Poète et publiciste (★ Constantinople octobre 1762, baptisé le 30 octobre, † guillotiné, Paris 7 thermidor an II (25.7.1794).
Après ses études au collège de Navarre, Ch. poussé par la nécessité de gagner sa vie – son père, le consul Louis Ch. avait quatre fils et peu de fortune – s’engagea comme « volontaire » (officier stagiaire) au régiment d’Angoumois alors en garnison à Strasbourg. Il partait sans enthousiasme et sans aptitudes particulières, écrivant au même moment « moi j’ai besoin d’aimer, qu’ai je besoin de gloire ? » Sans être un bagne, la vie d’un officier débutant n’avait rien d’enthousiasmant : logement à quatre dans la caserne de Finkmatt près des Faux Remparts, exercices et corvées habituelles à cet état…, contacts difficiles avec la société locale en raison de la différence de langue. Ch. trouva quelque réconfort dans l’amitié d’un autre officier-poète, Ferdinand du Hamel, marquis de Brazais, mais ce dernier quitta bientôt Strasbourg. Ch. lui-même, arrivé au printemps ou au début de l’été 1782, quitta Strasbourg et l’état militaire vers mai 1783, donc après environ un an de séjour ; l’armée non seulement ne lui convenait guère, mais ne lui offrait aucun débouché convenable. L’ordonnance de 1781 avait en effet, rendu pratiquement impossible la promotion de roturiers et la particule de Chenier n’était que de courtoisie. En outre Ch. souffrira par la suite de chroniques coliques néphrétiques que le climat strasbourgeois n’avait pas dû arranger. Plutôt connu, de son vivant, comme publiciste, Ch. est un poète très original dont les œuvres (Odes, lambes) sont entrées dans la littérature française à partir de leur publication en 1819. « Héritier des classiques par son admiration pour la Grèce et son culte de la forme, annonciateur des romantiques par ses hardiesses métriques, par son moi passionné, des Parnassiens par le fini de ses bas reliefs, homme de son temps par son épicurisme irreligieux et sa curiosité scientifique » (P. Richard, dans Grand La- rousse illustré).
P.. Dimoff, La vie et l’œuvre d’André Chenier jusqu’à la Révolution Française, 1762-1790, Genève Droz 1936 ; Bibliothèque nationale, André Chenier 1762-1794, Paris 1962 (Catalogue d’exposition).
Jean-Yves Mariotte (1985)
