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BRAUN Edmond

Syndicaliste (★ Oberbetschdorf 12.9.1884 † Haguenau 26.2.1966).

Fils de Philippe Braun, potier, et de Marie Messner, originaires tous les deux d’Oberbetschdorf. ∞ 13.4.1920 à Oberbetschdorf Marie Joséphine Haas, fille d’Émile Haas, tonnelier à Breitenbach, et de Marie Peter. Il devint potier comme son père, mais à une époque où l’industrialisation bouleversait les techniques de fabrication. Il s’est expatrié avec d’autres compagnons au début du XXe siècle et a travaillé à Arcis-sur-Aube pendant deux ou trois ans. Il partit en Suisse et devint coiffeur dans les stations touristiques. Un philanthrope de son village lui offrit la possibilité d’étudier pendant un an à l’école des Arts décoratifs de Strasbourg (Kunstgewerbeschule). Il ne réussit pas à s’installer à son propre compte et reprit le métier de coiffeur à Carspach, établissement du Sonnenberg. Son père avait déjà été responsable local d’une association appelée Volksverein et dont le siège se trouvait à Moenchen-Gladbach (Allemagne). Elle s’inspirait de l’encyclique Rerum novarum et qui s’occupait de l’amélioration du sort des ouvriers par l’encouragement à l’épargne, la diffusion de brochures, la formation de militants sociaux. Connu par Henri Meck © qui relança après la première Guerre Mondiale le mouvement chrétien social, Ed. Braun adhéra au syndicat indépendant U.G.B. et devint permanent du syndicat dès 1920 grâce à ses connaissances du français. Il était le secrétaire du syndicat chrétien en fonction à Haguenau, unique sous-secrétariat fonctionnant dans le département. Braun a exercé sa vie de militant syndicaliste chrétien en s’occupant essentiellement des ouvriers de l’industrie du feu : verreries et cristalleries (Meisenthal, Goetzenbruck, Wingen sur Moder, Hartzviller), pétrole (Pechelbronn), poterie (Betschdorf), faïence (Sarreguemines), bois (forêt de Haguenau), briques (Seltz). Il s’est également intéressé au sort des mineurs de charbon de Merlebach, des prolétaires des entreprises de la région à Schweighouse (papier) et Drusenheim (textile), des ouvriers municipaux, du personnel hospitalier, des ouvriers de La Walck (chaussure) et de Wissembourg (fabrique de chaises). Des expériences malheureuses (tel l’échec de la grande grève des potiers à Oberbetschdorf avant 1914) et la concurrence inhibèrent les efforts des syndicalistes chrétiens à Reichshoffen (usines de Dietrich), à Bischwiller. Avec le Dr Thielé et Henri Meck, il aida Joseph Klock © à créer une coopérative ouvrière : la verrerie de Hartzviller. Les syndicalistes et les ouvriers recueillirent par des quêtes dans les villages une partie du capital nécessaire au démarrage de l’usine. Braun avait de fréquents contacts avec les responsables parisiens du bureau confédéral de la C.F.T.C., mais aussi avec ceux de l’« Organisation internationale des syndicats chrétiens de la céramique et du verre », dont le siège était à La Haye. Son activité syndicale l’amena à siéger au conseil administratif de la Caisse de maladie de Haguenau et à devenir membre du comité d’administration de l’Institut d’assurances vieillesse et d’invalidité d’Alsace-Lorraine. Lié à l’abbé Gromer ©, il signa en 1926 le Manifeste du Heimatbund. Replié à Plombières en 1939, il reprit le métier de coiffeur. Pendant la guerre, après son retour à Haguenau, il fut auxiliaire de bureau. Membre du comité de la section locale du MRP de 1948 à 1959.

Le Nouvel Alsacien du 2.3. 1966, article nécrologique de Jules Ernst ; Der Elsässer, du 7.6.1926.

Jean-Pierre Kintz (1984)