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COLMAR Joseph-Louis

Evêque, (C) (★ Strasbourg 22.6.1760 † Mayence 15.12.1818).

Fils de Jean C., professeur de langues, et d’Elisabeth Graff. Il entra en 1780 au Grand Séminaire de Strasbourg, où il se lia avec Liebermann ©. Ordonné prêtre le 20.12.1783, puis docteur en théologie en 1784, il fut nommé vicaire à Saint-Etienne, Strasbourg, le 5.1.1784 et régent de troisième au Collège royal de Stras- bourg, où il donna une forte impulsion à l’étude du grec. Survint la Révolution qui obligea C., à la suite de la parution du décret du 24.5.1792 qui menaçait de déportation les prêtres « réfractaires », à se rendre à Fribourg. Il revint dans la clandestinité exercer son ministère. Secondé par Louise Humann ©, il visita les pauvres, les malades, voire les prisonniers. Durant cette période, il vécut en cachette. La lutte contre l’Eglise se relâcha en 1797. Dès la fin de 1799, il prêcha à la cathédrale. Pressenti un moment comme successeur du Cardinal de Rohan, il fut finalement nommé évêque de Mayence, diocèse nouvellement créé. Sacré évêque à Paris le 24.8.1802, Mgr C. s’installa à Mayence en octobre de la même année. Tout de suite il dut faire face à la misère (destructions entre 1793 et 1797) de la population et de l’Eglise. Il lui fallut aussi rentrer en possession de la cathédrale délabrée ; des dons et des subventions permirent de la restaurer. Enfin il s’agit surtout de donner des prêtres au diocèse, la période révolutionnaire ayant tari les sources de recrutement ; c’est pourquoi il fit appel à son vieil ami Liebermann qui devint supérieur du séminaire de 1804 à 1824 : son œuvre fut telle qu’elle aboutit à la constitution de « l’Ecole de Mayence », responsable de la formation de clercs, de culture allemande, mais surtout imprégnés des doctrines ultramontaines. Bien appuyé par Liebermann, Mgr C. entreprit de restructurer son diocèse ; les tournées diocésaines furent nombreuses, mais épuisantes : six semaines avec prêche trois ou quatre fois par jour, catéchisme à la cathédrale, appui au clergé. Ses efforts manifestes furent reconnus par les autorités et les distinctions affluèrent : chevalier de la Légion d’honneur, baron de l’Empire français, croix de l’ordre du mérite de Hesse-Darmstadt, etc. En 1813, Mgr C. fut à la tâche : ce fut la retraite de l’armée française, les recrues encombrèrent la ville, une épidémie de typhus se propagea dans Mayence ; l’évêque se dépensa sans compter, aidé par Louise Humann qui était venue le rejoindre pour ouvrir l’Institut Joséphine, maison d’éducation pour jeunes filles. La défaite de Napoléon entraîna le passage du diocèse de Mayence sous la juridiction du grand duc de Hesse-Darmstadt. Celui-ci maintint Mgr C. dans ses fonctions, le proposant en vain l’important évêché de Spire en 1817, un an avant son décès.

 

J. Selbst, Joseph Ludwig Colmar, Bischof von Mainz, Mainz, 1902 ; J. Wirth, Mgr Colmar, évêque de Mayence (1760-1818), Paris, 1906, (les p. 229-262 sont consacrées aux collaborateurs de l’évêque) ; Sitzmann I, p. 313 ; L. Lenhart « Joseph Ludwig Colmar, der religiöse Bischof einer Mainzer Zeitenwende », Jahrbuch für das Bistum Mainz, 1946,t. 1, p. 76-95 ; Mgr Colmar est aussi évoqué dans L. Lenhart, « Johannes Jakob Humann, der langjährige Bistumsverweser (1818-1830) » , Jahrbuch für das Bistum Mainz, 1948, t. 3, p. 37-54 et 186-213 et du même, Die erste Mainzer Theologenschule des 19. Jahrhundert (1805-1830), Mainz, NDB, III, 1957 p. 329-330 ; F. Reibel, « Elsässer in Mainz zu Beginn des 19. Jahrhunderts », AEA, 1958, t. 25, p. 236-242 ; F.A. Como, Joseph Ludwig Colmar, Bischof von Mainz, Coblence, 1959 DBF, IX, 1961, 310 ; R. Epp, Le mouvement ultramontain dans l’Eglise Catholique en Alsace au XIXe siècle (1802-1870), Strasbourg, 1973 (cf index) ; Georg May, Seelsorge an Mischehen in der Diozese Mainz unter Bischof Ludwig Colmar, Amsterdam, 1974 ; A.M. Burg – Cl. Muller, « Joseph Colmar », AEA, t. 40, 1980-1981, p. 268-269 ; L. Kammerer, Répertoire du clergé d’Alsace sous l’Ancien Régime (1648-1792), Strasbourg, 1983, p. 50 ; Encyclopédie de l’Alsace, t. 3,1983, p. 1824.

Claude Muller