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DOLLINGER Philippe Jean

Historien (? Strasbourg 1.12.1904).

Fils de Ferdinand Dollinger ©. ? 27.11.1948 Yvette Léonard († 25.7.1962). Frère de Laurent Dollinger ©. Élève du Lycée Fustel de Coulanges, Dollinger fut étudiant en histoire à l’Université de Strasbourg où il eut pour maîtres Lucien Febvre, Marc Bloch et Charles Edmond Perrin. Ces deux derniers l’ont particulièrement influencé, Bloch par son enseignement et ses conseils, Perrin par l’exemple de ses propres recherches dans les censiers médiévaux. Une parfaite connaissance de l’allemand mettait Dollinger à même d’aborder l’histoire sociale et économique du Saint-Empire, sujet alors très neuf pour l’Université française. Professeur agrégé (1931) Dollinger enseigna l’histoire aux lycées de Colmar (1931-1932), Reims (1934-1935) et Strasbourg (1935-1937). La guerre le trouve à Janson de Sailly à Paris. Cependant il avait pu effectuer un long séjour à l’Institut français de Berlin (1932-1934) et des recherches approfondies dans les archives bavaroises. Au lendemain de la guerre, il soutint en Sorbonne en 1947 sa thèse sur l’Évolution des classes rurales en Bavière depuis la fin de l’époque carolingienne jusqu’au début du XIIIe s. Il avait donné des cours à la Sorbonne à partir de 1943. Revenu à Strasbourg en 1945 il y occupa aussitôt la chaire d’histoire d’Alsace et assura à partir de 1949 la direction de l’Institut d’études alsaciennes. D’autre part, il avait été nommé directeur des archives et de la Bibliothèque municipales à compter du 1.1.1949. Il occupa ces diverses fonctions jusqu’à sa retraite (1974). Il a en outre présidé jusqu’en 1984 la Société académique du Bas-Rhin et la Société Savante d’Alsace. L’œuvre historique de Dollinger est restée conforme à ses premières orientations, avec cependant une prédilection croissante pour les problèmes démographiques (population de Paris et de Strasbourg) et pour l’histoire urbaine. Son livre sur la Hanse (1964) fut une révélation pour beaucoup, qui pouvaient croire le sujet épuisé. En fait l’historiographie allemande elle-même avait été intimidée par son ampleur et avait reculé devant une synthèse. D. offre « un tableau singulièrement net et complet… d’une objectivité un peu sèche, mais sereine » (J.-F. Bergier, Revue suisse d’histoire). Avec son ami R. Folz, Dollinger a fait régulièrement connaître aux lecteurs francophones de la Revue historique l’essentiel de la production historique de langue allemande sur le moyen âge. C’est dans le même esprit que Dollinger s’est tourné vers l’histoire d’Alsace, dirigeant deux histoires générales de la province et participant à la récente histoire de Strasbourg. Il n’a pas hésité d’autre part, utilisant ses propres souvenirs ou traditions familiales, à aborder l’histoire plus récente (Louis Spach, Pierre Bucher, René Bazin, Marc Bloch). Il a présidé la Régionale de l’Association des professeurs d’histoire et de géographie de l’enseignement public. Comme directeur des archives et de la Bibliothèque, Dollinger eut à coordonner l’activité de deux institutions voisines, pénétrées chacune de ses traditions parfois séculaires, longtemps forcées à cohabiter dans un local inapproprié. Les archives s’ouvrirent vers le public savant en achevant la publication du premier livre de bourgeoisie (Ch. Wittmer et Ch. Meyer) et en diffusant une longue série d’inventaires (Raeuber puis Fuchs) ; la bibliothèque, à partir de 1965, essaima vers des annexes (Meinau, Canardière) en attendant son propre transfert dans le bâtiment rue Kuhn. Dollinger, qui avait donné tous ses soins aux études préliminaires et à la nouvelle construction, assista à l’inauguration peu de mois après avoir passé la main.

L’évolution des classes rurales en Bavière depuis la fin de l’époque carolingienne jusqu’au milieu du XIIIe s., Strasbourg 1 949 (thèse principale) Trad. allemande Munich, 1982 ; La transformation du régime domanial en Bavière au XIIIe s. d’après deux censiers de l’abbaye de Baumburg, Strasbourg 1949 (thèse complémentaire). Résumé dans Le Moyen Age 66, 1950 ; Strasbourg du passé au présent, Strasbourg, Dernières Nouvelles d’Alsace, 1962, 2e éd. 1972 ; La Hanse Xlle-XVIIe s., Paris, Aubier 1964, 2e éd., 1970, Trad. all. Stuttgart, Kröner, 1966, néerl. Utrecht 1967, angl. Londres 1970, polonaise Gdansk 1975 ; Histoire de l’Alsace (Direction), Toulouse, Privat 1970 ; Documents d’Histoire de l’Alsace, Toulouse Privat 1972 ; Histoire de l’Alsace, t. 2, Le haut moyen âge, Wettolsheim. Mars et Mercure, 1976 ; L’Alsace de 1900 à nos jours (Direction), Toulouse, Privat, 1979 ; L’art en Alsace, S.A.E.P. Colmar-lngersheim, 1980 ; Toute l’Alsace. L’histoire, préhistoire et moyen âge, Wettolsheim, Éditions Mars et Mercure, 1983. Les articles les plus caractéristiques de Dollinger ont été reproduits sous le titre Pages d’histoire, France et Allemagne médiévale, Alsace, Strasbourg 1977, Association des Publications près les Universités de Strasbourg, Coll. Institut des Hautes Études alsaciennes, XXV.

Nouveau dictionnaire national des contemporains, t. 2, 1963, p. 200, t. 3, 1964, p. 294 (avec portrait) ; Who’s’who in France, 1977-78, p. 584.

Philippe Dollinger et Jean-Yves Mariotte (1985)

Complément :

† Strasbourg 14.9.1999

François-Joseph Fuchs, « In Memoriam Philippe Dollinger (1904–1999) », Revue d’Alsace, 126 (2000), p. 6–8.

Philippe Legin (juin 2018)