Général et homme politique (C) (★ Pavie, 30.6.1771 † Strasbourg 19.4.1842, inhumé à Thanvillé).
Fils de Blaise Castex († 1805), maire de Pavie et conseiller général du Gers, et de Marie Anne Semort. ∞ 1810 Félicité Marguerite Geneviève Adélaïde de Dartein (★ Sélestat 1788 † Strasbourg 1856), fille de Charles de Dartein, préteur royal de Sélestat et directeur des fontes de l’artillerie à Strasbourg, qui lui apporta en dot l’ancienne seigneurie lorraine de Thanvillé, au val de Villé. Après des études de droit à Bordeaux, il s’engagea comme volontaire dans les chasseurs du Gers (1792). Après sa première campagne à l’armée des Pyrénées il fut promu sous-lieutenant (1793), puis lieutenant (1795). Versé à l’armée d’Italie, il remplit les fonctions d’aide de camp auprès du général Kilmaine pendant le siège de Mantoue (1796), puis prit part à la prise de Vérone à la suite de laquelle il avança au grade de capitaine (1797). S’étant distingué dans les campagnes de 1798 et 1799, il fut nommé chef d’escadron. Il passa ensuite au grade de major (lieutenant-colonel). Après la bataille d’Iéna où Castex se distingua, il fut nommé colonel du 20e régiment de chasseurs (1806). Il se fit encore remarquer à Eylau par son audace sous les yeux de Napoléon et fut décoré, après la paix de Tilsit ; officier de la Légion d’honneur et nommé baron de l’Empire avec dotation (1807). En 1809, Castex fit partie de la fameuse brigade Colbert, surnommée « la brigade infernale » et, à la suite de brillants faits d’armes à Anstetten, Pfaffenhoven et Wagram, il fut créé commandeur de la Légion d’honneur et avança au grade de général de brigade. A la paix qui suivit la campagne d’Autriche, il fut chargé de l’inspection des troupes à cheval de la 5e division en Alsace et, après son mariage, il s’installa à l’hôtel des Dartein, rue des Charpentiers, à Strasbourg (1810). Rappelé sous les drapeaux, il commanda la cavalerie légère d’Oudinot, se distingua à Ostrowno, à Polotsk, et fut blessé au passage de la Bérésina. Malgré sa blessure il soutint, à l’arrière-garde, la retraite jusqu’à Wilna. L’empereur, en récompense, l’appela à la garde impériale comme général-major des grenadiers à cheval (1813). Avec ce corps d’élite il combattit à Dresde où il fut de nouveau blessé, se signala à Leipzig, puis à Hanau et fut nommé général de division et chambellan de l’empereur. A la campagne de Belgique, Castex contribua à la défense d’Anvers et reçut près de Liège sa quatrième blessure. Mis en disponibilité sous la Restauration, il reprit du service pendant les Cent-Jours. Il eut le commandement de la cavalerie du général Lecourbe dans le Jura et participa à la défense de Belfort (1815). Il fut replacé en non-activité au retour des Bourbons. Il vivait dans son château de Thanvillé quand il fut rappelé comme commandant de la 6e division militaire à Besançon (1817). Nommé grand officier de la Légion d’honneur (1820), il se vit octroyer le titre de vicomte en 1822. L’an suivant, il prit part à la guerre d’Espagne. À son retour, chargé d’inspections de cavalerie, il fut désigné député du Bas-Rhin (1824). A l’expiration de son mandat, Castex fut nommé commandant de la 5e division militaire, s’étendant sur toute l’Alsace (1826-1830). Après la Révolution de Juillet il fut relevé de son commandement, se retira à Thanvillé, s’y livra à l’agriculture et à l’élevage des chevaux. En 1833, élu conseiller général du canton de Villé, il fit commencer la construction des routes d’Eichhoffen et d’Urbeis qui devaient donner au val de Villé les débouchés qui lui manquaient. Son nom est gravé sur l’arc de triomphe de l’Étoile, son portrait exposé au musée des Invalides (salle de la Restauration). Grand officier de la Légion d’honneur, grand-croix de Saint-Louis, grand-croix de Saint-Ferdinand d’Espagne.
Archives de la famille de Castex (dépôt), Archives départementales du Bas-Rhin; J.A. Kramer, Tabella fundationum ecclesiae ad sanctum Aegidium, manuscrit inédit, 1846, Archives départementales du Bas-Rhin; A. de Sussy, Notice biographique sur M. le vicomte Castex, Paris, 1853 ; Th. Nartz, Le Val de Villé, Recherches historiques, Strasbourg, 1887 ; M. Castex, « Biographie de Bertrand Pierre, vicomte de Castex », Grand livre d’or de la famille de Castex, fin du XIXe s. ; Lieutenant Aubier, Un régiment de cavalerie légère de 1793 à 1815, Paris, 1888 ; Général baron de Marbot, Mémoires, Paris, 1891 ; Capitaine Parquin, Récits de guerre, Souvenirs 1803-1814, Paris, 1892 ; Général comte de Ségur, « De 1800 à 1812, un aide de camp de Napoléon » , Mémoires, Paris, 1894 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 287-288 ; Six : Dictionnaire biographique des généraux et amiraux… 1792-1814, Paris, 1934, I, p. 202 ; Dictionnaire de biographie française VII, 1956, col. 1386 ; G. Hirschfell, « Un grand soldat, Bertrand-Pierre de Castex », Annuaire de la Société d’histoire du Val de Villé, 1982, p. 34-36.
Jean Joseph (1985)