(★ Niederhaslach vers 1450 † Rome 16.5.1506).
Jeune clerc au service du vicaire général, J. Burckhart abusa de la confiance que lui avait accordée son maître ; il falsifia des pièces officielles ; quand sa fraude eut été découverte, il prit la fuite et trouva dans le monde cosmopolite de la curie romaine un refuge où, d’une part, il s’assura l’oubli de sa faute et, d’autre part, il réussit à faire une carrière fort brillante. Il dut son ascension aussi bien aux emplois domestiques qu’il remplit auprès de deux cardinaux, du trésorier apostolique et du pape Sixte IV, qu’aux fonctions qui lui furent confiées à la Rote, où il travailla comme procureur et comme avocat. En 1478, quelque onze ans après avoir quitté l’Alsace, J. Burckhart avait pu se placer au niveau des personnages en vue de la cour pontificale. Acolythe et chapelain, il occupa les postes influents d’abréviateur et de protonotaire. Finalement, il devint maître des cérémonies et, peu de temps avant de mourir, évêque d’Orte Civita Catellana. Il avait profité de sa situation pour se faire conférer bien d’autres bénéfices dans son diocèse d’origine. Ses revenus lui permirent d’édifier un bel hôtel qui existe encore et qui a donné le nom de son bâtisseur – Burcardo de Argentina – à l’une des rues de la capitale italienne, le Largo Argentina. J. Burckhart dont beaucoup de clercs, désireux d’obtenir de Rome des provisions apostoliques ou des induits, sollicitaient le soutien, était le type achevé de ces « courtisans » dont les humanistes, Wimpheling en tête, dénonçaient les activités. Ce qui fit la célébrité de Burckhart, ce ne fut pas sa réussite, dont il avoua lui-même les débuts discutables dans une supplique de 1475, mais le journal, le diaire, qu’il tint sous le pontificat d’Alexandre VI car, de ce document, les historiens de la Renaissance ont tiré d’abondants renseignements.
Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 262-263 ; Neue Deutsche Biographie, t. 3, p. 34 ; L. Oliger, « Der pâpstliche Zeremonienmeister von Strassburg 1450-1506 », Archiv für elsässische Kirchengeschichte, 1934, p. 199-232 ; J. Wasner, « Eine unbekannte Handschrift des Diarium Burkardi », Historisches Jahrbuch, 1964, p. 300-311 ; I. Walter, Burckard Johannes, Dizionario biografico degli Italiani, 15, 1972, p. 403-408 ; F. Rapp, Réformes et Réformation à Strasbourg, Paris, 1974, p. 229-230.
Francis Rapp (1984)