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ENSINGEN Ulrich von

Maître d’œuvre de la cathédrale de Strasbourg (★ Einsingen près d’Ulm ou à Oberensingen près de Nürtingen vers 1350/60 † Strasbourg 10.2.1419). Signa en 1392 un contrat de travail de cinq ans avec la ville d’Ulm relatif à la construction de la cathédrale de cette ville, contrat prolongé à vie après qu’il fut venu à échéance. De 1394 à 1395. Ensingen séjourna pendant quelques mois à Milan comme maître d’œuvre. Lorsqu’en 1399, à l’occasion de la réorganisation de l’Œuvre Notre-Dame, le maître d’œuvre en fonction Claus von Lohre fut déposé par le Magistrat de Strasbourg, ce dernier fit appel au maître d’œuvre d’Ulm qui venait de dresser les plans de la magnifique tour de l’église de cette ville. Ensingen s’établit à Strasbourg et cumula désormais jusqu’à sa mort les fonctions de maître d’œuvre dans les deux villes. La ville d’EssIingen fit également appel à lui pour la construction de l’église Notre-Dame. En 1414 il séjourna quelque temps à Bâle où il dressa les plans de la tour nord (Georgsturm) de la cathédrale de cette ville. À Strasbourg Ensingen réalisa la tour octogonale du côté nord de la plateforme, doublant ainsi la hauteur de l’édifice. Le dessin sur parchemin, conservé à l’Œuvre Notre-Dame en représente les coupes horizontales. Au revers, l’architecte avait préalablement dressé le plan des étages inférieurs à différents niveaux. Ceci lui permit de voir par transparence les pleins et les vides et de déterminer ainsi la superposition de sa construction. Quant au dessin d’élévation de la tour, qui ne mesure pas moins de 4,70 m de haut, il est conservé au Musée historique de Berne où l’avait emporté son fils Matthäus, lorsqu’en 1420, celui-ci fut nommé maître d’œuvre de l’église Saint-Vincent. Ensingen cantonna l’octogone de quatre tourelles, munies d’escaliers – nouveauté de sa conception – et reliées à l’édifice principal au niveau de la première galerie. L’une des tourelles comporte même un escalier à double révolution permettant à deux personnes de se croiser sans se rencontrer ! Lorsque Ensingen mourut, les travaux étaient achevés jusqu’au pied de la flèche. En effet, on trouve à cette hauteur encore les traces de la marque du maître : un U renversé, tel qu’il est gravé au-dessous de l’effigie accroupie de l’architecte sur la balustrade de la première galerie. Le génie de l’architecte se manifeste dans la légèreté et l’élégance qu’il a su donner à l’immense ossature admirablement ajourée.

F. X. Kraus, Kunst und Alterthum im Unter-Elsass, 1876, p. 385-386 ; Repertorium für Kunstwissenschaft, V, 1882, p. 274-275 ; F. Carstanjen, Ulrich von Ensingen, Ein Beitrag zur Geschichte der Gothik in Deutschland, Munich, 1893 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 446 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, X, 1914, 563-565 ; G. Dehio, Das Strassburger Münster, Munich, 1922, p. 27-29 ; ELJb, 1932, p. 312 ; 1936, p. 70- 79, 85, 86 ; 1939, p. 106-109 ; O. Kletzl, « Das Fruhwerk Ulrichs von Ensingen », Architectura I, 1933, p. 170 ; O. Kletzl. Planfragmente aus der deutschen Dombauhütte von Prag in Stuttgart und Ulm, 1939 (Veröff. des Archivs der Stadt Stuttgart, H.3) ; Bulletin des Amis de la cathédrale de Strasbourg, 1939, p. 15-40 ; 1960, p. 22-23 ; Neue Deutsche Biographie, IV, 1959, 537-538 ; L. Mojon, Der Münsterbaumeister Matthäus Ensinger, Inaug-Diss., Bern, 1967 ; R. Recht, « Dessins d’architecture pour la cathédrale de Strasbourg », L’Oeil, juillet 1969, p. 26-33 ; H. Reinhardt, La cathédrale de Strasbourg, 1972, p. 83-85 ; La cathédrale de Strasbourg, Publitotal Strasbourg, 1973, p. 79-83 ; B. Schock-Werner, Das Strassburger Münster im 15. Jh., Köln, 1983, p. 121-141, 268 ; Encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, p. 2775-2776.

 

Monique Fuchs (1986)