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EGLES René

Auteur-compositeur-interprète, conteur en dialecte alsacien (PI) (★ Strasbourg 28.1.1939).

Fils d’Emile E., facteur des postes, et d’Elisabeth Schmidt. ∞ 13.2.1965 à Strasbourg Elisabeth Sottmann ; 2 enfants. Il a effectué ses années de scolarité primaire à Lingolsheim et à Ostwald, puis a été admis à l’Ecole Normale de Strasbourg Forêt-Noire dont il est sorti avec le brevet d’instituteur. Après plus de deux ans de service militaire en Algérie, il a fait une année de stage pour enseigner en classes pré-professionnelles de niveau (CPPN). Il a ensuite été nommé professeur d’enseignement général au collège Kléber. E. a fait partie de cette génération de jeunes chanteurs s’exprimant dans le dialecte maternel que l’on a commencé à entendre dans les années 70. Parti à la recherche du patrimoine alsacien, il a rapidement réalisé que sa prise de conscience le menait bien plus loin et qu’il ne pouvait revendiquer sa langue, son passé, sans lutter contre la défiguration des paysages, la pollution du Rhin ou la déforestation des rieds. Il a participé ainsi dans les années 70 tant en France qu’en Allemagne aux manifestations contre l’implantation de centrales nucléaires (Fessenheim, Kaiseraugst, Wyhl)) et pour la sauvegarde de la forêt de Marckolsheim. Sa rencontre avec André Weckmann ©, de quinze ans son aîné, dans ce contexte de combat écologique et de défense de la langue maternelle, a été déterminante. Tout en restant plus retenu que militant, il a été l’auteur de quelques classiques de ce qu’on a alors appelé le Protestsong. Le premier succès Umesunscht, pour rien a été composé en 1977. On lui doit de remarquables interprétations de poèmes d’A. Weckmann auquel il est resté très lié. Seul ou avec ses musiciens, il a parcouru l’Alsace et l’Alémanie transfrontalière, très sollicité par le public germanique qui trouvait dans ses chansons quelque chose dont il n’avait pas l’équivalent. « Ses chansons en dialecte strasbourgeois alternent tradition et actualité, humour et gravité, spontanéité et retenue, sous le signe d’une Alsace généreuse, lieu de rencontres, d’échanges et de convivialité » (A. Wackenheim ©). A partir de 1982, à la suite de la circulaire du recteur Deyon © qui avait instauré un enseignement optionnel de Langue et Culture Régionales, (LCR), E. a été détaché comme animateur en dialecte, fonction qu’il a occupée jusqu’à son départ à la retraite en 1994. Il a ainsi rendu visite aux enfants des écoles et des collèges d’Alsace pour chanter avec eux et leur faire découvrir ou redécouvrir la langue maternelle. En collaboration avec le Centre Régional de Documentation Pédagogique d’Alsace (CRDP), il a publié plusieurs cassettes, telles Enseigner l’allemand dans les programmes ou Apprendre la langue du voisin. Il a également déployé une grande activité pédagogique en Bade-Wurtemberg. Pendant de nombreuses années, il a produit pour FR3 des séries d’émissions pour enfants, Ich bin a kleiner Musikant, je suis un petit musicien, tout comme pour les chaînes allemandes, ZDF et SWF (par exemple, comment on fabrique des instruments de musique). Retiré à Pfulgriesheim où il a acquis une ferme, il s’implique dans la vie du village et intervient encore fréquemment tant en Alsace qu’en Allemagne. Celui qu’on a souvent qualifié de « Brassens alsacien » se définit plutôt comme ein Liedermacher, un compositeur de chansons ou ein sanfter Rebell, un doux rebelle. Sa poésie critique et engagée, à l’opposé de la poésie traditionnelle et folklorique, a fortement correspondu à la redécouverte des langues régionales. Par son talent de poète, son sens inné de la pédagogie, il a retrouvé et fait découvrir, par-dessus les frontières nationales, l’unité de l’aire alémanique. En ce sens, son engagement et son œuvre ont contribué à faire tomber des murs et à construire de part et d’autre du Rhin des ponts. Bretzel d’Or 1978, lauréat des Puys de Musique, du Printemps de Bourges 1987, du Alemanischer Rollwagen, premier prix Conteurs SWF-FR3. Chevalier dans l’ordre des palmes académiques.

Discographie : Umesunscht, 1977 ; Im Pfädel, 1979 ; Räjeböje, 1981 ; s Müenschter, 1984 ; Kinderliedle, 1985; Stumbenickele, 1986; Liedle fer’s ganze Johr, 1989; D’Schlappe, 1951; Wihnachstszit, 1954; Lon mich traime, 1995; Maikäfer fliej, 1997 ; Dis wär’s, 1997.

Bibliographie : Holderith Georges (sous la direction) : Poètes et prosateurs d’Alsace, une anthologie. Strasbourg, 1978 ; A. Wackenheim, La littérature dialectale alsacienne. Une anthologie illustrée, tome 5 : De 1945 à la fin du XXe siècle. Paris, 1993-2003, p. 9-27 et 241-244.

François Uberfill