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EGGESTEIN (ECKSTEIN) Heinrich

 

Garde-scel épiscopal et imprimeur (★ Rosheim vers 1415/20 † après 1483). ∞ Agnès, sœur de Michael Ochsenstein (er), curé de Sélestat, et sans doute fille de Ochsenstein, prévôt du grand chapitre de Strasbourg. E. étudia à l’Université de Louvain à partir de 1435 et fut promu maître ès arts en 1438. Cette même année sa présence est attestée à Strasbourg en même temps que celle de son frère Syfrid et d’un parent, Heinrich, summissaire du Grand Chœur. Il possédait un immeuble rue Thomann et une autre rue des Pucelles. Selon F. Ritter, E. fut engagé en 1440 comme garde-scel par l’évêque Robert. En 1442, E. est mentionné dans le Helblingzollbuch comme Nachconstofler en même temps que Gutenberg qui séjournait à Strasbourg depuis 1434. Le 17.5.1442 E. acquit la bourgeoisie à Strasbourg. Il y renonça le 30.8.1457 pour la racheter de nouveau le 9.8.1459. A la suite de contestations avec l’évêque Robert, il fut remplacé en 1455 comme garde-scel par Peter Streub (ou Stroib). Il s’ensuivit un long procès entre ce dernier et E. En 1461, celui-ci fut rétabli dans ses fonctions. Mais le procès contre Streub continua, puisqu’en 1465 l’évêque demanda au Magistrat de remettre à Streub les pièces à l’appui dont celui-ci avait besoin pour sa défense. E. resta garde-scel jusqu’en 1464. E. fut encore mêlé à d’autres procès : en 1467 contre Reinbolt Vœltsch au sujet de la succession de feu son beau-frère Michael Ochsenstein ; en 1471, avec Hans de Rosheim contre Hans Klinger, Ott Wolf et Joerg Pühl wegen einer Schulden halb : en 1472, avec Diebolt von Bolsenheim contre des habitants de Schaeffersheim, sujets du margrave de Bade. Ces procès semblent prouver qu’E. avait un caractère difficultueux et autoritaire et qu’il avait une haute opinion de lui- même. Parallèlement à ses fonctions de garde-scel, E. s’intéressa beaucoup au nouvel art de l’imprimerie. Il n’est pas impossible qu’il ait séjourné à Mayence entre 1457 et 1459 encore qu’aucun document n’atteste cette présence. En tout cas, dès son retour à Strasbourg E. exploita en commun avec Johann Mentelin © un atelier d’imprimerie et en posséda un personnellement au moins à partir de 1464. Le 31 mars 1466 le comte palatin Frédéric délivra à E. et à son personnel de service une lettre de protection (Schirm-und Versprechbrief), moyennant paiement d’une taxe de protection (Schirmgeld) au maître des rentes (Zinsmeister) de Haguenau. Son activité comme imprimeur s’étendit jusqu’en 1483. Son premier livre, la monumentale Bible latine à 45 lignes sur 2 colonnes, fut mise en vente à partir du printemps 1466. Parmi les autres imprimés sortis des presses d’E., la plupart à caractère théologique, signalons la Biblia germanica (avant 1470), les Decretales de Grégoire IX (vers 1468), le Décret de Gratien (1470), te Liber de remediis utriusque fortunae d’Adrien le Chartreux (1470), les Institutiones de Justinien (1472), les Meditationes vitae J. Christi de Ludolphe de Saxe (1474), l’Historia ecclesiastica d’Eusèbe (s.d.), le De officiis de Cicéron (1472), l’Ane d’or de Lucien (vers 1479), plusieurs calendriers (1477, 1478 et 1480), une bulle de Sixte IV au profit du monastère de Hohenbourg-Sainte-Odile (1480), une autre au bénéfice de l’église de Sélestat (vers 1483), dernier imprimé connu d’E. La Bibliothèque universitaire de Strasbourg possède 31 publications d’E. Dans ses imprimés, E. se servit souvent de caractères rouges, technique empruntée à Peter Schoeffer de Mayence. Quant aux illustrations de son Ane d’or, elles sont copiées sur celles dont L. Hohenwang avait orné son Ane d’or, paru à Augsbourg vers 1477. Les culs-de-lampe des calendriers ainsi que les grandes initiales employées par E. sont bien son œuvre. Pour faire connaître ses ouvrages E. publia à partir de 1478 des réclames publicitaires. Elles sont les plus anciennes du genre et dénotent d’une grande suffisance de caractère à l’instar d’ailleurs des textes qui terminent d’ordinaire ses livres. Selon F. Ritter, E. aurait, vers la fin de sa carrière, accumulé des dettes, notamment envers le Bâlois Gallicion, son fournisseur de papier. On ignore où se rendit E. en 1483 après avoir renoncé à son droit de bourgeoisie.

AMS , AA 215 n° 4 (20.1.1471) et n° 11 (19.11.1472) ; AA 1508 f° 4 (2.2.1460) ; AA 1516 f° 38 (1465) ; AA 1805 f° 3 (1473) ; Série IV 1/34 ; 8/4 (6.1.1461) ; 12 f° 198rv et 16/46 ; Vol. 856 f° 233r° (1441), f° 234r° (1451) et 236r° (1467) ; Chambre des Contrats t. 4 f° 192, t. 7 f° 197v- 198r ; AST 176 f° 299r et 627 f° 282. GLA. Ka 67/814,1425.

Ch. Schmidt, Zur Geschichte der ältesten Bibiotheken und der ersten Buchdrucker zu Strassburg, 1882 ; Sitzmann I, 421-423 ; K. Schorbach, Der Strassburger Frühdrucker Johann Mentelin, 1932, p. 38 s. ; E.v. Rath, « Die Anfänge des Buchdrucks in Strassburg », Zentralblatt für Bibliothekswesen, 57, 1940 p. 240 s. ; F. Ritter, Histoire de l’imprimerie alsacienne aux XVe et XVIe s., Strasbourg 1955 p. 36 s. (avec bibliographie) ; E. Geldner, « Unbekanntes vom ältesten Strassburger Buchdruck und Buchhandel », Börsenblatt für den deutschen Buchhandel, Jg. 12, n° 38a, 14.5.1956, p. 629- 636 ; NDB IV, 1959, 336 (avec bibliographie) ; P. Levresse, L’officialité épiscopale de Strasbourg, 1972, p. 269-270 ; E. Geldner, « Eggesteiniana », Festschrift H. Widmann, 1974, p. 52-69 ; G. Keil, « Heinrich Eggestein », Die deutsche Literatur des Mittelalters : Verfasserlexikon, 1980, t. 2 col. 371-377 (importante bibliographie) ; EA V, 1983, 2646-2647.

François Joseph Fuchs