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DUPONT Sébastien

Avocat auprès du Conseil souverain d’Alsace, homme de lettres, surtout connu comme ami de Voltaire (? Nancy (?) vers 1712 † Colmar 17.8.1782). ? X. Callot, fille d’un greffier en chef de la Cour souveraine et petite-nièce du peintre Jacques Callot, dont il aurait eu au moins 6 enfants. Reçu avocat à la cour de Lorraine-Barrois en 1736, Dupont s’installa peu après à Colmar où il fut agrégé au barreau du Conseil souverain. À plusieurs reprises syndic, puis bâtonnier de son ordre, il est un des auteurs d’un mémoire au chancelier en 1779 à la suite d’incidents entre le barreau et la magistrature (affaire Hermann). Dupont était aussi l’homme de confiance de plusieurs princes allemands possessionnés en Alsace, en particulier la maison de Deux-Ponts et le duc de Wurtemberg. Féru de belles lettres, il semble avoir joui d’une réputation de bel esprit et d’érudit dont s’est fait l’écho Dom Sinsart © dans son traité sur l’Immatérialité de l’âme. D’esprit peu conformiste, souffrant quelque peu de la rigidité de son cadre professionnel, il avait pour Voltaire une admiration éperdue. Lorsque le philosophe vint à Strasbourg en août 1753, Dupont lui adressa des vers très laudateurs et assez bien tournés. Voltaire ayant manifesté le désir de venir à Colmar pour règler ses affaires d’argent avec le duc de Wurtemberg, Dupont lui procura un gîte chez Mme Goll. Le séjour du maître se prolongeant, Dupont se multiplia à son service. Après le départ de Voltaire pour les Délices, la correspondance des deux hommes se poursuivit durant deux décennies. Voltaire semble avoir éprouvé une sympathie très réelle pour son admirateur colmarien qui, en outre, lui était bien utile par ses relations locales. Il était surtout l’intermédiaire entre Voltaire et le duc de Wurtemberg, débiteur du philosophe pour une somme rondelette. Dupont correspondait également avec Mme Denis et avec le secrétaire Collini. Le poste de Schultheiss (approximativement traduit en français par prévôt) de Munster s’étant trouvé vacant au début de 1755, Dupont qui avait de lourdes charges de famille le brigua et fit appel à la recommandation de son illustre ami. Voltaire prit l’affaire très à cœur, envoya au ministre d’Argenson une supplique dont subsistent seulement deux vers : « rendez heureux l’avocat qui m’engage, donnez-lui la grandeur d’un prévôt de village ». À un collaborateur du ministre il dépeint Dupont comme « un homme qui sait par cœur notre histoire de France… le seul homme de lettres du pays… le meilleur avocat et le moins à l’aise, chargé de six enfants… ». Il ajoutait « il est assurément très indifférent à M. d’Argenson que ce soit Dupont ou un autre qui soit prévôt de ce village appellé ville impériale ». Effectivement le ministre laissa faire les autorités locales et le poste échappa à Dupont que desservait sans doute son ignorance du dialecte.

Voltaire, Correspondance générale, t. 23 et suiv. (années 1753 à 1776) ; Lettres inédites de Voltaire, de Madame Denys et de Collini adressées à M. Dupont, avocat au conseil…, Paris, 1821 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de lAlsace, Rixheim, t. I, 1909, p. 406 ; F. Heitz, Le barreau de Colmar, 1712-1870, Colmar, 1932, p. 264-280 (F. Heitz a utilisé un exemplaire de Lettres inédites annoté par un descendant de Dupont) ; E. Kieffer, « De la vie et la mort de M. de Voltaire à Colmar », Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, 1953.

Jean-Yves Mariotte (1985)