleurs en 1595, Sexvir en 1617, Zunftmestre en 1619, conseiller en 1624, bourgmestre en 1636. Son fils Hans Heinrich, apothicaire, commença la fameuse chronique Engelmann, continuée par son frère Gottfried entre 1666 et 1717.

Ehrsam-Schoenhaupt, L’Hôtel de Ville de Mulhouse, Mulhouse, 1868, p. 290 ; E. Ehrestmann, article dans le Mülhauser Tagblatt du 4-5 mai 1918 ; Ph. Mieg, « Les pharmaciens de Mulhouse », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 1954, p. 112.

2. Gottfried,
médecin, chirurgien, bourgmestre, (Pr) (★ Mulhouse 16.1.1637 † Mulhouse 5.2.1719). Fils de Hans Heinrich Engelmann, ci-dessus, et de Catherine Hartmann. ∞ I 16.6.1662 à Mulhouse Maria Salomé Lichtenhahn de Bâle ; ∞ II 7.7.1663 à Mulhouse Elisabeth Risler dont il eut 12 enfants. En 1653 immatriculé à Bâle, en 1655 bachelier en philosophie, en 1656 maître ès arts, en 1657 immatriculé à Strasbourg, en 1662 thèse à Bâle De cholera, en 1662 médecin à Bâle, de 1671 à 1693, 2e médecin à Mulhouse, en 1685 conseiller, de 1693 à 1719, 1er médecin à Mulhouse, de 1690 à 1719, bourgmestre.

Ehrsam-Schoenhaupt, L’Hôtel de Ville de Mulhouse, Mulhouse, 1868, p. 304 ; A. Stoeber, « Les étudiants de Mulhouse inscrits à Bâle », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 1879, p. 23 ; Ph. Mieg, « Médecins et chirurgiens du Vieux-Mulhouse », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 1953, p. 63 ss.

3. Godefroy,
dessinateur, lithographe, (Pr) (★ Mulhouse 17.8.1788 † Mulhouse 25.4.1839). Fils de Godefroy Engelmann (★ 1734 † 1810), et de Climène Reber (★ 1746 † 1836). ∞ 3.8.1809 à Mulhouse Anne Catherine Thierry, fille de Jean Thierry, et d’Élisabeth Hofer. 10 enfants dont 3 fils. Il fréquenta l’école de garçons de Mulhouse, puis il séjourna à Vevey, (Suisse), pour y apprendre le français (1802-1804). De 1804 à 1805 il apprit le commerce chez Frédéric Cornetz. De 1805 à 1807 il travailla chez Emmanuel Weiss, Bramino et Cie à la Rochelle. En 1808 il partit pour Paris où il fréquenta pendant un an l’École des Beaux-Arts. En 1814 il voyagea à Munich pour connaître l’impression de la lithographie. D’août 1814 à novembre 1815, il fonda l’imprimerie lithotypique du Haut-Rhin à Mulhouse. Il créa en 1816 une succursale à Paris, mais il revint à Mulhouse dès 1830. Il y inventa en 1837 la chromolithographie après avoir trouvé le lavis appliqué à la lithographie (1813). À Mulhouse il fut membre du conseil municipal, du conseil d’administration du collège et de l’administration des orphelins. Il fut très actif au sein de la Société industrielle et il fut l’un des créateurs de la Loge de la Parfaite Harmonie.

Engelmann fut choisi par le baron Taylor comme imprimeur de son grand ouvrage, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, écrit en collaboration avec Ch. Nodier, et Alfred Cailleux. Le comte de Forbin, directeur général des Musées royaux, lui confia l’impression des planches de ses publications : Voyages dans le Levant, dont 78 lithographies furent exécutées d’après les croquis de l’auteur et divers artistes, tels Daguerre.

Engelmann publia : Galeries des militaires français, puis en 1819, Souvenirs pittoresques du général Bacler d’Albe. Parmi les œuvres publiées, les estampes les plus connues se trouvent dans les recueils suivants : Livre sur la Suisse par Raoul Rochette, 1822 ; Un mois à Venise par le comte de Forbin ; Cours d’histoire naturelle par Oudard, 1824 ; Cours de dessin linéaire par Laurent ; Voyages pittoresques dans le Brésil par Rugendas ; Voyages pittoresques et militaires en Espagne par Langlois, 1826 ; Les antiquités d’Alsace par Jean-Jacques Schweighaeuser et Golbéry, 1828 ; Les manufactures du Haut-Rhin par Jean Mieg et Rothmuller. L’édition de lithographies a pris une extension inattendue à partir de 1818. À part les grandes œuvres illustrées produites dans les ateliers d’Engelmann, il convient de signaler aussi l’impression de quantité de factures, de papier à lettre, de spécimen d’écriture, de formulaires commerciaux ou bancaires, l’index des sujets traités par Engelmann est impressionnant. Il est également auteur de plusieurs traités remarquables : Cours complet d’étude de dessin, 1816 ; Recueil d’essais lithographiques, 1817 ; Manuel de dessinateur lithographe, 1823 ; Traité théorique et pratique de la lithographie, 1839-40.
A. Penot, « Éloge de Godefroy Engelmann », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1839, p. 425 ; X. Mossmann, Les grands industriels de Mulhouse, Paris, 1879 ; P.-E. Tuefferd, « L’art lithographique en Alsace et ses principaux représentants : Engelmann, Simon, et Silbermann », Revue d’Alsace, 1885, p. 270- 272 ; E. Meininger, Les anciens artistes peintres et décorateurs mulhousiens jusqu’au XIXe s., Mulhouse, 1908, art. n° 52 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 443 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, X, 1914, 543 ; S. Rocheblave, « Les artistes d’Alsace à Paris », Artistes alsaciens, Histoire-art, 1922, p. 80-93 ; Dictionnaire de biographie française, XII, 1970, 1295 ; Bénézit, Dictionnaire critique… des peintres, sculpteurs, dessinateurs…, IV, 1976, 164 ; L. Lang, Godefroy Engelmann, les incunables, Colmar, 1977 ; Encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, p. 2753.

4. Jean,
lithographe, (Pr) (★ Mulhouse 2.3.1816 † Fourdain, Aisne, 29.7.1875). Fils de 3. ∞ 1863 à Paris Catherine Aglaé Mercier (★ 1812 † 1896). Engelmann fit son apprentissage dans l’atelier de son père. Associé à l’entreprise à partir de 1833. Il développa l’atelier de chromolithographie de Paris et y porta la production à sa perfection. Il s’associa en 1842 à Auguste Graf, son atelier étant alors réputé être le premier de Paris. Inventeur de la diaphanie ; il fonda la Chambre des imprimeurs lithographes de Paris (1871).

Œuvres : Livre d’heures, 1846-49 ; Statuts de l’ordre du Saint-Esprit ; Ouvrage : Notes sur la lithographie et la chromolithographie, Paris, 1876.

Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 444 ; Dictionnaire de biographie française, XII, 1970, 1295 ; Encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, p. 2754 ; Bauer-Carpentier, Répertoire des artistes d’Alsace des dix-neuvième et vingtième siècles, Peintres-sculpteurs-graveurs-dessinateurs, Strasbourg, II, 1985, 88.

Raymond Oberlé (notices 1-4) (1986)