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BUCK Karl

Commandant du camp nazi de Schirmeck (★ Stuttgart 17.11.1893 † Rudersberg 11.6.1977). Études au lycée de Stuttgart. Promu lieutenant au cours de la première Guerre mondiale. Ingénieur dans plusieurs sociétés en particulier la Gildemeister de Brême pour laquelle il œuvra au Chili de 1924 à 1929. Amputé de la jambe gauche des suites de blessures de guerre, il fut amené à changer de carrière à une époque où sévissait la crise économique mondiale. Inscrit au Parti national socialiste en 1931, il sollicita l’entrée dans la Gestapo en 1933. Au service de la Gauleitung du Wurtemberg, il devint chef du camp des internés politiques du Wurtemberg à Ulm (1933-1935). Chef du bureau d’internement préventif à la Direction de la police d’État jusqu’en 1940. Chargé en juillet 1940 par la police de sécurité d’installer un « camp de sécurité » – appelé parfois « camp de rééducation » – Schirmeck-La Broque (Vorbruck) dont il fut le commandant jusqu’à son évacuation en novembre 1944. Les survivants l’ont décrit comme un homme d’une grande cruauté et des faits horribles lui ont été reprochés. Buck a entièrement organisé la vie du camp : triage des internés, police, ravitaillement, etc. Le camp est devenu « l’antichambre » des camps d’extermination, pour reprendre l’expression de Robert Heitz ©, en particulier celui du Struthof situé à quelques lieues. Le rapport du 22 juillet 1943 établi par le chef de la sûreté de Strasbourg affirme que 9110 personnes ont été internées à Schirmeck du 1er janvier 1941 au 30 juin 1943. Selon le journaliste Jacques Granier « le total de 15 000 Alsaciens sous les griffes de Buck paraîtra[-t-il] à certains au-dessous de la vérité ». Buck s’enfuit du camp dans la nuit du 20 au 21.11.1944 lors de la Libération de l’Alsace. Il a été condamné à mort deux fois : en mai 1946 par un tribunal militaire anglais pour avoir assassiné sans jugement des agents du S.A.S. et en janvier 1953 par le tribunal militaire français de Metz. Interné à la maison d’arrêt de Loos (Nord), il réussit à sauver sa tête. L’opinion publique alsacienne s’interrogea sur les raisons de son élargissement en 1955 et sur les éventuelles interventions en sa faveur. Buck se retira auprès de sa femme à Rudersberg, non loin de Stuttgart.

R. Heitz, À mort (souvenirs), Paris, 1946, p. 55-58 avec un portrait de Buck ; J. Granier, Schirmeck. Préface de Robert Heitz, Strasbourg, 1968 ; J. Schaetzle, Stationen zu Hölle : Konzentrationslager in Baden und Württemberg 1933-1945, Röderberg, 1974 ; P. Schaeffer, l’Alsace et l’Allemagne de 1945 à 1949, Metz, 1976.

(1984)