Prêtre et révolutionnaire, (C) (★ Colmar 23. 8. 1756 † Strasbourg 31. 5. 1842).
Fils de Jean- Baptiste C., chirurgien-major à l’hôpital royal de Colmar, et de sa 2e épouse Marie-Elisabeth Bernauer. Après ses études au Collège royal de Colmar, il entra au séminaire de Porrentruy et fut ordonné prêtre en septembre 1776. Au début de la Révolution, il était vicaire à Thannenkirch auprès de son oncle, le curé Alexandre Bernauer. Enthousiasmé par les idées nouvelles, il se fit recevoir à la Société jacobine de Colmar dont il devint le président en mai 1793. Auparavant, il fut l’un des premiers prêtres du département à prêter serment à la Constitution civile du clergé, et s’établit au début de 1791 à Colmar où il exerça quelques semaines les fonctions de secrétaire-interprète adjoint de l’administration du département. Nommé vicaire épiscopal par l’évêque constitutionnel du Haut-Rhin Arbogaste Martin © en avril 1791, il quitta cependant cette charge en novembre suivant pour devenir professeur de rhétorique au Collège national de Colmar. En avril 1792, il fonda à Strasbourg en compagnie de Rouget de l’isle, la Feuille de Strasbourg, ou Journal politique et littéraire des rives du Rhin, qui cessa de paraître dès l’été après avoir été accusée par les jacobins strasbourgeois de propager « le poison royaliste-aristocratique ». Il gagna alors Wintzenheim, dont il administra la paroisse pendant quelques mois. C. n’en resta pas moins l’un des dirigeants les plus remuants du club colmarien. Ayant re- noncé à son état ecclésiastique, il fut l’un des 12 commissaires désignés par le représentant en mission Hérault de Séchelles, en novembre 1793, pour régénérer la Société populaire de Colmar. Au même moment, le directoire du département le chargea d’organiser le culte de la Raison, dont la première fête eut lieu à Colmar le 6 décembre suivant. Il devint alors membre du directoire du district de Colmar, puis chef de bureau à l’administration centrale du département et interprète au Tribunal criminel du Haut-Rhin. En juin 1796, il rejoignit l’Ecole centrale du Haut- Rhin en qualité de professeur de langues vivantes. L’année suivante, il ouvrit en même temps une imprimerie à Colmar et publia son Petit cathéchisme pour les temps présents dans lequel il prit à nouveau la défense de l’Eglise romaine contre le clergé constitutionnel. Dénoncé avec virulence au Conseil des Cinq Cents, il dut donner sa démission de l’Ecole centrale et de l’administration départementale. Arrêté peu après, il fut emprisonné puis déporté à l’Ile de Ré (juillet 1 798 à juin 1 801). Libéré, il se retira dans la vie privée à Strasbourg, où il exerça la profession d’inspecteur-vérificateur de la librairie étrangère.
E. Barth, « Notices biogr. sur les hommes de la Révolution à Strasbourg et les environs », RA, 1877; DBF VIII, 950; I. Beuchot, « Imprimerie Chayrou », Journal de Colmar du 5. 5. 1898; Sitzmann I, p. 299 (erreurs); J. Joachim, L’Ecole centrale du Haut-Rhin à Colmar, 1796-1803, p. 133-142.
Jean-Marie Schmitt (1985)