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EGENOLFF Christian

Imprimeur (★ Hadamar ou Offheim près de Limburg an der Lahn 26. 7. 1502 † Francfort 9. 2. 1555).

Fils (ou neveu?) de Paul ou de Hans E. On ne possède pas de renseignements sur ses origines et sa jeunesse. Il a étudié à l’Université de Mayence vers 1516/19 en même temps que son ami Justin Gobler de St. Goar. On suppose qu’il séjourna à Strasbourg à partir de 1524 et qu’il travailla peut-être comme fondeur de caractères chez l’imprimeur Wolfang Koepfel jusque vers 1527 où parut le premier imprimé sous son propre nom. Entre 1527 et 1530, année de son départ pour Francfort, il publia 45 ouvrages à caractère populaire et en langue allemande. Arrivé vers l’automne 1530 à Francfort où il n’y avait pas encore d’imprimeur, il se lia d’amitié avec Jacob Micyllus, recteur de l’école des Franciscains, qui le mit en rapport avec l’Université de Marburg et avec Philippe Melanchton. Son atelier d’imprimerie connut rapidement un grand essor, sans doute dû au caractère folklorique et populaire de ses publications, mais aussi à la richesse de l’illustration. Une partie des bois utilisés furent gravés par Hans Sebald Beham. D’autres furent repris de la succession de Heinrich Steiner d’Augsbourg, d’autres encore de Heinrich Köbel. E. reproduisit parfois des œuvres parues chez d’autres imprimeurs, ce qui lui attira plusieurs procès pour plagiat. Ainsi, après avoir publié un Kräuterbuch dont les illustrations furent reprises de l’œuvre de Brunfels ©, l’imprimeur Johann Schott lui intenta un procès pour contrefaçon. De même E. fut mêlé à la querelle née entre le botaniste Leonhart Fuchs et Walther H. Ryff, querelle qui entraîna la publication de nombreux pamphlets. Ces contestations laissent une image dommageable à la réputation d’E. Mais on peut faire valoir pour sa défense que la jurisprudence en matière de protection des droits d’auteur n’était alors qu’en gestation. En 1538 le landgrave de Hesse invita E. à installer une imprimerie à Marbourg. Elle fut dirigée par Andreas Kolbe à partir de 1543 et devint par la suite imprimerie de l’Université. Vers cette époque E. acquit un moulin à papier à Gengenbach, Bade, d’où il acheminait par bateau le papier à Francfort. A l’exception de la reliure, E. réunit ainsi entre ses mains toutes les branches touchant son activité professionnelle : la fabrication du papier, la fonte des caractères – selon Mori, celle-ci aurait été fortement inspirée de Froben, imprimeur et fondeur de caractères à Bâle -, l’impression, l’édition et la commercialisation de la production de livres. L’activité d’E. est caractérisée par la formation humaniste, la variété du programme d’édition et surtout par les soins apportés au livre illustré. E. fut le premier dans la série des imprimeurs et éditeurs à contribuer dès le XVIe s. à faire de Francfort le plus important centre d’impression. Le nombre des ouvrages imprimés par E. à Francfort s’élève à près de 430. Parmi les imprimés sortis des presses de Strasbourg signalons un traité sur les armes à feu (Büchsenmeisterei, Von Geschoss, Büchsen, Pulver, Salpeter und Feuerwerck…, 1529), un livre sur l’astronomie (Des weitberümten M. Johannen Künigspergers Natürlicher kunst der Astronomei kurtzer begriff..., 1528 et 1529), une brochure sur l’art de distiller de Michael Schrick (Auss gebrennte und distillierte wasser, wie sie zu iedens gebresten des Menschen leibs… dienen, 1530), un manuel de géométrie de Johann Vögelin (Elementale geometricum, 1529). E. imprima également des œuvres de S. Franck, J. et A. Lonicer, E. Sarcerius, J. Dryander, E. Rösslin et J. Spangenberg entre autres.

 

H. Grotefend, Christian Egenolff der erste ständige Buchdrucker zu Frankfurt a. M. und seine Vorläufer, Francfort, 1881 ; J. Benzing ; « Christian Egenolff zu Strassburg und seine Drucke (1528 bis 1530) », Das Antiquariat, 10. Jg. nos 7/8, avril 1954 (avec bibliographie) et 11. Jg. nos 11/12, juin 1955; N. Bridgman, « Christian Egenolff, imprimeur de musique », Annales musicologiques, t. 3, 1955, p. 77-177 ; F. Ritter, Histoire de l’imprimerie alsacienne aux XVe et XVIe s., Strasbourg, 1955, p. 314-315 et 529 n° 231; NDB IV, 1959, 325- 326 avec bibliographie ; G. Richter, « Christian Egenolffs Erben 1555-1667 », Archiv für Geschichte des Buchwesens, t. 7, 1967, col. 449-1130 (principalement col. 454-464); Dictionnaire de la musique, Paris, 1979, p. 311 ; M. Usher-Chrisman, Bibliography of Strasbourg imprints 1480-1599, New Haven, 1982 ; id., Lay culture, learned culture…, New Haven, 1982; J. Benzing, Die Buchdrucker des 16. und 17. Jh. im deutschen Sprachgebiet, 2e édition, Wiesbaden, 1982, p. 120, 211, 324 et 442.

 

François Joseph Fuchs