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BUCHECK (BUCHEGG) Berthold de

Evêque de Strasbourg († Molsheim 23.11.1353).

Bucheck entra dans l’ordre teutonique où déjà son père, le comte Henri de Bucheck, localité proche de Soleure, s’était fait admettre à la fin de sa vie. D’importantes fonctions lui furent confiées, en particulier à Coblence, dont il dirigea la commanderie. La faveur de l’empereur Henri VII qui protégeait Mathias de Bucheck, le frère cadet de Berthold, ne fut sans doute pas étrangère à la nomination de ce dernier à l’évêché de Spire en 1328, puis à Strasbourg, six mois plus tard. Les chanoines de Strasbourg ne firent pas bon accueil à Bucheck que le pape avait désigné car ils avaient élu le prévôt du chapitre cathédral, Gebhart de Fribourg. Ils ne furent pas insensibles aux arguments sonnants et trébuchants qu’utilisa Conrad de Kirkel pour les gagner à la cause de Bucheck. Celui-ci prit au sérieux sa mission et s’efforça de raffermir la discipline cléricale. Il enjoignit aux clercs qui détenaient un bénéfice de se faire ordonner. Les chapitres, dont beaucoup de membres étaient concernés par cette décision, se coalisèrent pour en imposer l’annulation. L’impopularité de Bucheck grandit encore quand l’évêque imposa son neveu comme prévôt du chapitre cathédral. Conrad de Kirkel qui se croyait endroit de faire la loi dans le diocèse parce qu’il avait facilité l’avènement de l’évêque, jugea le moment venu de montrer clairement qu’il était le véritable maître. Des hommes de main enlevèrent Bucheck qui ne fut relâché qu’après avoir donné gain de cause à son ravisseur (1338). Il fallut à Bucheck beaucoup de persévérance pour rétablir son autorité. Des statuts furent édités en 1341 et complétés, quatre ans plus tard, devant les clercs réunis en synode. De lourdes contributions furent levées par l’évêque. Il en consacra le produit pour une part à la fortification de Boersch, Châtenois et Dambach. Dans le conflit qui mettait aux prises Louis de Bavière et la papauté, Bucheck prit, jusqu’en 1339, parti contre le souverain. Il se sépara, sur ce point, de Strasbourg qui, plutôt que d’abandonner le camp de Louis, subit l’interdit fulminé par le Saint Siège contre les partisans de l’empereur. Finalement, B. lui- même accepta de se rallier à Louis. L’épiscopat de Bucheck fut assombri par la peste noire. La crainte de ce fléau raviva l’antisémitisme qui s’était manifesté déjà en 1338 ; en 1349 de très nombreux juifs furent brûlés. Les Flagellants firent leur apparition peu de temps après ; loin d’écarter l’épidémie, leurs processions ne purent qu’exacerber l’émotion populaire. Bucheck, qui semble avoir été sincèrement pieux, fit élever à la cathédrale la chapelle Sainte-Catherine et transformer la tombe qu’il s’était destinée en un saint Sépulcre où les espèces présanctifiées devaient être déposées le Vendredi Saint. Mathias de Neuenburg, chanoine de Lautenbach, conseiller juridique de Bucheck, écrivit sa biographie.

E. Leupold, B. von Buchegg, Bischof von Strassburg, Strasbourg, 1913 ; Historisch-biographisches Lexikon der Schweiz, 2, Neuchâtel 1924, p. 387 ; Ch. Amann, Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, 10, 1936, c. 1025-1026 ; L. Pfleger, Kirchengeschichte der Stadt Strassburg im Mittelalter, Strasbourg, 1943, p. 106 et s.

Francis Rapp (1984)