Professeur de droit, (Pl) (★ Strasbourg 3.7.1730 † Griesbach, RFA, 20.8.1775 et enterré à Oppenau).
Fils de Jean-Jacques Ehrlen ©. ∞ 7.12.1765 à Strasbourg Élisabeth Lüng, fille de Jean Lüng, pasteur à Colmar et d’Élisabeth Gloxin. Personnalité exemplaire du milieu sociologiquement très typé des professeurs de droit à Strasbourg au XVIIIe siècle, recrutés quasi exclusivement dans les familles du Magistrat et des pasteurs de la ville.
Fils de pasteur lui-même, il épousa la fille d’un pasteur de Colmar. Par le grand-père maternel, Jean-Louis Engelhard, pasteur et chanoine de Saint-Thomas, il est cousin de l’Ammeister Jean Dietrich ©, tandis que par sa grand-mère maternelle, fille du pasteur de Saint-Guillaume et professeur au Gymnase J. G. Artopoeùs (1666-1706) il a sa place dans l’arbre généalogique de la plupart des universitaires strasbourgeois de la fin de l’Ancien Régime tels les Boeder ©, Bartenstein © ou Scherz ©. Sa carrière a été tout aussi régulière : études au Gymnase puis en Faculté de Philosophie (1745), conclues par un baccalauréat « liberalium artium » puis par le doctorat (29 avril 1751) ; poursuivies enfin en droit (doctorat le 4 mai 1757) et en « sciences politiques ». Élève de J. D. Schoepflin © et de Martin Silberrad ©. Il succéda à ce dernier le 25.7.1760 dans la chaire d’institutions impériales, non sans avoir passé deux ans (1759-1760) à faire un grand voyage en Lorraine, en Champagne, à Paris surtout, en Bourgogne et à Lyon, avec stages pratiques – comme il était de coutume à la fin des études universitaires. En 1770 il fut nommé dans la chaire d’institutions impériales et de droit canonique. Par ailleurs Ehrlen était chanoine de Saint-Thomas et avait assumé les fonctions de recteur en 1765 et en 1773. Décédé à l’âge de 45 ans, Ehrlen n’a apparemment pas laissé d’œuvres majeures. Apparemment seulement, car durant ses études déjà il s’était spécialisé dans les problèmes d’occupation, de prescription et de possession de bien-fonds, questions abstraites qui allaient être de grande utilité pratique pour justifier la confiscation des biens de l’Église lors de la Révolution qui s’élaborait au plan théorique dans les cercles du Illuminatenorden et de la Société des Philanthropes, très actifs à Strasbourg. Les thèses soutenues sous la présidence de J.-F. Ehrlen par Ph.-Fr. de Dietrich © (1767), J.-Fr. Herrmann © (1764), François Georges Ditterich © (1771) ou Henri-Léopold Wagner © (1770) sont significatives et mériteraient une étude particulière : elles témoignent de l’histoire des idées au temps où J. W. Goethe étudiait à Strasbourg.
En 1764 avait paru un ouvrage d’Ehrlen intitulé Institutions du droit public d’Allemagne. On en connaît une édition de 1766 cosignée avec Gérard de Rayneval © (Leipzig et Zullichau 1766, 496 p.) et une autre de 1771, mais cette fois sans le nom d’Ehrlen. En réalité ce manuel reproduit le cours traditionnel à Strasbourg et qui avait justifié, entre autres, la célébrité de Schoepflin et de C.G. Koch © à l’Institut d’études politiques.
Œuvres : De diis et deabus gentilium in s.s. memoratis 1750 ; De occupatione rerum immobilium I, 1756. Thèse élaborée sous la présidence de M. Silberrad ; De occupatione rerum immobilium, II, 1757 ; Programma ad orationem inauguralem, 1761 ; De protestate regis Romanorum, Institutions du Droit public d’Allemagne, 1764.
Registre décès et mariages de Saint-Pierre-le-Vieux ; il existe une correspondance entre Ehrlen et le directeur de la Bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris, l’historien Joseph Barre (1692-1764), Bibliothèque Ste Geneviève, Manuscrit 1156, E. Haag, La France protestante, 1853, p. 532 ; Berger-Levrault, Annales des professeurs des académies et universités alsaciennes 1523-1871, Nancy, 1890, p. 62 ; G. Knod, Die alten Matrikeln der Universität Strassburg, 1897-1902, I, 425, 501, 574, II, 600 ; Dictionnaire de biographie française, XII, 1970, 1158-1159; M. Thomann, « Strasbourg, capitale des Droits de l’Homme », Strasbourg, 1984, p. 45 à 54 ; cf aussi les Notices Blessig, Ditterich.
Marcel Thomann (1986)