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BRAYER Michel-Sylvestre (comte)

Général (★ Douai 29.12.1769 † Paris 28.11.1840). ∞ Marie Philippe Antoinette Françoise de Sales de Freyberg-Hopferau. Établi très jeune à Sélestat avec ses parents, il entra au service en 1785. Caporal au régiment suisse de Reinach en 1787, il était adjudant-major au 3e bataillon du Puy de Dôme en 1792 et capitaine en 1793. Devenu chef de bataillon en l’an VIII, il se distingua à Hohenlinden le 14.6.1800 et à Austerlitz le 2.12.1805, où il fut nommé colonel. Durant la campagne de Prusse de 1807, il commanda l’avant-garde du corps du maréchal Lefèbvre et se fit à nouveau remarquer par sa bravoure et son allant, à Marienwerder, Dantzig, où il fut nommé officier de la Légion d’honneur, et Heilsberg. Envoyé en Espagne en tant que général de brigade, en 1808, attaché au 5e corps, il donna de nouvelles preuves de son courage et de ses talents aux batailles de Burgos, où il fut fait commandeur de la Légion d’honneur, de Saint-Vincent, de La Corogne, d’Oporto et d’Albuera, où il fut grièvement blessé. Encore mal remis, il participa à la campagne de Saxe de 1813 et fut promu général de division après la bataille de Runtzlau. Il fut appelé au commandement de la brigade de Mayence, puis prit part avec sa division, à la bataille de Leipzig, du 15 au 18 octobre 1813, et au combat de Hanau. Après la campagne de France qu’il fit avec la même distinction, il fut mis en non-activité le 1.9.1814. Par la suite, décoré de la croix de Saint-Louis par Louis XVIII, il fut appelé, en janvier 1815, au commandement de la 1re subdivision de la 19e division militaire et à celui de la place de Lyon. Envoyé peu après dans l’Ouest pour y apaiser les troubles, il contribua pour beaucoup à la pacification de cette région. Après le retour de l’Empereur, il fut nommé successivement commandant d’une division de la Jeune Garde, gouverneur de Versailles et du Trianon, comte de l’Empire et pair de France. Au lendemain de la seconde Restauration, il fut prévenu du crime de haute trahison par une ordonnance du 24.7.1815 et condamné à mort par contumace par le 1er conseil de guerre de la 1e division militaire. Mais, dès les lendemains de Waterloo, il avait quitté la France et s’était réfugié en Prusse. Parti par la suite pour les États-Unis, il passa en Amérique du Sud où il forma et organisa en particulier, l’armée du gouvernement de Buenos Ayres. Entretemps, le général Brayer avait été compris dans la loi d’amnistie du 12.1.1816. Rappelé en France par ordonnance royale du 25.6.1821, il se vit réintégré dans tous ses grades, titres et honneurs, et admis à une pension de retraite. La révolution de juillet 1830 le rappela au service et le nomma, par ordonnance du 5 août, au commandement de la 5e division militaire et de la place de Strasbourg. Arrivé à Strasbourg dès le 9 août, il donna d’emblée une allure énergique et parfois même brutale, à l’installation dans la capitale alsacienne des nouvelles autorités de la monarchie de Juillet à ses débuts. En opposition ouverte avec le préfet Esmangart, il veilla par la suite sévèrement à l’ordre public, correspondait abondamment avec le gouvernement, donna régulièrement son avis sur la situation politique, les événements et les hommes, intervint personnellement dans les manifestations, déploya une activité de tous les instants dans tous les domaines, évolua au milieu des charivaris et des défilés, s’inquiéta des associations et des loges, surveilla réfugiés étrangers et libéraux autochtones, veilla avec attention au moral des troupes, et tout cela, en constante et totale coopération avec le préfet Choppin d’Arnouville. Le 20.12.1835 le général B. passait dans le cadre de réserve « avec la conviction d’avoir bien servi, mais avec le regret de n’avoir pas encore assez fait pour son pays et la dynastie de juillet ». Son départ fit la joie des Républicains qui relevèrent immédiatement la tête et recommencèrent à s’exprimer « avec plus de liberté et de hardiesse ». Le préfet Choppin d’Arnouville le vit partir avec regret, conscient que leur unité de vues avait assuré la tranquillité publique et sauvegardé la paix civile. Il n’hésita pas à lui écrire qu’« (il) emportait dans (sa) retraite les regrets de tous ceux qui, ayant eu le bonheur de (le) connaître, avaient su (l’) apprécier ». Une souscription fut ouverte pour lui offrir une épée d’honneur « doublement alsacienne, et par son origine, et par l’hommage qui la consacrait ». Le général B. quitta Strasbourg le 1.1.1836 pour Paris, où, le 23.6.1836, la députation du Bas-Rhin unanime, lui remit l’épée d’honneur qui avait été ciselée par le grand orfèvre strasbourgeois Kirstein père. (Journal du Haut et Bas-Rhin des 16.1., 6, 7 et 24.6.1836).

Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 222-223 ; Dictionnaire de biographie française, 7, 1956, col. 176.

Georges Foessel (1984)