Professeur d’anatomie normale et pathologique, doyen (Pl) (★ Strasbourg 15.9.1792 † Strasbourg 19.6.1878).
Fils de Jean-Frédéric Ehrmann © et de Suzanne Salomé Kratz. ∞ 13.7.1819 à Strasbourg Louise Frédérique Zimmer († 1874), fille de Georges Frédéric Zimmer, notaire, et de Marguerite Salomé Gintzrott. 2 enfants.
Alors qu’il n’avait que deux ans et demi lorsque son père mourut, Charles Henri Ehrmann devint le plus illustre de la lignée médicale à laquelle il était ataviquement prédestiné. À la fin de ses études à la Faculté restaurée par Napoléon, il servit, à partir de 1809, en qualité de sous-aide à l’hôpital militaire de Strasbourg. Le 14 juillet 1812, il consacra sa thèse doctorale à un Essai sur le bec de lièvre. Incorporé comme chirurgien aide-major, il participa à diverses campagnes de la Grande Armée. À la Restauration, il obtint le poste de chirurgien des prisons de Strasbourg, qu’il occupait jusqu’en 1826. Disciple de Thomas Lauth ©, il devait s’engager précocement dans la carrière d’anatomiste. Nommé prosecteur en 1818, il devint chef des travaux en 1822, (thèse de concours : De la structure, des propriétés et des altérations organiques des artères), avant de succéder à son maître à partir de décembre 1826, dans une compétition avec Duvernoy © et Ristelhuber ©. En même temps, il devait assurer à titre gratuit l’enseignement de la clinique chirurgicale, jusqu’à la création d’une chaire spéciale en faveur de Bégin © en 1835. Collaborateur et ami dévoué de J.-F. Lobstein le jeune ©, il avait déjà contribué inlassablement à l’enrichissement du musée anatomique par des pièces en cire, par des injections des vaisseaux lymphatiques, par de subtiles préparations touchant le système nerveux, etc. Après le décès de Lobstein, l’anatomie normale fut réunie à l’anatomie pathologique. Ehrmann fut le titulaire de cette chaire de 1837 à 1867. Dans cette activité, la pratique de la microscopie est à considérer comme un fait majeur. Nommé également par décision ministérielle de 1837 à la direction du musée anatomique, Ehrmann sépara les pièces normales des pièces pathologiques lors du transfert des collections – qui tenaient un des premiers rangs en Europe – dans les nouveaux locaux anatomiques en 1857. En 1862, il en abandonna la direction à Eugène Koeberlé ©. D’abord médecin accoucheur adjoint, puis en chef à l’hôpital civil, il remplit ces fonctions gratuitement pendant trente ans et fut professeur à l’Ecole départementale d’accouchement de 1837 à 1847. En pratique de ville, il fut un chirurgien très recherché. À ce titre on doit souligner son rôle de promoteur de la laryngotomie.
Président de la Société de médecine (fondée en 1844), de la Société de prévoyance des médecins du Bas-Rhin et de la Société des sciences naturelles de Strasbourg, administrateur libre de la Société régionale d’acclimatation pour la zone de Nord-Est, il fut l’un des fondateurs de la Société pour la conservation des monuments historiques en Alsace. Un grand nombre d’institutions savantes étrangères l’avaient accueilli comme correspondant (Vienne, Göttingen, Breslau, Leipzig, Erlangen, Fribourg, Heidelberg, Hambourg, Offenburg, Naples, Washington). Elu correspondant national pour la division de médecine le 24 février 1846, il devint associé national de l’Académie impériale de médecine le 19 juin 1870. Correspondant de l’Académie de sciences, section de médecine et de chirurgie le 30 mars 1863. Promu au décanat à la faculté de Médecine de Strasbourg en 1857, il resta en fonction jusqu’à sa retraite en 1867, après avoir inauguré les nouveaux bâtiments érigés place de l’Hôpital en vue de la concentration des services de la Faculté. Officier de la Légion d’honneur (1862) et de l’Instruction publique. Prenant une part active à l’administration ecclésiastique, il fut membre du Consistoire de Saint- Thomas et de Saint-Nicolas durant de longues années et occupa la fonction de membre laïque du Directoire de 1850 à 1853.
Parmi ses nombreuses publications consacrées à des observations anatomo-pathologiques, à la tératologie, aux polypes du larynx et à la laryngotomie, il faut signaler surtout la suite des catalogues du cabinet d’anatomie (1837, 1843, 1846, 1857). On lui doit les Eloges de J.-F. Lobstein (1835) d’Ernest Alexandre Lauth (1837) et de Forget (1861). Le Nouveau recueil de mémoires d’anatomie pathologique, basés sur les faits cliniques observés par MM. les professeurs Sédillot, Rigaud, Stoeber, et MM. les agrégés Strohl et Wieger, (1862, in f°, 7 pl. lith.) représente son dernier ouvrage.
Archives municipales de Strasbourg, état-civil ; Registre des naissances, N 240, 1792, f° 60, n° 144 ; Registre des mariages, 1819, f° 111a, n° 221 ; Registre des décès, 1878, I, n° 1495 ; Carrière médicale de M. le professeur Ehrmann, Strasbourg, 1862 ; G. Fischbach, Journal d’Alsace-Lorraine, 29.6.1878 ; Journal de pharmacie d’Alsace-Lorraine, juillet 1878 ; Eissen, « Notice sur le professeur C.-H. Ehrmann, Président honoraire de la Société de prévoyance des médecins du Bas-Rhin », Gazette médicale de Strasbourg, 37, 8, 1878, p. 85-89 ; C. Th. Gérald, Discours prononcé aux funérailles de Charles Henri Ehrmann, 1878, 11 p. ; E. Koeberlé, Notice sur le professeur C.-H. Ehrmann, 1878, 12 p. ; Ed. Lobstein, « Karl Heinr. Ehrmann », Berliner Klinische Wochenscrift, n° 33, 1878 ; A. Dechambre et L. Lereboullet, Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, 1re série, t. 33, 1886, p. 39-46 ; Revue Alsacienne, 1886-1887, p. 522 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 426 ; A. Hirsch, Biographisches Lexikon der hervorragenden Aertzte, t. II, 3e édition, 1962, p. 388 ; Dictionnaire de biographie française, XII, 1970, 1159 ; Encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, p. 2674 ; Buste, plâtre par A. Friedrich, 1860, salle des Actes de la Faculté de Médecine de Strasbourg.
Théodore Vetter (1986)