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DAGENS Jean

Professeur de littérature française classique à l’Université de Strasbourg, (C) (★ Le Bouscat 1895 † Strasbourg 8.8.1974). ∞ II 1934 Nicette Gautier.

Après des études secondaires à Bordeaux, Dagens en 1912 entra en khâgne à Paris, au lycée Henri IV où il suivit les cours d’Alain. Mobilisé en décembre 1914, envoyé au front en mai 1915, il passa un peu plus d’un an sur les champs de bataille de la Somme et de la Marne, avant d’être très grièvement blessé à Verdun, en août 1916. Amputé du bras gauche, il revint au lycée Henri IV en janvier 1917, et fut admis premier à l’École normale supérieure quelques mois plus tard. À sa sortie de l’École, après une année passée au lycée de Tulle, Dagens fut nommé professeur ordinaire à l’Université de Nimègue, où il enseigna de 1923 à 1941. Arrêté aux Pays-Bas au moment de l’invasion allemande, il fut finalement libéré, mais put rentrer en France qu’en mai 1941. Professeur de première supérieure à Tunis (1942-1943), maître de conférences à Alger (1945-1952), Dagens fut nommé professeur à l’Université de Strasbourg (chaire de langue et littérature française des XVIIe et XVIIIe siècles) en 1952. Il y enseigna jusqu’à sa retraite, en 1967, avec une interruption d’une année, en 1959-1960, au cours de laquelle il professa à l’Université de Berkeley, aux États-Unis. La fin de sa vie se partagea entre son domicile strasbourgeois et sa maison de Solbach dans les Vosges, terre d’élection où, à sa demande, il repose depuis sa mort. Très tôt engagé dans les milieux intellectuels qui, après la condamnation du Sillon, essayaient de continuer à défendre un catholicisme social, il participa activement à la publication de l’Ame Française avec son ami Robert Garric, le fondateur des Équipes Sociales. Habitué des « samedis » de Daniel Halévy, il prépara avec Jean Guéhenno le lancement d’Écrits, entreprise que sa santé l’obligea malheureusement à abandonner prématurément.

Spécialiste de l’histoire de la spiritualité aux XVIe et XVIIe siècles, Dagens consacra une grande partie de sa vie au cardinal de Bérulle dont il publia la Correspondance de 1937 à 1939, et sur lequel il soutint en 1951 sa thèse. Son remarquable ouvrage Bérulle et les origines de la Restauration catholique, fut publié en 1952, en même temps qu’une Bibliographie chronologique de la littérature de spiritualité et de ses sources. Durant la période strasbourgeoise de sa carrière, D. fut conduit à s’intéresser de plus près à Lefevre d’Étaples, à Du Bartas, à Marguerite de Navarre, à Jean-Pierre Camus, à Pascal ou à Voltaire. Il organisa d’autre part plusieurs colloques internationaux, entre autres en 1957 sur Courants religieux et humanisme à la fin du XVe et au début du XVIe siècles, et en 1962 sur La mystique rhénane. Le 14 janvier 1984 une salle Jean Dagens a été inaugurée à la bibliothèque d’histoire des religions de la Sorbonne. S’y trouvent rassemblés, en un fonds que la famille a mis à la disposition des chercheurs, l’ensemble des ouvrages concernant l’histoire de la spiritualité qui avaient appartenu à l’ancien professeur de l’Université de Strasbourg.

Correspondance du Cardinal de Bérulle, Paris-Louvain, 1937-1939, 3 vol. ; Bérulle et les origines de la Restauration catholique (1575-1611), 1952 ; Bibliographie chronologique de la littérature de spiritualité et de ses sources (1501-1610), 1952.

A. Mandouze, « Jean Dagens », l’Annuaire des anciens élèves de l’École normale supérieure, 1976.

Jean-Paul Schneider (1986)