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BRAUN Théo

Ancien syndicaliste, administrateur de sociétés (C) (★ Rombas, Moselle, 24.10.1920).

Fils de Théo Braun, soudeur, et d’Élisabeth Poinsot. ∞ 3.10.1947 Antoinette Deutsch. Théo Braun est entré dans la vie active immédiatement après l’école primaire. Il a commencé comme manœuvre dans une imprimerie en 1934, avant d’entrer dans une entreprise sidérurgique, l’UCPMI d’Hagondange. Après des cours du soir il devint dessinateur industriel dans la même entreprise en 1940. Militant de la Jeunesse ouvrière chrétienne (J.O.C.), Théo Braun a de ce fait adhéré à la C.F.T.C. en tant que délégué des jeunes. Il a participé aux grèves de 1936 : la cellule de la C.F.T.C. se composait alors de sept membres dans une entreprise de 7000 ouvriers. Pendant la période de l’occupation, Théo Braun s’échappa en zone libre et a vécu essentiellement à Lyon où s’était réfugiée l’équipe nationale de la J.O.C. À partir de 1941 Théo Braun a animé le service des réfugiés alsaciens et lorrains et édita un bulletin Entre-Nous tiré à 2000 exemplaires. Théo Braun est revenu en Alsace à la fin du mois de janvier 1945 avec le titre de « propagandiste national » chargé de reconstituer la J.O.C. Avec d’autres permanents, comme Paul Fritsch ou Eugène Kurtz ©. Cette activité aboutit à la résurgence et à la création de nombreux groupes jocistes, avec, notamment la réapparition du journal Jeunesse Ouvrière d’Alsace. Après de multiples démarches Théo Braun et Alice Walter obtinrent la création d’un autre régional de l’I.C.O. (Institut de Culture ouvrière), ancêtre lointain de l’Institut du Travail rattaché actuellement à l’Université Strasbourg III. La C.F.T.C. ayant été reconstituée en Alsace autour de Henri Meck ©. On fit appel aux éléments actifs de la J.O.C. et l’Assemblée générale du 7.9.1946 a porté Théo Braun au secrétariat général de la Fédération et de l’Union Régionale des Syndicats Chrétiens d’Alsace Henri Meck étant élu président. Lors du jubilé de l’implantation du syndicalisme chrétien en Alsace en 1952, Théo Braun en a précisé la doctrine : « Le syndicalisme chrétien repose sur la morale sociale chrétienne. Nous entendons réaliser un ensemble de transformations de la société, du régime économique, pour les rendre plus conformes aux droits et aux aspirations légitimes des travailleurs ». Il assumait alors la responsabilité de l’ensemble du mouvement syndical en Alsace et était vice-président confédéral chargé des questions sociales d’abord, puis économiques et internationales. Il s’occupait également de Sécurité Sociale. Ainsi s’expliquent ses nombreuses fonctions : présidence de la Caisse régionale d’assurance vieillesse des travailleurs salariés des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle (depuis 1945), membre du Conseil Supérieur de la Sécurité Sociale (1945-62), vice- présidence de la Fédération des organismes de la Sécurité Sociale (1946-1962), présidence de la Fédération nationale des organismes de la Sécurité Sociale (1946-1962), présidence de la Fédération nationale des organismes de la Sécurité Sociale groupant les personnes des caisses de Sécurité Sociale (1949). Vice-président national de la C.F.T.C. pendant 18 ans, Théo Braun était aussi membre du Conseil Économique et Social de 1950 à 1962. Il a été le promoteur du système de retraite complémentaire des travailleurs et notamment membre fondateur de l’UNIRS et de l’ARRCO. Il préside depuis l’Association bas-rhinoise d’aide aux personnes âgées (ABRAPA). L’évolution du syndicalisme chrétien autour de 1964 a été ressentie par T. Braun comme l’une des périodes les plus difficiles de sa carrière : l’Union Régionale avec Henri Meck voulait maintenir la référence à la morale sociale chrétienne, mais le Congrès national de la C.F.T.C. décida majoritairement de proclamer la C.F.D.T. Théo Braun accepta la décision nationale. En dépit de certains efforts la rupture syndicale s’installa en Alsace. A-t-elle entraîné des difficultés à Théo Braun sur le plan politique ? Encouragé par certains amis, dont le sénateur Paul Wach ©, il avait déjà accepté d’adhérer au M.R.P. en septembre 1955 et avait été élu conseiller municipal sur la liste d’Union pour le Renouveau de Strasbourg dirigée par Pierre Pflimlin © et Paul Wach le 8.3.1959 en qualité de « conseiller économique national, syndicaliste ouvrier ». Administrateur des Hospices Civils de Strasbourg depuis 1945, il fut élu vice-président en 1967, administrateur du Port Autonome en tant que conseiller municipal. En 1962 il fut élu conseiller général du secteur strasbourgeois de l’Esplanade et de la Krutenau et l’est resté jusqu’en 1976. Président de la commission des finances de l’assemblée départementale, il a été appelé à la vice-présidence du Comité pour l’Economie bas-rhinoise le 8.11.1969. Il fut également membre du Comité de financement attaché à la Commission de l’économie générale et du financement du commissariat général du Plan. Des observateurs politiques ont prétendu que Théo Braun pourrait être candidat aux élections législatives en remplacement de Henri Meck mais après la scission syndicale de 1964 ce dernier n’a plus favorisé cette candidature. Le MRP alsacien ayant rejoint le Centre Démocrate, Théo Braun (MRP) était l’un des membres fondateurs du Centre Démocrate, mais il a quitté cette formation en 1967. Pour autant il n’a pas cessé de s’intéresser aux problèmes d’actualité. Le comte Christian d’Andlau © qui avait siégé avec Théo Braun au Conseil Économique et Social l’a proposé en 1967 comme successeur à la tête de la Banque Fédérative du Crédit Mutuel en Alsace avec le titre de vice-président délégué de la Banque Fédérative et de la Fédération du Crédit Mutuel d’Alsace, de Lorraine et de Franche-Comté. Dès 1968, il fut appelé à la présidence de ces institutions et l’année suivante, à celle de la Confédération nationale du Crédit Mutuel. En 1962 il est membre du Conseil national du Crédit. Élu à la présidence de la Caisse centrale du Crédit mutuel en 1973. Il est président du Groupement des Coopératives d’Épargne et de Crédit de la CEE (1971 à 1981) et président de l’Union internationale Raiffeisen depuis 1981. Il fait également partie du Conseil supérieur de l’économie sociale et du conseil supérieur de la coopération. Dès lors Théo Braun a siégé dans de nombreux conseils d’administration : Compagnie d’Assurances Rhin et Moselle (1971-1982), Forges de Strasbourg (de- puis 1977), Union des coopérateurs d’Alsace (à partir de 1978). Théo Braun a pu être qualifié de « patron de presse » puisque Le journal L’Alsace, édité à Mulhouse, est passé sous le contrôle du Crédit Mutuel d’Alsace et de Lorraine en 1972. La société éditant le quotidien ayant été transformé le 17.6.1972 en société anonyme à directoire, Théo Braun en préside le conseil de surveillance qui comprend d’autres personnalités principalement liées au Crédit Mutuel ou à la Banque Fédérative. Théo Braun est à l’origine de la création de la société « L’Alsace-Havas Publicité ». Au mois de décembre 1982, la Banque Fédérative du Crédit Mutuel, déjà propriétaire de 95 % du capital du journal L’Alsace a pris une participation dans celui des Dernières Nouvelles d’Alsace (près de 20 % du capital) et a créé à Strasbourg la coopérative de presse Raiffeissen, (C.O..P.R.U.R.). Depuis 1978 Théo Braun est consul général honoraire du grand-duché du Luxembourg. Officier de la Légion d’honneur (1981) commandeur dans l’ordre national du Mérite (1984), officier du Mérite de la République fédérale d’Allemagne (1955), commandeur de l’ordre du Chêne (Luxembourg), chevalier de l’ordre de Saint Grégoire le Grand.

De Wissembourg à Sélestat, 50 ans de J.O.C. Témoignages recueillis par Charles Dillinger, Strasbourg, Équipes sociales d’Alsace, 1979, 358 p. ; Union Régionale des Syndicats chrétiens d’Alsace, Fédération des syndicats chrétiens d’Alsace et de Lorraine, 50 années de syndicalisme chrétien en Alsace et en Lorraine, Strasbourg, 1952, 54 p. ; 70 Jahre Sécurité Sociale in Elsass und Lothringen, Brochure des Équipes Ouvrières d’Alsace, Strasbourg, 1955, 80 p. ; B. Deck, J.L. Hirtler, A. Muller et C. Nachbar, Les élections municipales à Strasbourg, 1945-1971, Strasbourg, 1971, 203 p. ; Pennera, La C.F.T.C. en Alsace, Mémoire I.E.P. Strasbourg, 1970 ; Dernières Nouvelles d’Alsace des 14, 11 et 22.12.1982 et 8.8.1984. Le Monde des 22.3. et 24.6.1972.

Jean-Pierre Kintz (1984)


BRAUN Théo (complément)

† 2.5.1994. Dirigeant du Crédit Mutuel d’Alsace jusqu’en 1985. Président de l’Institut international des Droits de l’Homme (1988-1990). Ministre délégué chargé des personnes âgées dans le gouvernement Roccard (1988-1990).

« La mort de Théo Braun, ouvrier, syndicaliste, banquier et ministre », Le Monde, 4.8.1994

Philippe Legin (février 2017)