Prêtre, journaliste et homme politique, (C) (★ Triembach-au-Val 25.5.1867 † Villé 3.9.1940).
Fils de Jean Joseph Didio, instituteur, et d’Anne-Marie Nusbaumer. Études au Grand Séminaire de Strasbourg. Ordination le 10.8.1890. Vicaire à Saint-Martin de Colmar de 1890 à 1891. De 1891 à 1895, il poursuivit ses études à l’Université de Wurzbourg, où il fut l’élève du célèbre apologiste, Herrman Schell. Après son doctorat, il fut successivement vicaire à Saint-Georges de Haguenau (1895-1904), professeur de religion au lycée de Haguenau (1904-1909) et aumônier des prisons à Strasbourg (à partir de 1909). Dès 1902, il était partisan du ralliement des catholiques au Zentrum allemand et répliqua par une série d’articles dans l’Elsässer à la fameuse brochure de Wetterlé ©, Irons-nous au Centre ?, où ce dernier se prononçait contre le ralliement. Didio fut particulièrement actif dans les milieux étudiants et les milieux de la jeunesse catholique. Il favorisa la diffusion du Windthorstbund en Alsace-Lorraine et en fut le premier président régional en 1912. Lors d’une élection complémentaire, en juin 1913, il fut élu député à la seconde Chambre du Landtag d’Alsace-Lorraine pour la circonscription de Brumath. Membre du conseil d’administration du quotidien catholique de Strasbourg, l’Elsässer, il devint, en 1914, président de l’Elsass-Lothringische Pressegesellschaft, fondée pour soutenir l’essor de la presse catholique. À la veille de la guerre, il représentait au sein du Centre alsacien-lorrain le courant favorable à une collaboration plus étroite avec les catholiques allemands et à un rattachement au Zentrum. Correspondant de la Kölnische Volkszeitung, il y publia en 1916-1917 des articles favorables à l’incorporation de l’Alsace à la Bavière. Lors des séances secrètes de la Commission budgétaire du Landtag d’Alsace-Lorraine en 1916, 1917 et 1918, il protesta vigoureusement contre la dictature militaire et condamna la politique de germanisation linguistique. En octobre 1918, Didio participa activement à la propagande en faveur de la neutralité de l’Alsace-Lorraine. Il accepta le sous-secrétariat d’État à l’Instruction publique et aux Cultes dans le ministère de transition formé par Charles Hauss ©, le 1.11.1918. Aux séances du Conseil National d’Alsace-Lorraine, en novembre 1918, il soutint la proposition de déclaration Ricklin © qui posait comme condition à un retour à la France le respect des traditions et institutions religieuses, scolaires et administratives de l’Alsace-Lorraine. Après le retour de l’Alsace-Lorraine à la France, il fut tenu à l’écart de la vie politique, malgré des tentatives pour pousser sa candidature aux élections législatives de 1919. À la suite de la scission de l’Union Populaire Républicaine (UPR), il fut appelé au Comité directeur du parti en 1929. Sa brillante intelligence et son passé lui assurèrent une grande influence au sein du parti. Il s’efforça de le maintenir dans une ligne politique modérée. Membre du conseil d’administration de l’Elsässer, il publia de 1930 à 1932 un supplément culturel et politique, les « Zeitfragen », où il insista sur la priorité de la défense des institutions religieuses de l’Alsace, mais aussi sur la nécessité, pour les Alsaciens, de ne pas se refermer sur leurs particularismes. En mai 1933, il démissionna du Comité directeur de l’UPR pour protester contre la politique de Volksfront, c’est-à-dire contre la politique de front commun avec les autonomistes. Après le changement de ligne politique du parti, il revint au Comité directeur en 1935. Chanoine honoraire de la cathédrale de Strasbourg depuis 1916.
État-civil de Triembach-au-Val ; « Chanoine Dr. Didio zum 70. Geburtstag », Die Heimat, juin 1937, p. 168-169 ; Das Elsass, 4 vol., Colmar, 1936-1938, portrait, t. 2, p. 192 ; C. Baechler, L’Alsace entre la guerre et la paix. Recherches sur l’opinion publique (1917-1918), Strasbourg, thèse 3e cycle, 1969 ; C. Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939. Du Reichsland à la République jacobine, Strasbourg et Paris, 1982 ; C. Baechler, « L’Elsässer et le mouvement autonomiste en 1930/1931 : les « Zeitfragen » de l’abbé Didio, Nouvel Alsacien, numéro du centenaire, 2.4.1985.
Christian Baechler (1986)