Maréchal et pair de France, comte d’Hunebourg, duc de Feltre, (C) (★ Landrecies, Nord, 1 7.10.1765 † Neuwiller-les-Saverne 28.10.1868).
Fils de Thomas C., major du régiment irlandais de Bulkely, avec rang de colonel, et de Marie-Louise Shée. ∞ I 3.8.1789 Elisabeth Christiane Alexander (★ 1768 † 1804) de laquelle il eut deux enfants : Henriette (★ 1790 † 1831) et Alfred (★ 1793 † 1794) ; après son divorce du 16.7.1795, ∞ II 29.1.1799 à Bouxwiller Marie Françoise Joséphine Zaepffel (★ 1768 † 1838), fille de Mathias Nicolas Z., 184e ammeistre de Strasbourg, conservateur des Eaux et Forêts de l’Evêché, et de Marie Anne Apffel, qui lui donna trois fils et une fille : Edgar (★ 1799 † 1852), Arthur (★ 1802 † 1829), Alphonse (★ 1806 † 1851) et Elphriede (★ 1808 † 1813). Envoyé au Collège royal militaire de La Flèche en 1774 pour parfaire son éducation, il entra à l’Ecole militaire de Paris comme cadet gentilhomme le 17.9.1781 et en sortit le 11.11.1782 avec le grade de sous-lieutenant affecté au régiment irlandais de Berwick. Cornette blanc, il prit rang de capitaine au 5e régiment de hussards le 5.9.1784. Un bref intermède diplomatique en 1789 l’envoya à Londres comme commis à l’ambassade de France auprès de Philippe, duc d’Orléans. Il reprit du service comme capitaine de remplacement au 16e régiment de dragons le 11.7.1790, puis passa au 14e régiment de dragons avec le grade de capitaine de première classe le 15.9.1791. Il participa aux campagnes de l’Armée du Rhin avec le grade de lieutenant-colonel (5.2.1792) au 2e régiment de cavalerie et se distingua à la prise de Spire (30.9.1792) à la défense du passage de la Nahe et aux combats d’Erchheim (17.5.1793). Sa bravoure lui valut le grade de général de brigade décerné sur le champ de bataille par les représentants du peuple le 19.5.1793. Cette promotion s’accompagna du poste de chef d’état-major de l’Armée du Rhin le 27.6.1793. Mais moins de trois mois plus tard, le 12.10.1793, il fut déclaré suspect par le Comité de Salut public et suspendu jusqu’au 15.2.1795. Clarke se retira alors à Neuwiller où il avait acquis la Prévôté en 1792. La tradition orale raconte qu’il se réfugia dans les ruines du château de Hunebourg et y fut ravitaillé par celle qui devint sa seconde épouse. Réintégré au bureau topographique et historique militaire du Directoire le 1.3.1795, il fut confirmé dans son grade le 17.3.1795 et sa compétence dans l’élaboration des plans lui valut la promotion au grade de général de division le 7.12.1795. Le 15 novembre de l’année suivante, le Directoire, en particulier Carnot, le chargea de préparer la paix avec l’Autriche et d’obtenir la libération des généraux Lafayette et Latour-Maubourg tout en surveillant discrètement Bonaparte. Ce dernier ne tarda pas à percer ses instructions et le rallia à sa cause. Le Directoire le rappela et mit fin à sa mission le 21.11.1797. Malgré cette trahison, il fut chargé, en 1798, de négocier un traité d’alliance avec la Sardaigne, puis admis au traitement de réforme le 26.10.1798. Réintégré comme directeur du dépôt de la Guerre le 9.11.1799, il fut nommé commandant extraordinaire de Lunéville et du département de la Meurthe le 24.9.1800 lors de la réunion du Congrès qui devait préparer la paix avec l’Autriche. Après le traité signé à Paris entre la France et la Russie, il dirigea vers leur patrie les prisonniers russes retenus à Lille. Envoyé comme ministre plénipotentiaire auprès du roi d’Etrurie en 1801, C. fut rappelé comme Conseiller d’Etat en 1804, et secrétaire intime de Napoléon pour la guerre et la marine. Remis en activité et inscrit sur le tableau des officiers employés à la Grande Armée le 13.10.1805, il participa au sein de l’état-major de Napoléon à la prise d’Ulm et à la bataille d’léna. Gouverneur de Haute et Basse Autriche le 15.11.1805, gouverneur d’Erfurt le 16.10.1806 et de Berlin le 3.11.1806, il fut appelé au ministère de la guerre le 9.8.1807 et conserva son portefeuille jusqu’au 3.4.1814. Nommé comte d’Hunebourg, du nom de la ruine qui l’avait abrité pendant la Terreur, le 24.4.1808, Napoléon l’éleva à la dignité de duc de Feltre le 15.8.1809 pour sa conduite face au débarquement de Lord Chatam dans l’île de Walcheren. Il contribua à l’échec de la conspiration Malet en 1812, mais présageant la chute de l’Empire, son zèle s’amoindrit et il donna son adhésion au gouvernement provisoire le 8.4.1814. Créé Pair de France le 4.6.1814, il remplit les fonctions de ministre de la guerre auprès de Louis XVIII du 11. 3. 1815 au 20.3.1815 et le suivit dans son exil à Gand où il assuma des fonctions jusqu’au 9.7.1815. Gouverneur de la 9e division militaire le 15.9.1815, il reprit le portefeuille de ministre de la guerre du 24.9.1815 au 12.9.1817. Louis XVIII l’éleva à la dignité de maréchal de France le 3.7.1816. Ses dernières fonctions lui valurent de virulentes critiques. Grand Croix de la Légion d’honneur (14.8.1809) ; Grand Croix de la Fidélité de Bade et de St-Hubert de Bavière, autorisé le 29.6.1807. Son nom est inscrit sur le côté est de l’Arc de Triomphe de l’Etoile.
Archives historiques de l’Armée, dossier personnel ; Galerie des Maréchaux de France, Gavard, 1839 ; A. Sauzay, Nouvelle biographie générale, 1854 ; Michaux, Biographie universelle, 1854 ; Sitzmann I, p. 303 ; Six VIII, p. 242 ; A. Wolbrett, « Le Mal. Clarke et la région de Saverne-Neuwiller » , SHASE, 1957, p. 26-27 ; DBF VIII, 1959, col. 1368 ; L. Kammerer, A. Wollbrett, « Les liens du Maréchal Clarke avec la famille Zaepffel », SHASE, 1960, n° 30, p. 22-23 ; J. Valynseele, « Le Mal. Henry Clarke, duc de Feltre », Echoreco, 156, 1976, p. 20 ; Grands notables, p. 16 ; R. Pierron, « Un Alsacien d’adoption : quelques aspects de la vie du Mal. Clarke », Alsace, Organe de l’entraide, 10, 1982, p. 19-21 ; Encyclopédie de l’Alsace, t. 3, 1983, p. 1762.
René Reiss