Professeur de biochimie médicale (★ Mulhouse 7.2.1931).
Fils de Henri Ch. et d’Yvonne Weil. Marié, 3 enfants. Etudes secondaires au lycée de Mulhouse. Inscrit à la Faculté de Médecine de Strasbourg, il a soutenu en 1958 une thèse de doctorat, intitulée : Contribution à l’étude de l’effet des rayons X sur les nucléotides acido-solubles du tissu splénique chez le rat blanc (Lyon, 1960) ; en 1960, il prit le grade de licencié-ès-sciences à l’Université de Strasbourg.
Une telle orientation corrobore l’attirance précoce pour la recherche fondamentale à laquelle il s’initia dès la troisième année de ses études médicales au laboratoire de biochimie de la Faculté, alors dirigé par le Pr. Paul Mandel. Ayant commencé sa carrière comme assistant (1956- 1961), il devint professeur agrégé en biochimie médicale (1961) ; depuis 1967, il a été titularisé dans cette chaire. Entre temps, il avait séjourné pendant un an (1966-1967) à la « Stanford University Medical School » (U.S.A.) sous la direction du Pr. A. Kornberg, Prix Nobel. Avec l’orientation de ses recherches vers les mécanismes moléculaires responsables du contrôle de l’in- formation génétique, le Pr. Chambon est le maître d’œuvre d’une expansion considérable des centres scientifiques animés par lui, à partir d’une équipe initialement restreinte. Outre la di- rection de l’Institut de biochimie médicale de la Faculté, il assume celle du « Laboratoire de génétique moléculaire des Eucaryotes » du C.N.R.S. fondé par lui depuis mai 1977 et celle de l’ « Unité 184 de Biologie moléculaire et de Génie génétique » de l’INSERM, créée en 1978. Actuellement l’affluence des chercheurs étrangers venus bénéficier des méthodes d’investigation confirme le niveau élevé et la reconnaissance internationale des travaux entrepris par le Pr. Chambon. Il faut ajouter que celui-ci se trouve également à l’origine, avec le Pr. Ph. Kourilsky (de l’Institut Pasteur) de la constitution de la Société « Transgène », « première société française de génie génétique et leader européen » à Strasbourg ; le but de cet établissement est l’ap- plication des techniques du « génie génétique » jouant un rôle, non seulement dans le domaine médical (anticorps, hormones, vitamines, protéines, vaccins, antibiotiques, etc), mais également dans le secteur agro-alimentaire, en horticulture, dans les domaines de l’énergie, des produits chimiques, la gestion de l’environnement. D’autres activités, relèvent de son appartenance aux comités de direction des centres de recherches de Heidelberg, de Madrid, de Cambridge (U.S.A.), de Berne, etc. En 1983, il fut appelé à la « Harvard University Medical School » et à la « Laurentian Hormone Conference » (Mont Tremblant, Canada), puis, en 1984 au « Memo- rial Sloan-Kettering Cancer Center » de New- York en qualité de conférencier. Ses contributions personnelles ou en collaboration avec ses élèves, parues depuis 1957 dans les principaux périodiques spécialisés français et étrangers, dépassent le nombre de deux cents. Il fait partie du comité d’édition de trois revues scientifiques.
Parmi les découvertes essentielles du Pr. Chambon, il faut signaler en premier lieu celle, faite en 1963, d’un polynucléotide nouveau : le poly ADP ribose, avec la mise en évidence de sa structure et de sa biosynthèse. Viennent ensuite la découverte de la multiplicité des ARN polymérases et de l’effet inhibiteur de l’x ou alpha-amanitine (1970) ; la contribution à l’élucidation de la structure de la chromatine et l’introduction du terme « nucléosome » (1975); la démonstration que les histones sont responsables de l’enroulement de l’ADN dans la chromatine (1975). Une découverte majeure est celle de la fragmentation du gène de l’ovalbumine (1977). La liste se poursuit par la découverte de la constance des séquences présentes aux jonctions exon-intron (1978), par la mise en évidence des séquences (promoteurs) de l’ADN participant au contrôle de la transcription in-vivo et in-vitro des gènes codant pour les protéines (1980-1983), la découverte de l’existence de séquences contrôlant la transcription dans les cellules eucaryotes, sans contre- partie chez les procaryotes ; la séquence 72 bp du virus simien SV 40 (enhancer) (1980, 1981, 1983, 1984), la démonstration que le complexe progestérone-récepteur de la progestérone interagit avec les séquences spécifiques des gènes dont l’activité est contrôlée par cette hormone stéroïde (1982). En considération de ses travaux, et, par-delà, de l’extraordinaire ouverture vers la recherche biologique et oncologique, le Pr. Chambon est titulaire du « Prix Rosen » de cancérologie (1976), de la médaille d’or du CNRS (1979), du Prix Louis et Bert Freeman (New York Academy of Science, 1981), du Prix Richard Lounsbery (Nat. Academy of Sciences (USA) et Académie des Sciences (Paris) (1982). Elu membre correspondant de l’Académie des Sciences dans la section biologie cellulaire et biologie moléculaire (1977), il est également membre correspondant de l’Académie Royale des Sciences de Liège (1979).
Pr. P. Chambon : Curriculum vitae ; Outline of the scientific Work ; Summary of most important contributions in Molecular biology and genetics of eukaryoticorganismus ; liste des publications (1957-1984) ; Nouvel Alsacien du 19.10.1984.
Théodore Vetter (1985)