Général prussien, (PI) (★ Karlsruhe 21.3.1853 † Baden-Baden 3.2.1944).
Fils de Gottfried Berthold Deimling, magistrat badois (★ 1823 † 1876), et d’Anna von Stöcklern zu Grünholzeck († 1880). ∞ 1879 Elisabeth von Otto, fille d’Alexander von Otto, propriétaire foncier, et de Wilhemine von Sperling. Il servit pour la première fois en Alsace de 1898 à 1900 comme chef de bataillon au 112e régiment d’Infanterie à Mulhouse. Il revint dans cette ville comme colonel de ce régiment en 1903. Il se rendit célèbre en combattant la révolte des Herreros dans le Sud-Ouest africain (1904-1907). De 1907 à 1910, le général von Deimling fut à nouveau affecté à Mulhouse comme commandant de la 58e brigade d’infanterie. Il tenta vainement d’établir des relations mondaines avec les industriels qui l’ignoraient et se rendit particulièrement impopulaire en consignant à la troupe l’Hôtel Central, dont l’orchestre avait joué la Marseillaise. Nommé le 1.4.1913 à la tête du XVe corps d’armée à Strasbourg, il fit parader un régiment place Broglie à midi un jour ouvrable et bloqua ainsi la circulation des tramways à une heure de pointe. Il interdit ensuite à ses subordonnés la lecture de la Neue Zeitung, qui avait critiqué cette provocation. L’affaire fut évoquée au conseil municipal, au Landtag et même au Reichstag. Il dut faire face ensuite aux conséquences de l’affaire de Saverne. Il se contenta d’infliger six jours d’arrêts de rigueur au lieutenant von Forstner ©. Après le débat au Reichstag, l’empereur le reçut à Donaueschingen et approuva son comportement. En août 1914, son corps fut chargé d’abord de la défense de la frontière des Vosges, puis engagé dans la bataille de Mulhouse. Il reprit Cernay (9.8.1914), les deux Burnhaupt (10.8.), mais ne réussit pas à couper les Français de Belfort. Fin août, il franchit la frontière dans le massif du Donon et atteignit Étival avant d’être envoyé sur le Chemin des Dames, puis en Flandre. En 1916, le XVe corps fut engagé à Verdun, puis sur la Somme. La découverte des souffrances des combattants amena alors ce général exemplaire à se convertir au pacifisme. Déjà en mars 1915, il avait protesté contre l’ordre secret d’éloigner les Alsaciens-Lorrains du front occidental et avait refusé de l’appliquer dans son unité. Le 19.12.1916, il fut chargé de commander le détachement d’Armée des Vosges moyennes à Saint-Blaise. En mai 1917, il fut brusquement mis à la retraite et prié de soigner son « état dépressif ». Retiré à Baden-Baden, il publia dans la Strassburger Post (2.10.1917) une défense des soldats alsaciens, qui lui valut une réprimande du Haut Commandement. En août 1918, les députés alsaciens du Reichstag demandèrent en vain sa nomination comme commandant de la région militaire de Strasbourg. À partir de novembre 1918, il fut l’un des rares anciens généraux ralliés à la République de Weimar. Il joua, jusqu’en 1933, un rôle important dans des organisations de gauche (comme le Reichsbanner) et des mouvements pacifistes.
Neue Deutsche Biographie III, p. 570 ; Himly, Chronologie de la Basse-Alsace, Strasbourg, 1972, p. 289 ; D. v. Deimling, Aus der alten in die neue Zeit ; Lebenserinnerungen, 1930 ; trad. : Souvenirs de ma vie, 1931.
Léon Strauss (1986)