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BRUNSCHWIG Jérôme

Chirurgien et apothicaire strasbourgeois (? ? † 1534). On ne sait à peu près rien d’autre de sa vie, sauf qu’il participa, armé d’une hache, c’est-à-dire en combattant, aux expéditions militaires des Strasbourgeois contre Charles le Téméraire entre 1469 et 1479, alors qu’il appartenait à la corporation des barbiers et baigneurs. Des études à Paris, à Bâle et en Italie sont des suppositions sans preuves. Il est l’auteur de quatre ouvrages majeurs publiés tout d’abord à Strasbourg par les soins de J. Grüninger ©. Dis ist das Buch der Cirurgia, Hantwirchung der Wundartzny, 1497 ; Liber de arte distillandi de simplicibus, das Buch der rechten Kunst zu distilieredie eintzigen Ding, 1500 ; Liber pestilentialis de venenis epidimie, das Buch der Vergift der Pestilentz, 1500 ; Liber de arte distillandi de compositis, Das Buch der waren Kunst zu distilliren die Composita und Simplicia und das Buch Thesaurus pauperum, ein Schatz der Armen, 1512. Il écrivit en allemand, malgré les titres latins, pour mettre ses écrits à la portée du peuple. Non seulement il semble avoir tenu boutique d’apothicaire au Marché-aux-Poissons, mais, à en croire Laurent Fries, Brunschwig avait par ailleurs une activité d’apothicaire ambulant, dans les campagnes alsaciennes. Une grande partie de la pharmacie, à la fin du Moyen Age, était d’ailleurs aux mains des chirurgiens. Son œuvre connut un grand nombre d’éditions et elle vaut surtout par son iconographie, universellement diffusée. Des recherches récentes prouvent cependant que Brunschwig a abondamment compilé et plagié non seulement les ouvrages chirurgicaux antérieurs allemands, mais également Guy de Chauliac et l’Italien Salicet. Dans ses traités sur l’art de distiller qui ne sont pas sans résonance alchimique, Brunschwig décrit en détail les instruments et procédés de distillation employés pour les nombreuses eaux distillées qu’il cite ; il insista sur la possibilité pour tout un chacun s’il est loin de la ville, dans un château ou à la campagne, de les préparer et ainsi de pouvoir se soigner jusqu’à ce qu’on puisse lui procurer un médicament ou qu’un médecin puisse le visiter. Il énumère aussi les différentes plantes, avec leurs caractères, leurs époques de récolte, et les propriétés thérapeutiques des eaux distillées qu’elles fournissent. La plupart du temps une reproduction de la plante illustre le texte ; l’exécution est assez primitive, ce dont l’auteur est conscient, comme il le dit lui-même. Enfin on y trouve des médicaments composés comme les quinte-essences, préparés à partir de simples, de miel, de sang, d’œufs d’antimoine, de plomb, d’urine, etc., des formules de baume et d’or potable. Ses sources sont proches de certains alchimistes comme Raymond

Lulle et Rupescissa. Reflétant, certes, la connaissance des travaux des prédécesseurs,
mais aussi le fruit de l’expérience, la Cirurgia – divisée en sept traités – bénéficia d’un succès considérable. Dans les lésions de la moelle cervicale. Brunschwig avait remarqué la perte de la motricité et de la sensibilité. Pour l’extraction des corps étrangers métalliques de l’œil, il utilisait déjà un aimant naturel. Les lésions de la vessie étaient à son avis inguérissables, par suite de l’écoulement de l’urine dans la cavité abdominale. Conformément aux idées des Arabes, il opposait les plaies récentes aux plaies purulentes, anciennes. Touchant la chirurgie de guerre, Brunschwig préconisait l’élimination de la poudre – considérée comme toxique – au moyen d’un séton ; en l’absence de suppuration, il introduisait un drain formé par une couenne de lard. L’analgésie était pratiquée par une potion calmante (jusquiame, opium, mandragore, thériaque). Particulièrement remarquable par l’illustré en xylographies, la Cirurgia montre, en dehors d’une représentation anatomique imparfaite, de précieux documents sur l’ensemble des professions de santé (costumes, intérieur des boutiques, arsenal instrumental, etc.) L’illustrateur de la Cirurgia est inconnu.

A. Hahn, F. Dumaître et J. Samion-Contet, Histoire de la médecine et de la vie médicale, Paris, 1962, p. 41, 45, 65, 66, 67, 77, 78, 97, 150, 152 ; P. Huard et M.D. Grmek, Mille ans de chirurgie en Occident : Ve-XVe siècle, Paris, 1966, p. 58, 59, 60, 78 ; E. Wickersheimer, Dict. biogr. des médecins en France au M.A., réimpr. 1979, II, p. 508-509 ; P. Bachoffner, « Du nouveau à propos de Jérôme Brunschwig », Revue d’Histoire de la Pharmacie, n° 212, mars 1972, p. 32-33 (avec référence bibliogr.) ; D. Goltz, « Beziehungen zwischen Chirurgie und Pharmazie im M.A. » Pharmazeutische Ztg., du 16.2.1978, p. 278-284 ; E. Hickel und W. Schneider, « Quellen z. Gesch. der pharmazeutischen Chemie im 16. Jt » Pharmazeutische Ztg. du 9.1.1964, p. 51-57 ; J. Benzing, « Bibliographie der Schriften Hieronymus Brunschwigs », Philobiblon, 1968, p. 113-141 ; J.A. Mc Alister Hermann, « A diachronic descriptive analysis of an early new high German printed prose text, Hieronymus Brunschwig’s « Das Buch zu distillieren », Dissertation Abstracts International, 36, 1975-76, p. 5260 ; Dernières Nouvelles d’Alsace du 15.4.1975 ; A. Philipps, Anatomie, Chirurgie et obstétrique à Strasbourg au XVIe siècle, Strasbourg, 1977 ; H.E. Sigerist, Hieronymus Brunschwig and his work, New York, 1946 ; J. Frederiksen, « Brunschwig, Hieronymus », Die deutsche Literatur des Mittelalters, 1,  1978,  col. 1073-1075 ; Seyboth, Stbg hist. et pitt., p. 529. Est-il également l’apothicaire cité par Jean Rott, Annuaire de la Société des Amis du Vieux-Strasbourg, 1979, p. 20 – Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg, 12/43, 88 v° et 92 ro « … (der) Apoteker der da heiyst meyster Jeronimus an dem fischmarkt… » ? Pour ses œuvres éditées à Strasbourg, voir : Ritter,… ; M. Usher Chrisman, Bibliography of Strasbourg imprints 1480-1599, New-Haven et Londres, 1982 (Index).

Pierre Bachoffner et Théodore Vetter (1984)