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BRAUN Jean Charles

Prêtre publiciste, (C), (★ Guebwiller 20.7.1820 † Einsiedeln 24.6.1877, inhumé à Guebwiller).

Fils de François-Xavier Braun, tanneur (★ 1769 † 1829), et d’Élisabeth Sommereisen (★ 1796 † 1860). Après avoir fréquenté l’école de l’abbé Axinger © (1832-1833), Ch. Braun poursuivit sa formation au collège de La Chapelle-sous-Rougemont (1833-1839) et au collège royal de Strasbourg avant d’entrer au séminaire en 1842. Ses condisciples furent l’abbé Charles Martin © et le futur Mgr. Freppel. Ordonné diacre en 1845, puis prêtre en 1846, il fit une première expérience d’enseignement à Strasbourg, puis s’occupa de l’aumônerie des Allemands de Paris, dans l’entourage des Picpusiens (1846/1847). De retour à Guebwiller, il entreprit de lancer un journal, l’Ami du Peuple (der katholische Volksfreund), dont le programme associait la défense du catholicisme et l’information générale, en s’inspirant des idées de Montalembert et en affirmant que la « religion et la liberté sont des sœurs jumelles ». Paraissant deux fois par semaine à partir du 1er janvier 1848, imprimée chez J.-B. Jung, à Guebwiller, cette publication allait devenir hebdomadaire en 1850 avant de changer de mains et de se fixer à Strasbourg en 1862. Sa diffusion paraît avoir été très efficace, surtout dans les campagnes : au début du Second Empire, l’Ami du Peuple était l’hebdomadaire le plus lu du Haut- Rhin ; on comptait 1 200 abonnés en 1850 et 6 000 lecteurs en 1862. Très tôt, sous l’impulsion de son directeur, il allait s’affirmer comme un organe contre-révolutionnaire, polémiquant avec le Républicain du Rhin, puis se ralliant, en février 1851, à des conceptions monarchiques. Son succès s’explique en grande partie par ses pages pratiques (sur l’agriculture notamment) et par l’emploi de l’allemand. Envisagé dès 1855, le retrait de l’abbé Braun tient à plusieurs raisons : les questions religieuses trouvent une meilleure tribune dans la Revue catholique de l’Alsace (1859) : à Guebwiller même, la situation sociale impose de nouvelles formes d’action. En poussant à la restauration de l’église Saint-Léger (à partir de 1849), Braun facilita la création d’une deuxième paroisse destinée à une population plus nombreuse du fait de l’industrialisation. En 1853, il établit une école de nuit catholique agrégée à l’école des frères, qu’il avait contribué à fonder un an plus tôt. Il s’efforça de promouvoir des salles d’asile et constitua une bibliothèque paroissiale forte de 2 000 volumes en 1873. Son œuvre la plus durable fut l’orphelinat Saint-Joseph, fondé à la suite du choléra de 1854 (1856) et agrandi en 1869/1873. Les initiatives de l’abbé Braun eurent pour cadre la rivalité du clergé catholique et des industriels guebwillerois, libéraux et paternalistes. À partir de 1867, et plus encore avant les élections de 1869, Braun orchestra une vigoureuse campagne contre ces derniers (polémiques dans le Journal de Guebwiller), tout en cherchant à renouer avec ses projets d’édition (fondation de l’imprimerie Sutter, à Rixheim). En 1874, les autorités allemandes saisirent la réédition de son recueil d’articles Katholischen Volksfreunds Hausbuch für Unterhaltung, paru une première fois en 1862, en l’accusant d’incitation à la haine sociale et au dénigrement d’une religion officielle. Condamné à six mois de prison (7.9.1874), Braun choisit l’exil, à Paris d’abord (orphelinat d’Auteuil) puis, en novembre 1876, à Einsiedeln. L’activité littéraire de l’abbé Braun se traduisit par deux ouvrages fort différents, tous deux parus en 1866 : les Légendes du Florival dont le sous-titre, La mythologie allemande dans une vallée d’Alsace définissent assez bien le propos, sans rendre compte du minutieux travail de collectage réalisé, et les Bölchenglöchchen, sous-titrées Elsässisches Liederbuch, qui rejoignent une inspiration populaire. Par son talent de journaliste, par ses qualités d’écrivain, par ses réalisations guebwilleroises, l’abbé Braun est l’une des grandes figures de la reconquête catholique sous l’épiscopat de Mgr. Raess.

Légendes du Florival ou la mythologie allemande dans une vallée d’Alsace, Guebwiller, 1866 (2 éditions) ; Bölchenglockchen. Elsässisches Liederbuch, Guebwiller, 1866 (réédité en 1872 et 1874) ; Hausbuch des Katholischen Volksfreunds, Guebwiller, 1862, réédité en 1873 sous le titre Hausbuch für Belehrung und Unterhaltung.

P. Leuilliot, La Presse et l’Histoire. Notes sur la presse en Alsace sous la Seconde République et le Second Empire, Strasbourg, 1961. Cetty, Vie et œuvres de M. l’abbé Braun, Rixheim, 1878 ; A. Morgenthaler, « Une lettre inconnue d’Ignace Chauffour à l’abbé Ch. Braun (1866) », RCA, 1925, p. 290-294 ; E. Cl. Scherer, Carl Braun, Ein Priesterleben im Dienste der Jugend und Heimat, Guebwiller, 1929 ; Biographisches Staat handbuch, Bern, 1959-1960, 1, p. 153.

Georges Bischoff (1984)