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CLOG Joseph-François dit CLOG-MERTIAN

Homme politique, (C) (★ Sélestat 19.9.1799 †Strasbourg 12.1.1884).

Fils de Joseph Clog († Sélestat 26.6.1822), négociant, et de Madeleine Hurstel. ∞ 28.9.1831 à Strasbourg Marie Marguerite Mertian (★ Strasbourg 10.9.1812), fille de Jean-Jacques M. et de feue Marie Anne Marguerite Garozzi († Strasbourg 27.8.1827). Employé de la Maison de négoce Mertian de Strasbourg, C. entra dans cette grande famille de notables catholiques d’Alsace par son mariage. Conseiller municipal de Strasbourg, juge au tribunal de Commerce de Strasbourg, il fut en 1858 conseiller d’arrondissement de Strasbourg-Est, puis céda ce siège à son gendre Jules Goerner (1865). C. natif de Sélestat était allié à des familles qui avaient de nombreux intérêts dans la région, les Mertian, les Hurstel, etc. et était considéré depuis le coup d’Etat de 1851 comme « dévoué au Gouvernement » : celui-ci préféra faire appel après les tourmentes électorales de 1863 et 1864 qui déchirèrent Sélestat à ce notable strasbourgeois, payant cependant des impôts à Sélestat et assez peu engagé dans les querelles des « clans locaux » pour paraître « indépendant ». Clog-Mertian est ainsi choisi par le préfet Migneret pour remplacer le Maréchal Magnan, Président du Conseil Général et conseiller général de Sélestat († en 1865), au siège cantonal de Sélestat, il fut réélu en 1867. Très critiqué, le choix de Migneret s’avéra pourtant excellent parce qu’il permit peu à peu de détacher «les catholiques purs» (Barthelmé, Spies, Tauflieb, etc…) qui en 1863 et 1864 avaient marqué leur opposition à l’Empire pour sa politique floue vis-à-vis du maintien du pouvoir temporel du Pape sur Rome, des « libéraux avancés » (Albrecht, Melsheim, Anstett) qui ensemble avaient formé la coalition du député Hallez-Claparède contre le prétendant à la députation François Zorn de Bulach. C.-M. parut en 1869 comme l’un des principaux artisans de l’élection facile de Zorn de Bulach dans les cantons de Sélestat et Marckolsheim. Il est resté conseiller municipal de Strasbourg, et à la chute de l’Empire, décida de rester membre de la Commission Municipale de la ville, où il siégea à la Commission de l’inventaire des dommages de guerre. Il participa à l’Assemblée des Notables du Bas-Rhin du 16 avril 1871 où les élus présents dressèrent le programme des revendications alsaciennes adressées à l’Empire allemand qui annexa l’Alsace-Lorraine. A soixante-douze ans, C.-M. est à nouveau candidat aux élections municipales de juillet 1871, mais figura sur les listes modérées et radicales, non point sur la liste catholique ultramontaine : cela fut interprété pour une manœuvre. Il fut élu dès le premier tour. Avec Eugène Petiti, C.-M. passa pour le chef de file de la fraction catholique du Conseil qui proposa Ernest Lauth à la nomination de l’Empereur comme maire de Strasbourg, vœu auquel accéda le gouvernement allemand. Mais pour avoir protesté contre la révocation de Lauth en avril 1873, le Conseil est suspendu. Aux premières élections cantonales de l’annexion, C.-M. retrouva son siège de Sélestat (juin 1873), mais il refusa de prêter le serment de fidélité à l’Empereur allemand imposé aux élus et fut invalidé dès la fin août 1873. C. fit partie de la petite députation qui tenta d’obtenir que la mesure de suspension du conseil municipal de Strasbourg fût rapportée en avril 1874 : la condition qu’y mit l’autorité était d’accepter de siéger sous la présidence de l’administrateur prussien désigné, le sous-préfet Otto Back ©, ce à quoi les conseillers ne purent se résoudre : le Conseil fut définitivement révoqué. C’est à son fils Louis Clog que le Comité municipal offrit le siège de Joseph C. († en 1884), dans le conseil municipal de Strasbourg réinstallé en 1886 et où l’on devait reconduire tous les anciens de 1871. Louis C. déclina finalement cette offre.

 

Archives départementales du Bas-Rhin – Série M. Dossiers – Conseillers d’Arrondissement et Conseillers Généraux. Archives privées Zorn de Bulach. Série AL : élections municipales de 1871 ; Verwaltungsberichte der Stadt Strassburg, t. 1, 1870-1889. G. Fischbach, Strasbourg pendant le siège, Strasbourg, 1897 ; F. Reibel, Une famille bourgeoise catholique, les Mertian, in La Bourgeoisie alsacienne, Publications de la Soc. Savante d’Alsace et des Régions de l’Est, 1954, p. 268-283 ; Histoire de Strasbourg (sous la direction de G. Livet et F. Rapp), t. IV – F. Igersheim : le gouvernement de la cité, Strasbourg, 1982.

François Igersheim et Jean-Pierre Kintz