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ECK Jean

Théologien (★ Egg an der Günz 13.11.1486 † Ingolstadt 10.2.1543).

Ce fils de paysan fit ses études aux universités de Heidelberg, Tübingen, Cologne et Fribourg en Brisgau, où, en 1510, il coiffa le bonnet de docteur en théologie. La même année, il fut appelé par l’Université d’Ingolstadt à prendre la succession de Georges Zwingel. Il garda cette chaire toute sa vie durant. Il fit preuve d’une grande ouverture d’esprit, se lia d’amitié avec des humanistes renommés et s’efforça d’obtenir l’assouplissement de la législation canonique en matière de prêt à intérêt. E. est connu principalement comme adversaire de Luther. Les premières escarmouches eurent lieu dès 1518 ; aux observations d’E., appelées « Obélisques » par le docteur de Wittenberg, ce- lui-ci répondit par des « Astérisques ». La passe d’armes décisive eut lieu en juillet 1519 à Leipzig et dura cinq jours. E. fit partie de la commission qui, à Rome, prépara la bulle de condamnation Exsurge Domine, l’année suivante. Une satire très mordante, intitulée Eccius dedolatus (Eck raboté), l’avait durement malmené. Il s’engagea résolument dans la polémique, rédigeant divers ouvrages de controverse, en particulier l’Enchiridion locorum communium (1525) et le De sacrificio missae (1526). Il croisa le fer avec les réformateurs suisses à Baden (1526) et fut l’un des catholiques chargé de réfuter la Confession d’Augsbourg et la Tétrapolitaine (1530). Il prit part aux colloques de Worms (1540) et de Ratisbonne (1541). Deux ans plus tard, il mourut à Ingolstadt, sans avoir interrompu l’activité pastorale qu’il n’avait jamais négligée depuis sa nomination à la tête de la paroisse de Notre Dame. La prédication avait fait l’objet de tous ses soins. En effet, Geiler de Kaysersberg avait fait sur le jeune théologien une impression inoubliable. Il se souvenait à la fin de sa vie encore de l’accueil que le prédicateur avait accordé, en 1508, à un « pauvre jeune homme, venu de loin ». C’était sans doute ces sentiments de vénération qui avaient incité E. à se faire ordonner à Strasbourg le 13.12.1508. Il revit celui qu’il considérait comme son père spirituel et dont il se glorifiait d’avoir été l’ami, à Fribourg, quand peu de temps avant de mourir Geiler revint dans la ville où il avait été professeur (1510). E. fit éditer par Grüninger en 1512 des sermons prononcés par Geiler sous le titre de Schiff des Heils (Le vaisseau du salut). A l’occasion de son passage à Strasbourg, en 1508 il avait rencontré quelques-uns des meilleurs humanistes rhénans, Rhenanus, Brant, Wimpheling, Ringmann et Gebwiller. Il tint à le rappeler, en 1543 encore, dans la Replica destinée par ce défenseur du catholicisme à Martin Bucer.

 

W. Klaiber, « Johannes Eck und Geiler von Kaysersberg », Freiburger Diözesanarchiv, 1980, p. 248-253 ; E. Iserloh, Johannes Eck (1486-1543), Scholastiker, Hu- manist, Kontroverstheologe, Munster, 1981.

Francis Rapp