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CRATON HOFFMAN (s’écrit aussi CRATO, CRAFFT, CRAFFTO)

Maître de l’école latine de Sélestat, notaire impérial (★ 1450 dans le village badois d’Udenheim devenu en 1623 Philippsburg, † fin 1501 Sélestat).

« Filius de Johannis Craftonis de Udenheim, pauper», C. se fit immatriculer le 12.4.1468 à l’Université de Pleidelberg où il fut promu baccalaureus artium in via moderna le 20.1.1470 et magister artium le 17.3.1472. Il eut comme condisciple le Sélestadien Jacques Wimpheling © qui devint son ami et avec lequel il fréquentait le cercle littéraire animé par Mathias Kemnat, aumônier de la Cour de Heidelberg. Maître d’école (provisor) à Fribourg en Brisgau jusq’en 1477, date de sa nomination à la direction de l’école latine de Sélestat, comme successeur de Louis Dringenberg ©. Les programmes d’études et les méthodes pédagogiques de Craton sont connus par deux cahiers de classe tenus l’un en 1494 par Guillaume Gisenheim et l’autre en 1498 et 1499 par Beatus Rhenanus ©, ainsi que par les témoignages de Wimpheling, Jacques Spiegel ©, Rhenanus et Jean Sturm ©, qui appréciaient son érudition et son enseignement. L’effectif de l’école étant à cette époque de 200 à 300 élèves, Craton dut engager des maîtres auxiliaires, les provisores, qui étaient souvent des scolares possédant déjà un certain nombre de connaissances.

Maints élèves de Craton s’illustrèrent dans les lettres, les sciences et la diplomatie : Beatus Rhenanus, le plus célèbre, les jurisconsultes Jacques Villinger ©, Jean et Jacques Spiegel, Beatus Arnoaldus ©, trésoriers, secrétaires ou conseillers auliques de l’Empereur, les théologiens Paul Phrygio © et Jean Hugues, les fils de l’imprimeur bâlois Jean Amerbach, Bruno et Basile, les grammairiens Paul Voltz © et Jean Lud et les imprimeurs Mathias Schürer © et Mulich. A côté de ses charges d’enseignement, Craton exerça aussi la fonction de notaire public comme en témoigne la lettre de cens (Zinsbrief) rédigée de sa propre main en mars 1482 et portant sa marque notariale. De santé fragile, C. dut donner dès l’automne 1501 sa démission ; son successeur Jérôme Guebwiller © reçut en effet sa nomination déjà en novembre 1501, alors que C. mourut à la fin de l’année. Sa veuve fut confirmée dans son droit de soldnerin le 14.1.1502. Vingt ans plus tard, quatre de ses meilleurs élèves, Spiegel, Villinger, Schürer et Rhenanus firent placer à l’église paroissiale une épitaphe sculptée, démolie sous la Terreur et remplacée en 1845.

A.M. de Sélestat, GG 26 et Livre de bourgeoisie, p. 180 ; Bibliothèque humaniste de Sélestat, ms 50, ms 131 ; W. Struever, Die Schule zu Schlettstadt von 1450 bis 1560. Ein Beitrag zur Cuiturgeschichte des Mittelalters. Leipzig, 1880 ; G. Knod, Zur Schlettstadter Schulgeschichte, in Strassburger Studien, t. 2, 1884. Jacob Spiegel aus Schlettstadt, Strassburg, 1884 ; ibid ; Aus der Bibliotek des Beatus Rhenanus, Sélestat, 1889 ; Sitzmann I, p. 329 ; J. Geny, Das Schulwesen Schlettstadts bis zum Jahre 1789, in Mitteilungen der Gesellschaft für deutsche Erziehungs – und Schulgeschichte, t. XI, 1901 ; Töpke, Die Matrikel der Universität Heidelberg , t .1, p. 323, t. 2, p. 407 ; NDB III, 1957, p. 402-403 ; P. Adam, L’humanisme à Sélestat, Sélestat, 1962. Craton Hoffman (1450-1501), maître d’école (1477-1501) et notaire impérial, ASABS, 1978, p. 9-15 ; M. Kubler, Un autre autographe de Craton Hoffman de 1494, ASABS, 1978, p. 16.

Maurice Kubler