Gentilhomme français, physiocrate et jardinier (★ château de Butré, paroisse de Lezay, Deux-Sèvres, 1724 † Strasbourg 18.1.1805). Séjourna d’abord à Versailles en qualité de garde du corps. Devenu adepte, sous l’influence de Quesnay, de l’école physiocratique ; y joignit un esprit philanthropique à l’égard des classes malheureuses ; renonça à son droit d’aînesse pour se consacrer à l’art du jardinage ; s’établit en Touraine. Appelé en 1772 à Karlsruhe par le margrave Charles-Frédéric de Bade-Durlach (1746-1811) « le modèle des princes de son temps » gagné au système physiocratique. Attaché à la Chambre des finances, lié avec le baron d’Edelsheim, premier ministre, Butré écrivit à Turgot sur « l’utilité d’une statistique de la propriété foncière du royaume », étudia le morcellement des terres, l’élevage des bestiaux, la résistance des paysans aux innovations. Travailla sur les bailliages pour répartir sur le produit net l’impôt territorial et les impôts indirects, prépara « un tableau général des propriétaires » ; en 1778, releva le cadastre d’une trentaine de villages. Joignit la pratique à la théorie, greffa les arbres fruitiers à la demande de la margravine, fit des jardins de Schwetzingen les plus beaux d’Allemagne. Vint fréquemment à Strasbourg, étudia les maîtres hermétiques (Nicolas Flamel…), fréquenta les milieux gagnés par le magnétisme (1779-1780) dont il étudia les effets au cours de ses voyages. Cultiva de ses mains sous les murs de la ville 20 arpents (1 500 toises de murs garnis d’espaliers), dut émigrer et retourna à Karlsruhe, revint après la Terreur, devint secrétaire de la nouvelle Société d’agriculture. Trouva son idéal dans le gouvernement de la Chine « cette grande, cette inaltérable société… marcher à grands pas vers la liberté chinoise ».
Pain économique et examen de la mouture et de la boulangerie, Francfort, 1767 ; Lois naturelles de l’agriculture et de l’ordre social, Neuchâtel, 1781 ; Manuel pour les agriculteurs et les propriétaires, Karlsruhe, 1786 ; repr. avec des notes et des augmentations, Les Nouvelles archives pour les hommes et les citoyens, par Schletwein, Leipzig, 1787 ; Taille raisonnée des arbres fruitiers, et autres opérations relatives à leur culture, Paris, 1793.
R. Reuss, « Un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le Margraviat de Bade. Charles de Butré, 1724-1805 », Revue d’Alsace, 1885, p. 289-310, 433-465 ; 1886, p. 169-215.
Georges Livet (1984)