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CHANSONNETTE Claude (CANTIUNCULA)

Juriste-humaniste et philosophe du droit (C) (★ Metz vers 1490 † Ensisheim, octobre 1549). Fils de Didier C., notaire et secrétaire épiscopal à Metz.

Après des études de droit à Louvain, C. arriva à Bâle en 1517 où deux ans plus tard (1519) il fut fait docteur, pour occuper aussitôt la fonction rectorale. En 1522 la ville en fit son avocat conseil. Après un voyage à Paris en 1523 où François Ier lui remit un message pour Erasme, invitant ce dernier à se rendre à sa cour, C. quitta Bâle en 1524, sans doute suite à un désaccord avec les tenants de la réforme religieuse. La même année, il est déjà mentionné à Metz comme avocat du Magistrat. L’année suivante (1525) il fut nommé chancelier de l’évêque de Metz avec résidence à Vic-sur-Seille. De nom- breux déplacements le menèrent, de par ses fonctions, à travers l’Europe, tant à Barcelone qu’à Bordeaux, mais aussi à Strasbourg ou à Guebwiller. En 1532 C. passa un an à Spire en tant que conseiller au Tribunal aulique (Reichskammergericht), puis, en 1533, il entra au servi- ce des Habsbourg. Il y resta jusqu’à la fin de ses jours : d’abord à la Cour du roi Ferdinand puis, de 1537 à 1540, en poste à Vienne et enfin, à partir du 27.10.1540 en tant que chancelier de la Régence à Ensisheim. C’est dans le Haut-Rhin qu’il passa les 9 dernières années de sa vie, très absorbé par ses nombreuses obligations administratives et juridiques.

De langue maternelle française C. n’apprit l’allemand que vers l’âge de 30 ans. Ses contemporains le célébrèrent comme fin latiniste. Il traduisit Erasme du latin en français et l’ « Utopia » de Thomas More du latin en allemand mais contrairement à ses amis humanistes Erasme, Alciat, Zasius ou les Amerbach, C. ne pratiquait guère le grec. La grande réputation dont jouit C. au XVIe siècle lui vint de ses activités juridiques, tant en matière doctrinale qu’à titre de praticien consultant. Sa correspondance avec ses confrères humanistes est passionnante pour qui veut connaître les préoccupations de ces intellectuels, et davantage encore pour qui s’intéresse à la vie du droit en Haute Alsace au XVIe siècle. Dans ces milieux, C. s’est notamment distingué par une doctrine fort originale de l’équité.

L’ouvrage le plus complet sur C. est celui de Guido Kisch, Claudius Cantiuncula. Ein Basler Jurist und Humanist des 16. Jahrhunderts, 1970, qui donne p. 147 et suiv. la liste exhaustive des travaux de C. et p. 155 la bibliographie. Pour une approche rapide, voir la notice d’Erik Wolf dans NDB III, 1957, p. 128. En langue française : Jean Schneider, « Claude Chansonnette » dans Hommage à Lucien Febvre, Paris, 1954, p. 231-239, et Marcel Thomann, « Humanisme et Droit» dans Grandes Figures de l’Humanisme alsacien, 1978, p. 259-285.

Marcel Thomann (1985)