Professeur et vicaire général constitutionnel à Strasbourg, (C) (? Heppenheim, R.F.A. 11.6.1758 † Paris avril 1819).
Fils d’Étienne Dorsch, greffier, puis conseiller à la Cour (Hofrat), et de Jeanne Serrarius. ? 18.8.1793 à Strasbourg, Anne Catherine Thekla Strohmeyer, de Mayence. Formation à Mayence, au Gymnase et à l’Université (théologie) où les enseignants étaient acquis aux idées de l’Aufklärung. Dès 1775/76, Dorsch avait 17 ans, il fait imprimer des vers qui déjà témoignent d’un esprit peu bien pensant. Fait docteur en théologie (1770) et nommé vicaire au village de Finthen, Dorsch poursuivit des études de théologie et de philosophie et passa deux ans à Paris, grâce à une bourse du prince électeur. Docteur en philosophie en 1784, il fut nommé, en 1785, professeur de logique et de philosophie à l’Université de Mayence où il se déclarait disciple de Kant tout en reconnaissant les mérites de Bacon, Locke, Descartes, Leibniz, Wolff, Mendelssohn, Sulzer, Lessing ou Garve. Dès cette époque Dorsch faisait partie du groupement secret dit des Illuminés (Illuminatenorden) sous le pseudonyme de Ptolemäus Lathurus. Plus tard, sous la Révolution, il n’a pas caché son admiration pour cet ordre secret… « qui comptait l’élite des Allemagnes dans ses rangs », en le distinguant nettement des partisans du charlatanisme de Cagliostro © qui prétendaient eux aussi être « illuminés ».
Les doctrines philosophiques « éclairées » de Dorsch heurtaient évidemment les milieux catholiques « conservateurs », et ses écrits furent interdits à Mayence (1789), l’année même où il bénéficia d’un canonicat à la fondation Saint-Marc de Heiligenstadt. En 1790 on envisagea pour lui un poste de professeur de philosophie kantienne à Goettingen, mais c’est à Strasbourg que finalement il fut appelé, en qualité de vicaire général de l’évêque Brendel ©, chargé d’enseigner la morale au Grand Séminaire (automne 1791). Dorsch avait, en plus des cours publics, annoncé des cours privés sur la philosophie critique de Kant. Ses débuts strasbourgeois furent marqués par le serment prêté à la Constitution et un sermon sur le thème de la liberté. Dorsch n’enseigna que peu de temps et concentra bientôt son activité sur le travail administratif diocésain et l’activité politique dans les Clubs. Adhérent de la Société des amis de la Constitution puis du Club des Jacobins, il prononça le 26.10, 1791, et avec grand succès, une conférence imprimée par la suite, sur l’« histoire de l’amour de la patrie ». Durant son séjour strasbourgeois Dorsch se préoccupa entre autres de la mise en place – au plan national – de « collèges pour l’instruction des maîtres d’école dans chaque département du royaume ». Le Mémoire qu’il avait soumis sur ce sujet lui valut des encouragements et les félicitations de Lacépède, président du Comité de l’Instruction publique. Quelques années plus tard J.-G. Arnold © reprit ce projet d’écoles normales. En août 1792 les Commissaires Carnot, Prieur et Ritter le nommèrent au Conseil du département. Mais dès le 3.11.1792 Dorsch retourna à Mayence qui venait d’être occupée par les Français, milita au Club des Jacobins de cette ville et fut nommé par Custine président de l’administration provisoire des territoires occupés (19.11.1792) et membre du convent rhénan. Lorsque Mayence fut assiégée par les Prussiens Dorsch put s’en échapper (30.3.1793) et rejoignit Paris où il occupa un poste au ministère des Affaires extérieures. Outre son activité dans les bureaux, il fut chargé de missions diplomatiques et parallèlement mena campagne dans la presse pour l’annexion à la France des pays de la rive gauche du Rhin. En 1798 il fut nommé commissaire du Directoire près l’administration centrale du département de la Roer. En cette qualité il fonda le club de la réunion (Vereinigungszirkel) à Aix-la-Chapelle. Il fut sous-préfet de Clèves (an XII). On le retrouve avec le titre de directeur des droits réunis dans le département du Finistère en 1805, puis directeur du même service à Munster, R.F.A. Après la réoccupation de ces territoires par les Alliés, il se réfugia à Paris où il mourut.
Œuvres : On trouvera la bibliographie complète des oeuvres de Dorsch dans Gass cité ci-dessous, p. 91-94 ; les plus importantes sont : Beiträge zum Studium der Philosophie, Mainz u. Frankfurt, 1787-1791, 7 volumes; Eintritt in das Reich der Freiheit, Strasbourg, 1791, 1 vol. ; Geschichte der Vaterlandische, eine patriotische Rede, Strasbourg, 1791 ; Projet d’établissements pour former dans chaque département les instituteurs des écoles primaires, par le citoyen Dorsch, s.l.n.d. (1792) ; Recueil de discours patriotiques, Aix-la-Chapelle, s.d. ; Statistique du département de la Roer, Cologne, an XII ; Ueber die Freiheit, eine Predigt… gehalten bei Ablegung seines Eides, Strasbourg, 1791 ; Ueber die Würde der Moral und die Methode sie zu studieren, ein Programm, Strasbourg, 29 novembre 1791.
Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. I, 1909, p. 396 ; Dictionnaire de biographie française, XI, 614 ; Allgemeine deutsche Biographie, V, p. 361-363 ; Neue Deutsche Biographie, IV, 1959, p. 85-86 ; Mathy, « A. J. Dorsch, 1758-1819. Leben und Wirken eines rheinischen Jakobiners. Zugleich ein Beitrag zur Geschichte der Mainzer philosphischen Fakultät am Ende des XVIII. Jahr », Mainzer Zeitschrift, 1967, p. 1-55 ; J. Gass, Konstitutionnelle Professoren am Strassburger Priesterseminar, 1916, p. 32 à 52 (toujours utile) ; J. Hansen, Quellen zur Geschichte des Rheinlandes im Zeitalter der franzôsischen Révolution, 1931 (précieux) ; H. Molitor, « Deutsche Publizistik in Paris und Strassburg unter dem Direktorium und Napoleon », Francia, 1970, p. 409-420 ; H. Molitor, Deutsche Jakobiner, t. I, 1981, p. 173-175.
Marcel Thomann (1985)