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DES MASURES Louis

Poète humaniste du XVIe siècle, secrétaire de la maison de Lorraine puis pasteur, (Pr) (★ Tournai vers 1515 † Eschery 17.6.1574).

Fils d’Adrien D. et de Catherine Marcanda. Neveu de Toussain de Hocédy, évêque de Toul en 1543. ∞ I 1552 Diane Baudoire, de Lunéville († 1554) sœur d’Adrien Baudoire et de Jacques Baudoire, abbé de Saint-Evre ; un fils, Claude. ∞ II avant 1557 Anne Bermann de Saint-Nicolas-de-Port. D’abord au service d’Antoine, duc de Lorraine, puis (1533) secrétaire du cardinal Jean de Lorraine, résida avec lui à la cour de France. Accusé de trahison (?) au profit des Impériaux (1547), gagna l’Italie et Rome où il fut accueilli par le cardinal Jean du Bellay. À l’occasion du conclave, retrouva son maître qui l’envoya à Genève défendre ses intérêts (avril-mai 1550) : rencontra Calvin, Bèze et Viret qui l’endoctrinèrent. Après la mort de Jean de Lorraine (10.5.1550) passa au service de la régente Christine de Danemark à Nancy. Diverses missions diplomatiques. L’occupation des Trois Évêchés par Henri II lui laissa ses fonctions. Après le retour en Lorraine du duc Charles III et de son épouse Claude de France (1559), sur dénonciation (janvier 1562) la petite communauté évangélique de Saint-Nicolas-du-Port, près de Nancy, dont il était le chef spirituel depuis 1558, fut dispersée et pourchassée. Des Masures s’enfuit à Metz où il fut ordonné comme pasteur. Chassé en 1567 par les désordres de la deuxième guerre de religion, se réfugia à Heidelberg (où il laissa son fils poursuivre ses études) puis à Sainte-Marie-aux-Mines, enfin à Strasbourg (22.11.1568). Après l’intervention militaire du duc des Deux-Ponts il regagna Sainte-Marie ; il s’établit avec son fils à Bâle après la Saint-Barthélémy. Il revint à Sainte-Marie peu avant sa mort.

Dans le domaine des Lettres, Des Masures eut des relations amicales aussi bien avec les écrivains de la génération de Marot qu’avec ceux de la Pléiade ; en rapports également avec les milieux humanistes et réformés de langue française et germanique (voir ses Poemata de 1574). Comme son existence, son œuvre se partage en deux. Pour l’essentiel, avant l’affaire de Saint-Nicolas, il publia à Lyon chez Jean de Tournes en 1557 les Œuvres poétiques (vers lyriques, épigrammes, épitaphes) ; Vingt Psaumes de David (destinés à compléter le psautier de Marot) ; les Carmina et la traduction des livres V à VIII de l’Énéide (traduction commencée en 1547, achevée en 1560 et qui eut un très grand succès). Après 1562, Des Masures mit sa plume au service de la Réforme. Il publia en 1563 ses Tragédies saintes (David combattant, David triomphant, David fugitif) ; lança contre Rome son poème de la Babylone, et sans doute contre Ronsard une Réplique à la Responce aux injures qu’il signa D.M. Lescaldin (Des Masures de l’Escaut). Publia à Bâle en 1574 ses Poemata, édition expurgée et augmentée des Carmina de 1557, rédigea enfin une épopée latine en 12 chants sur les guerres civiles, la Borbonias, restée manuscrite.

Éditions modernes. Tragédies saintes, par Charles Comte, 1932 ; « Discours à Pierre de Ronsard », in Œuvres complètes de Pierre de Ronsard, t. X, 145 et suiv., 1939 ; « Réplique de Lescaldin », in J. Pineaux, La polémique protestante contre Ronsard, II, 229 et suiv., 1973. Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. I, 1909, p. 370 ; E. Haag, La France protestante, 1846-1859 ; Lebègue, La tragédie religieuse en France, Paris, 1929 ; Dictionnaire de biographie française X, 1965, 1454 ; Abbé A. Humbert, « La fontaine du poète : Des Masures à Saint-Nicolas-du-Port », Le Pays Lorrain, 1967, p. 129-146 ; J. Pineaux, La poésie des protestants de langue française, Paris, 1971 ; H. Meylan, « Louis des Masures et sa Bergerie spirituelle (1566) », Réforme et Humanisme, Montpellier, 1977 ; J. Pineaux, « Louis des Masures traducteur, expression française et expression latine chez un humaniste du XVIe siècle », Revue des Sciences humaines, 1980, n° 4 ; Louis Des Masures a été correspondant de Théodore de Bèze en 1564 et 1569 ; cf. Correspondance de Théodore de Bèze publiée par A. Dufour, T.V. et T. X, Genève, 1968 et 1980 ; Bulletin de la Société dhistoire du protestantisme français, 1983, p. 357-361.

Jacques Pineaux (1986)