Chartreux (★ Calcar 1328 † Cologne 1408).
Des études brillantes à Paris où il fût, en 1359, procureur de la nation anglaise, auraient permis à ce bachelier de théologie de faire une belle carrière dans l’Eglise. Chanoine à Saint-Georges de Cologne et à Kaiserswerth, il renonça en 1365 à ses bénéfices et se fit admettre à la Chartreuse colonaise. Il fut désigné trois ans plus tard pour diriger le couvent de Munnikhuizen près d’Arnheim, qu’il quitta pour devenir prieur de Roermond en 1373. Son expérience fut jugée suffisante en 1375 pour que lui fût confiée la mission de visiteur, poste qu’il garda pendant 20 ans. Prieur du couvent dans lequel il avait fait profession en 1377, il dut y affronter les difficultés créées par le schisme, et prit position en faveur de Clément VII. En 1384, on lui demanda de remplacer, à Strasbourg, Dietrich von Ernbecke, pieux, mais hésitant. Sa tâche, en Alsace, ne fut pas facile ; il s’occupa très soigneusement du temporel avec le concours du procureur Jean de Haguenau ; ses religieux ne lui rendaient pas l’existence agréable et la direction de la province crut devoir les admonester ; elle ne voulait pas que E., excédé par leur mauvaise humeur, donnât sa démission. Les charges, que comportait le priorat, lui pesaient en effet et, finalement, en 1395, il obtint le droit de se retirer dans son couvent de Cologne. Il y consacra les 13 dernières années de sa vie à la rédaction de divers ouvrages. Certaines de ses œuvres étaient de nature scientifique et devaient faciliter l’apprentissage du discours ou des principes juridiques. On lui doit également une histoire de l’ordre carthusien. E. est avant tout un maître spirituel qui a peut-être contribué à la conversion de Gérard Grote, le fondateur des Frères de la Vie commune. Il exerça certainement une influence sur la « dévotion moderne ». De ton modéré, sans renoncer cependant à l’émotion, il donne à ses lecteurs, dans ses sermons, ses conférences, ses recueils d’oraisons, ses poèmes et ses lettres, tout ce qu’il faut pour nourrir et guider la méditation. Le Tractatus de cottidiano holocausto spiritualis exercitii, qui lui a été souvent attribué, n’est probablement pas de lui. Il fut cependant l’un des chartreux allemands du XIVe siècle dont l’action fut la plus efficace.
M. Barth, Die Herz Jesu Verehrung im Elsass, Fribourg en Brisgau, 1928, p. 55 et s. ; R. Post, « H.E. von Kalkar en Geert Groote », Studia Catholica, 1946, p. 88-94 ; H. Rüthing, H. Egher von Kalkar, Goettingen, 1961.
Francis Rapp