(★ Colmar 1809 † Colmar septembre 1876).
∞ 24.3.1854 à Strasbourg Marie Saum. Après avoir entrepris un stage professionnel, qui le mena à Nancy et à Bâle, Camille s’occupa activement de l’affaire familiale, reprenant en 1854 à son nom l’imprimerie jusqu’alors dirigée par sa mère restée veuve.
Après la Révolution de 1830, le docteur Alexandre Richert et Chrétien Frédéric Meer souhaitaient fonder un journal avec Camille Decker, qui en serait à la fois le propriétaire, l’éditeur et l’administrateur ; ils lui donneraient le soutien par la plume. Ainsi parut le 1.9.1836 le premier numéro d’un hebdomaire sortant le jeudi, et intitulé Le Glaneur du Haut-Rhin. Jaloux de son succès, Chrétien Meer fonda Le Courrier du Haut-Rhin.
« En 1850, Camille Decker fonda la Revue d’Alsace, appelée à un grand renom et à une non moins grande longévité. Après bien des avatars, avec huit changements successifs dans la rédaction, l’imprimeur devint, en mars 1855, le propre rédacteur en chef de son Glaneur, en accord avec un client de son imprimerie qui était prêt à lui apporter son aide la plus totale « à la condition que l’imprimeur livrerait docilement sa signature et son nom où la loi l’exigerait ». Cela équivalait, pour Camille Decker, à se concilier la plume autorisée d’une personnalité influente qui souhaitait avoir à sa disposition les colonnes du Glaneur à une époque où une enquête et une campagne étaient menées en faveur de la percée des Vosges au fond de la vallée de Munster. L’hebdomadaire Le Glaneur s’en fit l’écho et devint temporairement quotidien. En 1868, Camille céda le Glaneur et le remplaça par L’Alsace, journal politique, paraissant trois fois par semaine. Camille Decker assuma l’impression et la rédaction en français et en allemand de la Colmarer Zeitung für Politik, Ackerbau, Industrie und Literatur fondée en mars 1869. Il fit l’acquisition du bâtiment de l’ancienne école de Pfeffel à Colmar, pour y installer le matériel d’imprimerie de J.-B. Jung de Guebwiller. Ainsi, le 15.8.1869 vit la sortie du Glaneur alsacien imprimé par Camille Decker. H. Bernhard, le gendre de Camille Decker, ne se sentit aucune affinité pour prendre la charge de l’imprimerie de son beau-père qui fut confiée au dernier représentant mâle de cette longue lignée de Decker, prénommé Henri († septembre 1876).
À sa mort, sa veuve devint concessionnaire du brevet d’imprimeur. Quand elle mourut, à son tour, en 1892, l’imprimerie Decker devint une affaire commerciale. L’armistice de 1918 apporta un autre changement dans cette entreprise ancestrale, car elle fut reprise par la société d’édition Alsatia, à Colmar, et fidèle au Messager boiteux jusqu’en 1963.
Jacques Betz (1986)