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DESPORTES Nicolas Félix

Préfet du Haut-Rhin (★ Rouen 5.8.1763 † Montmartre 28.8.1849).

Fils d’un riche négociant, il fut le premier maire de Montmartre (22.5.1790). Il accomplit des missions diplomatiques temporaires dans les cantons helvétiques dès 1791. Protégé de Danton, entraîné dans sa disgrâce et même arrêté le 23.4.1794 ; sauvé par le coup d’État de Thermidor. Résident de France à Genève, rappelé le 12.9.1795, mais renvoyé le 25.1.1796. Instrument de la politique annexioniste de son gouvernement qui aboutit à la chute de l’ancienne République de Genève. Commissaire général dans le département du Léman en mai 1798, il procéda à l’organisation provisoire ; remplacé en août 1798. Secrétaire général du ministère de l’Intérieur sous Lucien Bonaparte en 1800 et son premier secrétaire d’ambassade en Espagne du 4.3. au 30.10.1800. Préfet du Haut-Rhin (8.7.1802), baron d’Empire (1809). « Moralité privée médiocre, très peu de considération locale, pas davantage de désintéressement » (F. L’Huillier). Candidat à la préfecture du Bas-Rhin (7.7.1810). Accusé de malversations, il ne fut pas poursuivi, mais relevé de ses fonctions (12.12.1812) et destitué (12.3.1813). Jouant au grand seigneur et enrichi, ayant hôtel parisien et propriétés dans le Haut-Rhin (Pulversheim). Sous la première Restauration, capitaine aide de camp du général en chef à l’état-major de la Garde nationale à Paris (chef d’escadron puis lieutenant-colonel), recevant alors Benjamin Constant (15.7.1814). Représentant aux Cent Jours (13.5.1815) avec un certain rôle libéral. Arrêté à la deuxième Restauration (1.8.1815) avec ordre de se retirer dans ses propriétés du Haut-Rhin. Banni en 1816, réfugié successivement à Landau, Mayence, Wiesbaden, Francfort, enfin dans la principauté de Hesse-Darmstadt. Autorisé à rentrer en France en 1820, il résuma alors et justifia sa conduite préfectorale (Appel à l’opinion des habitants du Haut-Rhin). Il figura parmi les « coryphées du parti libéral » avec Voyer d’Argenson et Jacques Koechlin ©. À Paris, encore en 1825, il continua à manifester des principes révolutionnaires ; il participa à un banquet libéral à Colmar (1827). Il eut d’ailleurs des velléités électorales (1827-1828). Ayant obtenu une pension de retraite en 1834, il mourut « dans l’obscurité » (Godet).

A. Robert, E. Bourloton et G. Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français, 1891, p. 365 ; Th. Walter, « Félix Desportes, baron de l’Empire, préfet du Haut- Rhin 1801-1813 », Revue d’Alsace, 1930, p. 651-661 ; F. L’Huillier, Recherches sur l’Alsace napoléonienne, 1947, p. 45, 157 et 170 ; P. Leuilliot, La Première Restauration et les Cent Jours en Alsace, 1958, p. 85 et 207 et L’Alsace au début du XIXe siècle, 1959-1960, voir index t. III, p. 491 ; Dictionnaire de biographie française XI, 1967, 11 ; Coll. L’Alsace du Passé au Présent, l’Alsace sous le Consulat et l’Empire, 1800-1815, Annales du Centre Régional de Documentation Pédagogique de Strasbourg, 1979, p. 4 et 5 (« Avant de prendre le ministère de la guerre, Dumouriez confie au jeune Desportes le poste de ministre-résident à Deux-Ponts sous l’apparence de règler les indemnités des princes allemands, dont les biens en Alsace venaient d’être séquestrés ; mais avec la mission secrète de négocier du consentement de Louis XVI, le retour légal des frères du Roi et de leurs compagnons d’armes… »). Ch. Tautil, « Desportes Félix », Grands notables du Premier Empire, Haut-Rhin, Paris, CNRS, 1984, p. 24-25.

Paul Leuilliot (1986)