Skip to main content

ELVERT (ELWERT, ELWERTH, DELVERT) d’

Famille d’administrateurs et d’officiers, originaire de Vianden, Luxembourg (Pl puis C) et anoblie en 1576 en la personne de Philipp, colonel impérial de cavalerie.

1. Jean,
administrateur, (Pl) (★ 6.1.1656 † Strasbourg 6.9.1730 inhumé dans le chœur de Saint-Pierre- le-Vieux). Fils de Johann Philipp von Elvert et d’Ursula Chemlin. ∞ Anne Stock, fille de Mathias Stock, chevalier, et d’Anne du Perron (contrat de mariage signé à Wolfskirchen le 2 mai 1688). Bailli nassovien de Lorentzen en 1685, grand bailli du comté de Sarrewerden et de la prévôté de Herbitzheim, bailli de Lixheim et de Dabo. Conversion au catholicisme. Bailli de la seigneurie abbatiale de Saint-Jean-Saverne en 1699. Le 20 avril 1694 il a acquis des frères Jean-Jacques et Georges Louis de Landsberg, possessionnés dans le Westrich, la seigneurie de Bourcheid-Kourtzerode, à l’ouest de Phalsbourg ; le 19 novembre 1698 le prince électeur palatin Jean Guillaume lui accorda l’investiture du fief. Par procuration donnée à l’un de ses fils, Jean prêta hommage pour ces terres, situées dans la prévôté royale de Sarrebourg, à Louis XIV, au Parlement et à la Chambre des comptes de Metz le 28 décembre 1711 ; l’aveu et le dénombrement de ces terres seigneuriales furent reçus le 4 février 1712, et renouvelés le 8 avril 1717. Au double titre de bailli de Dabo et de bailli de Saint-Jean il appartenait au cercle de chevalerie de la Basse-Alsace. Établi à Strasbourg, il s’y était affilié à l’une des tribus qu’il représenta au Sénat en 1702. Il fut membre des XXI de 1708 à 1710, de la Chambre des XV de 1710 à 1729 et de la Chambre des XIII en 1729-1730. Élu ammeister en 1724, il n’a pas accepté cette fonction. À son décès, ses trois fils Joseph Philippe, Jean Nicolas Othon et Michel devinrent coseigneurs de Bourscheid.

2. Joseph Philippe,
juriste et administrateur. Fils de Jean d’Elvert ©. ∞ Hélène Marguerite de Ruth († 8.1.1743), fille de Jean Théodore de Ruth, bailli épiscopal de Mutzig. Gradué en droit, il était avocat au Conseil Souverain de Colmar, bailli des princes de Linange à Dabo, grand-maître des Eaux et Forêts du dit comté, bailli de Saint-Jean (1711), conseiller à la régence épiscopale de Saverne. Sa descendance fut nombreuse. Parmi ses filles, on citera Hélène Marguerite (★ 1708 † handicapée 1774), inhumée à l’église de Bourscheid, où la dalle funéraire est conservée ; Élisabeth Xavière (★ Strasbourg 1712) et une autre fille (? 1723) furent religieuses de la congrégation enseignante Notre-Dame à Saverne sous le nom de sœur Julie Fébronie et de sœur Philippine.
Ses fils Jean Théodore André (★ Strasbourg 1719 † 1771) vicaire à la collégiale de Saverne, chanoine de Surbourg-Haguenau depuis 1738 (élu cantor en 1755, custos en 1770) et François Xavier († 1764), capitaine au régiment Berg, ont joué un rôle moindre qu’Othon ©, Antoine © et Joseph ©.

3. Jean Nicolas Othon,
subdélégué (★ 1686 † Saverne 27.11.1759, inhumé à la chapelle de la congrégation Notre- Dame). Frère de Joseph Philippe ©. ∞ Jeanne Caroline Delcourt de Servion en Champagne (★ 1716 † 1749). Gradué en droit, il était avocat au Conseil Souverain d’Alsace, conseiller intime du cardinal Armand Gaston de Rohan (1722), vice-chancelier et garde des sceaux de l’évêché de Strasbourg (1724) à Saverne. Il était subdélégué de l’intendant d’Alsace pour les bailliages administratifs ressortissant à Saverne (1754). Sa fille Jeanne Françoise Louise (★ Saverne 7.9.1743) ? en 1762 François Xavier de Noblat, avocat à Colmar.

4. Michel,
conseiller du roi (★ Bourscheid, baptisé le 10.8.1693 à l’église paroissiale de Lixheim † Bourscheid 5.6.1767 où il fut inhumé à l’église). Frère de Jean Nicolas Othon ©. ∞ 14.2.1720 Jeanne Marie de Noblat (★ 1702 † 28.10.1772, inhumée à l’église de Bourscheid), fille de Sébastien de Noblat, capitaine au régiment de Gredder-Allemand, et de Régine Bennet. Ce coseigneur de Bourscheid et de Zillingen était conseiller du roi au Conseil souverain d’Alsace. Son fils Jean Claude Michel (★ Colmar bapt. 7.1.1723) fut reçu en 1732 au collège Mazarin dit des Quatre-Nations à Paris ; à ce propos il dut fournir les titres de noblesse de ses ascendants sur cinq générations : ces documents d’ordre généalogique sont conservés à la Bibliothèque nationale ; ce fils mourut jeune. Le frère Joseph Philippe Louis († Saverne 12.2.1798) ? II sa cousine Marie Louise d’Elvert, fille de Joseph Philippe ©. Il a longtemps vécu à Bourscheid.

5. Philippe Louis Othon,
bailli (★ Strasbourg 1716 † Saverne 7.4.1772, inhumé au couvent Notre-Dame). Fils de Joseph Philippe ©. Il a longtemps vécu à Bourscheid. Célibataire. D’abord clerc à la collégiale de Saverne (1733-1736), il a donné en 1738 sa démission comme chanoine non ordonné de Surbourg. Il devint bailli de Dabo et de Saint-Jean et conseiller à la régence épiscopale de Saverne.

6. Guillaume Antoine dit le major
(★ Strasbourg 14.3.1728 † Saverne 31.3.1809). Frère de Philipe Louis Othon ©. Célibataire. Il entra en 1742 à l’École d’artillerie de Strasbourg. Il a servi dans le régiment Royal-Bavière (campagnes en Allemagne, à Gênes, en Corse), puis, à partir de 1755, au régiment Infanterie liégeoise de Vierset (campagne de Basse Rhénanie) ; pour le récompenser de ses mérites, notamment à la défense de Dorsten près de Wesel, Louis XV lui accorda une pension de 300 livres et le nomma chevalier de l’ordre royal de Saint-Louis. En 1761 Choiseul offrit le régiment de Vierset à Marie Thérèse, reine de Hongrie. Le major d’Elvert prit sa retraite en 1767 et se fixa à Saverne. Pendant la Révolution, il a joué un rôle important. Élu en mars 1790 lieutenant-colonel de la Garde nationale de sa ville, il a commandé quelque temps, en 1792, la milice du district de Haguenau. Il fut le premier président de la Société locale des Amis de la Constitution, fondée le 19 avril 1791, poste qu’il occupa sept fois. Son ardeur antiaristocratique et son dévouement au groupe jacobin minoritaire savernois l’ont fait considérer comme « le patriote par excellence » par les envoyés en mission Saint-Just et Lebas. Ses avis étaient respectés à tous les niveaux de l’administration. À la destitution du maire élu Louis Arth, il fut nommé maire de la commune (juin 1793-mai 1794). Président du comité de surveillance et de sûreté générale, commissaire per- manent au canton de Saverne, président de la Commission révolutionnaire de Saverne instituée par la Convention. Président de la Chambre de paix et de réconciliation du canton. Durant la guerre de Vendée, il a fait don de sa pension à la Nation. En application du décret du 27 germinal an II (16 avril 1794) interdisant tout emploi administratif aux ci-devant nobles, le directoire du district fut contraint de lui retirer toutes ses fonctions ; mais cela ne lui fit pas perdre son influence auprès de la plupart des jacobins. Après la chute de Robespierre il fut emprisonné pendant quelques semaines sur l’ordre du commissaire Richou (27 mess. an III = 15 juillet 1795). Comme on ne pouvait lui reprocher des actions illégales ou violentes et qu’une certaine modération lui fut même reconnue dans l’exercice de ses fonctions multiples dans une période de troubles et de menaces, il fut remis en liberté. Au temps du Directoire on lui confia la présidence de l’administration municipale du canton. Le coup d’État du 18 brumaire an VIII mit définitivement fin à sa carrière politique… Avec lui prit fin le nom d’Elvert en Alsace.

7. Joseph Michel Armand, (en baptême Amand),
subdélégué de l’Intendant, révolutionnaire (★ Strasbourg 15.4.1738 † Saverne 4 nivôse an V = 24.12.1796). Frère de Guillaume-Antoine ©. ∞ 14.1.1772 à Saverne Marie Anne Pettmesser (★ 1752 † 1820), fille d’André Pettmesser, secrétaire de la Cour des comptes épiscopale et receveur général de l’évêché à Saverne qui fut administrateur des possessions des princes de Rohan-Soubise en Alsace, et de M.-A. Claire de Roiffé d’Hangest. Coseigneur de Bourscheid, il fut appelé « Monsieur de Valdebourg ». Il a fait des études de droit à Strasbourg. Il devint capitaine au régiment de Vierset Infanterie Liégeoise, au service de la France. À la suite du décès de Philippe-Louis-Othon en 1772, il devint conseiller à la régence épiscopale, bailli du comté de Dabo et de la seigneurie abbatiale de Saint-Jean (démission en 1782), et subdélégué de l’intendant d’Alsace. En 1782, il fut nommé vice-chancelier et garde des sceaux de l’évêché. Comme son frère Antoine il a participé activement au mouvement révolutionnaire. Fin mars 1790 il fut élu major de la Garde nationale de Saverne. En 1791 il fut membre et vice-président du Directoire départemental. Le 25 avril 1791 c’est lui qui fut chargé de porter la demande d’affiliation de la société populaire de Saverne à la société strasbourgeoise des Amis de la Constitution. Le 2 septembre 1791 il fut président du tribunal criminel du Bas-Rhin, poste où il fut confirmé trois fois dans la suite. En 1794 on lui confia l’épuration de la Société populaire de Saverne. J.-Armand eut plusieurs filles qui se sont alliées à des familles de fonctionnaires connus dont Marie Françoise Antoinette (★ 27.5.1778 ? Saverne 26.1.1826) ? 3.9.1798 Jean Joseph Kolb (★ 3.1.1775 † Kourtzerode 17.8.1829) qui fut inspecteur des Forêts à Sarrebourg (le monument funéraire d’Antoinette née d’Elvert est conservé au cimetière de Saverne), et Françoise-Xavière (★ 15.7.1780 † Saverne 24.10.1842). ? 1801 J.-B. Poinssot, inspecteur de l’Enregistrement et des Domaines, arrière-grands-parents d’Émile Audiguier ©, conservateur et bienfaiteur du Musée de Saverne.

Archives départementales du Bas-Rhin, Intendance d’Alsace C 277 (22-23), 595 ; Archives départementales du Haut-Rhin, 1 B 951 ; BN, Paris, Carrés d’Hozier 236 (2-11), Nouveau d’Hozier 123 (dossier 2609) ; L. Bachmeyer, Livre d’or de Saverne (manuscrit déposé aux archives communales de Saverne) ; D. Fischer, « Die ehemalige Herrschaft Burscheid », Elsässisches Samstagsblatt n° 14- 16, avril 1868, et tirage à part, 18 pages ; D. Fischer, « La Société populaire de Saverne », Revue d’Alsace, 1869, p. 23-34, 73-84, 121-131. 180-190, et tirage à part ; Lehr, L’Alsace noble, 1870, III, p. 433-434 ; E. Barth, « Notes biographiques sur les hommes de la Révolution à Strasbourg et environs », Revue d’Alsace, 1880, p. 12 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 436 ; R. Schnerb, série d’études sur la Révolution à Saverne, Revue d’Alsace, de 1926 à 1933 ; L. Bachmeyer, « Antoine d’Elvert », Dernières Nouvelles d’Alsace du 6.3.1953 ; Encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, 2688.

Alphonse Wollbrett (1986)